Ces restaurateurs qui rentrent avec succès “au pays”

Le nomadisme professionnel est une expérience que beaucoup de restaurateurs vivent en début de carrière. Il faut aller chercher le travail là où il est et accepter de partir pour accrocher à son palmarès de grandes maisons avant que l’envie de renouer avec ses origines ne se manifeste parfois.

Publié le 17 juillet 2025 à 10:30

“Si les clients ne connaissent pas la grand-mère de ta grand-mère, cela devient vite compliqué à Dieppe”, s’amuse à peine Franck Cadiot qui, après de lointaines transhumances professionnelles, vient d’ouvrir son affaire dans la ville qui l’a vu naître et grandir. “À 52 ans, cela fait tellement de bien de rentrer à la maison. Je travaille avec ma compagne, Fanny Allain, et un proche, Marc Mury, une figure du commerce local qui connaît beaucoup de monde sur la côte d’Albâtre. Nos relations s’additionnent. On les entretient avec une forte visibilité sur les réseaux sociaux. Nos amis ramènent leurs amis. Nos fournisseurs sont de vielles connaissances. C’est chaleureux et familial”, explique le restaurateur qui conçoit qu’un Parisien puisse avoir plus de difficultés à s’intégrer dans la ville aux quatre ports qu’un natif.

Un constat que confirme l’expert en restauration du cabinet Gira, Bernard Boutboul : “Un enfant du pays sera accueilli les bras ouverts. Mais il ne suffit pas de connaître le maire et d’avoir des copains d’enfance pour remplir un restaurant à l’année. Dans ce contexte, ceux qui ont acquis une notoriété avant de revenir auront un large avantage. Leur restaurant pourra devenir un lieu de destination avec des clients disposés à faire 50 km pour venir s’attabler. J’ai connu des chefs qui avaient le couteau sous la gorge avec des établissements de 80 places dans une grande agglomération. Au pays, avec une vingtaine de couverts, ils s’en sortent avec une meilleure vie familiale, amicale et plus de repos !”

 

50 % de mes clients viennent de loin”

À 26 ans, le CV d’Adam Blondeau est long comme le bras. Le cuisinier est passé chez Marc Veyrat, Christopher Coutanceau, Glenn Viel, Loïc Villemin et même Maxime Gilbert à Hong Kong ! “L’obsession de l’ailleurs, c’est l’impossibilité de l’instant”, écrivait Cioran. Pour autant, le jeune chef n’a jamais renoncé à l’idée de revenir sur sa terre natale. “Plus jeune, lorsque je revenais à la maison, j’étais perturbé pendant deux semaines. Je me sentais bien. La famille, les amis, ce sont mes repères. J’étais inspiré par les odeurs de mon enfance, la vue sur la Creuse de la maison de mon père à Saint-Chartier [Indre] que j’ai toujours voulu transformer en restaurant”, raconte le jeune talent. C’est pourtant à Châteauroux, la préfecture du département, qu’il ouvre, en septembre dernier, Orbys. “Beaucoup de gens me disaient que j’avais eu du courage de “revenir dans ce trou”. J’y pensais depuis huit ans. Être un enfant du pays est un avantage, même si deux banques sur quatre ont refusé de me financer. Au début, les amis d’enfance, les clients de mon père m’ont aidé à démarrer. J’ai eu de beaux retours dans la presse régionale, avec quatre articles dans les pages de la Nouvelle République. Aujourd’hui, 50 % de mes clients viennent de loin, de Paris ou Limoges pour l’expérience”, constate Adam Blondeau, dont les objectifs d’activité sont conformes à ses prévisions.


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Publié par Francois PONT



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