Saisonniers : le casse-tête du logement

Var Dans la région Paca, où le prix du foncier atteint des sommets, héberger les saisonniers est un problème complexe pour les employeurs, notamment dans le golfe de Saint-Tropez.

Publié le 14 mai 2014 à 14:08

Si de nombreux établissements du littoral varois sont ouverts à l'année, d'autres ne travaillent qu'en saison, de la mi-avril jusqu'à la Toussaint, notamment dans le golfe de Saint-Tropez. Chaque année revient la problématique du recrutement et avec elle, la question du logement du personnel saisonnier.

Dans une région où le prix du foncier atteint des sommets, proposer un logement est devenu impératif pour espérer attirer des salariés. Jean-Pierre Ghiribelli, président de l'Umih 83, constate : "Il n'y a pas assez de gens formés à nos métiers dans notre région, nous sommes obligés de les faire venir d'ailleurs. Ceux qui n'ont pas la possibilité de loger leur personnel doivent faire face à de grosses difficultés de recrutement". Les employeurs proposent donc des logements au personnel qui se recrute le plus difficilement dans la région : cuisiniers surtout, mais aussi chefs de rangs, réceptionnistes parlant plusieurs langues, alors que femmes de chambres et veilleurs de nuit sont plus facilement recrutés localement.


Un coût à prendre en compte pour l'entreprise

Olivier Valentin, directeur du Mas de Chastelas à Gassin, connaît bien la situation. "Il y a beaucoup d'entreprises saisonnières dans le golfe de Saint-Tropez, cela ajouté à la pression foncière énorme, le logement des saisonniers est un véritable casse-tête pour les hôtels et restaurants." Une structure a bien été mise en place à Sainte-Maxime depuis 2006 (lire encadré), mais elle reste éloignée, en temps de circulation, de Saint-Tropez. Le Mas du Chastelas loge une dizaine de salariés sur place : une villa est dédiée au personnel au sein du domaine et des appartements sont loués à Cogolin. Un coût compris entre 600 et 900 € par mois et par employé à la charge de l'employeur.

À La Villa Belrose à Gassin, 75 % de l'équipe est logée, ce qui représente un coût de 10 000 € par mois pour l'entreprise. La plus grosse difficulté : trouver des logements dans le parc privé, à proximité de l'établissement, obtenir la confiance du bailleur et impliquer l'occupant pour retrouver en fin de saison un logement en bon état.

Les directeurs des deux établissements ont un point de vue similaire. "Les bailleurs privés en font un business ! Du moment où un appartement est loué par la Villa Belrose, les prix flambent", confie Robert van Straaten, directeur de l'établissement. "Il faut réussir à avoir une bonne réputation en tant que loueur, sinon cela devient très compliqué. Il faut fidéliser le bailleur, éviter les dégradations pour que celui-ci ait envie de renouveler la location l'année suivante", explique Olivier Valentin.
 

Posséder ses propres logements

La situation est moins crispée pour les entreprises familiales qui ont pris en compte le problème du logement il y a de nombreuses années, bien que ce soit un avantage en nature concédé à l'employé à la charge de l'entreprise. Ainsi à Giens, Benjamin Piffet, gérant de l'hôtel Le Provençal explique : "Déjà en 1957, mon grand-père, fondateur de l'établissement, avait pris en compte ce problème en achetant des appartements en face de l'hôtel." Ce qui permet aujourd'hui encore de loger dix salariés en chambres individuelles.

De même à Fayence, Hermance Carro, gérante du restaurant Le Castellaras, détaille : "Une location saisonnière en été, c'est au moins un coût de 500 € pour l'employé. Proposer un logement, c'est aussi pour nous, employeurs, pouvoir aller chercher les profils avec les compétences exigées." Le restaurant embauche jusqu'à 16 salariés en pleine saison. Trois appartements dans la bastide familiale permettent de loger jusqu'à six personnes, des saisonniers en été, des stagiaires de l'école hôtelière le reste de l'année.

Au coeur de la cité tropézienne, les restaurants de La Pesquière, qui existent depuis plus de cinquante ans, comptent jusqu'à 25 employés en haute-saison, avec des renforts supplémentaires en juillet et août. Si l'employeur trouve des extras localement, au fil des années, la famille Cadel a acheté des studios et appartements dans la ville pour loger gratuitement ses saisonniers.

Responsabiliser le personnel

Toutefois, nombreux sont les employeurs qui, en fin de saison, déchantent. "Proposer un logement gratuit, c'est aussi déresponsabiliser le salarié et ouvrir la porte aux dégradations. Il vaut mieux demander une participation pour impliquer l'occupant", conseille Jean-Pierre Ghiribelli.

Alexandra Perbet, directrice de l'Hôtel du Castellet, opte pour cette solution. "Nous le responsabilisons en lui demandant un loyer de 300 €, ce qui reste honnête par rapport aux tarifs pratiqués dans la région." L'Hôtel du Castellet est installé au coeur d'un immense domaine, qui compte une résidence avec 44 studios équipés destinés à loger une trentaine de saisonniers. "C'est sécurisant pour les mineurs qui n'ont pas le permis et c'est aussi un tremplin pour les plus jeunes vers un début de vie indépendante."

D'autres, s'ils continuent de proposer le logement gratuit, ont mis en place une procédure d'accueil pour briefer le personnel en début de saison. Ainsi, au Provençal (Giens), depuis un an, une caution est demandée avec un état des lieux minutieux. Même démarche du côté du Mas de Chastelas qui a mis en place une procédure d'accueil. "On essaie de fidéliser les équipes d'une année sur l'autre, d'une part pour faciliter le recrutement mais aussi pour s'assurer du bon comportement dans le logement", commente Olivier Valentin. "Il faut surveiller, s'assurer que tout se passe bien, faire attention qu'ils ne soient pas trop nombreux dans le logement, sinon ils se sentent moins responsables. C'est lourd à gérer, surtout en début de saison quand il faut installer tout le monde", confie le directeur du Mas de Chastelas.

"Les professionnels réclament des solutions depuis longtemps ! Il est impératif que le logement soit à proximité, les temps de déplacement sont trop longs en été. Il nous faudrait une structure comme à Sainte-Maxime mais à Saint-Tropez, avec du volume, car il y a un très grand nombre de saisonniers sur la commune", conclut Robert van Straaten.


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Publié par Marie TABACCHI



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