“Je suis végétarien depuis que je suis né, car mes parents l’étaient.” Installé à l’À-Te-Lier, en plein centre de Nice (Alpes-Maritimes), le chef engagé Jefte Alves mise sur un positionnement atypique pour séduire les Niçois et les touristes : la cuisine végétarienne du Brésil et du monde. Avec un panier moyen à 8 € pour les entrées et 15 € pour les plats, la carte élaborée par le chef se compose de plats traditionnels brésiliens revisités, comme la moqueca ou la feijoada.
“Je fais tout moi-même – même le seitan, alternative végétale à la viande”, explique-t-il. Et il ne compte pas en rester là, car il ambitionne d’adapter des recettes locales : “Je veux faire une daube niçoise. Beaucoup de clients viennent grâce à des applications dédiées aux végétariens, et j’aimerais leur faire découvrir les spécialités locales.”
Un parcours atypique
Le parcours du chef, âgé de 37 ans, est aussi atypique qu’inspirant. “Mon arrivée en France est une histoire très rocambolesque”, confie-t-il. En 2006, à l’âge de 18 ans, après une tentative d’entrée en Angleterre avec un faux passeport, il est expulsé vers Paris. “Menottes, centre de détention… c’est comme ça que je suis venu en Europe.” Grâce à l’aide d’un traducteur, il parvient à négocier pour rester temporairement et commence à travailler avec un de ses proches dans le BTP.
Son travail le mène à Méribel, puis à Nice, où il rencontre la mère de son fils. Le couple se lance alors dans une procédure pour obtenir un titre de séjour, mais la préfecture refuse, et Jefte fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire (OQTF). Revirement de situation : en 2008, il remporte un bras de fer juridique contre la préfecture. “Mon affaire a fait jurisprudence”, ajoute-t-il.
Pendant 18 ans, il enchaîne alors les chantiers à Nice et à Monaco, tout en cultivant sa passion pour la cuisine végétarienne : “Ma passion s’est transformée en métier. J’ai d’abord participé à un festival de musique brésilienne en tant que traiteur, et les demandes se sont enchaînées pour d’autres festivals, mais aussi pour des hôtels et même des sportifs.”
Aujourd’hui, faute de capital, le restaurant n’ouvre que les vendredis soir et les samedis toute la journée. Jefte Alves continue de jongler entre le BTP et la cuisine. “Mon ambition est d’ouvrir le restaurant tous les jours, de faire de la cuisine mon activité principale et de développer l’offre catering. À long terme, je vise même l’ouverture d’un restaurant à mon nom”, confie-t-il.
Publié par Anne LOMBARDO