Restauration de plage, une activité aux enjeux multiples

Le restaurant de plage est le parent pauvre de l'industrie touristique. Il a pourtant un rôle clef dans nos stations balnéaires que la Fédération Nationale des Plages Restaurants souhaite valoriser.

Publié le 05 juillet 2012 à 11:32

Intégrés au sein d'une Fédération Nationale des Plages Restaurants (FNPR), les restaurants de plage multiplient les projets : adhérer à l'Umih au niveau national, mettre en place un classement… Ils sont ainsi de plus en plus nombreux à adopter la marque Qualité Tourisme, pour plus de visibilité et de crédibilité au niveau national et international. C'est aussi le moyen d'obtenir plus de reconnaissance auprès des autres professionnels du secteur touristique. Dans la même optique et pour plus de transparence, la FNPR planche sur la création d'une nouvelle classification : 'Les Bouées' pour différencier les plages familiales des autres villégiatures.

Au-delà de l'activité de restauration, l'emplacement des restaurants de plage leur impose de jouer un rôle en matière de prévention, de développement durable (voir encadré 1) et au niveau de la vie locale. À Cavalaire Sur Mer, les plagistes ont créé l'Association Syndicale des Plages Municipales, présidée par Yves Nicoletta de la plage Wapiti. La création de cette association a eu lieu en même temps que les élections municipales en 2008. "Nous y avons vu l'occasion de faire entendre notre voix, et de s'impliquer sans la vie communale", déclare Yves Nicoletta, également vice-président de la FNPR. "Même si la Fédération tente de jouer un rôle au niveau national, les évolutions sont limitées par les différents ministères, il fallait donc tenter de jouer un rôle au niveau local.", ajoute-t-il.

Dans cette commune varoise, les plagistes organisent chaque année en juillet et en août le défi de la Baie, course de natation qui a réuni l'an dernier 80 participants. L'objectif des plagistes est bien ici de "faire vivre la plage autrement que par l'argent". Les plagistes sont aussi de plus en plus nombreux à proposer des animations le soir avec DJ. Les restaurants de plage rencontrent en fait les mêmes problématiques que les restaurants traditionnels, auxquelles s'ajoutent les questions environnementales, comme l'érosion, les tempêtes, le respect de normes environnementales, et surtout du décret plage de 2006.

Un décret plage inadapté

Si les restaurants de plage sont intégrés en termes statistiques dans l'activité des restaurants, ils sont pourtant régis par les ministères du Tourisme et le ministère de l'Écologie, du Développement Durable et de l'Énergie. Ils sont également soumis à un décret qui a totalement transformé leur activité et mis en danger leur pérennité : le décret n° 2006-608 du 26 mai 2006 relatif aux concessions de plage, ou décret plage. Ce décret crée une instabilité économique pour les restaurateurs qui ne sont pas assurés de poursuivre leur activité sur le long terme, les concessions étant renouvelées au maximum pour douze ans. Cela met un frein à toute volonté d'investissement, de rénovation ou d'embellissement des restaurants.

À Cannes, les concessions du Boulevard du Midi doivent être renouvelées en janvier 2013. Le décret plage sera donc applicable, et cela implique que les 9 plages du boulevard seront démolies avant d'être reconstruites en structures démontables. Plusieurs d'entre elles ne pourront pas être reconstruites faute de fonds. La question du démontage imposé chaque saison pose pourtant une question environnementale : 10 semi-remorques sont nécessaires lors du montage/démontage d'une plage… Pour Jean-Claude Moreu, propriétaire de la Plage des Jumeaux à Pampelone (Ramatuelle) et Vice Président de la FNPR, la solution serait de mettre en place des "structures démontables avec normes HQE, cahier des charges très lourd… mais sans démonter systématiquement".

Les restaurateurs déplorent surtout que le décret n'instaure pas de différence entre les différentes façades maritimes. Les plages de Méditerranée sont ainsi soumises aux mêmes règles que celles de la façade atlantique là où "les surfaces, la clientèle et la culture sont pourtant très différentes". "Au sein de la FNPR, nous souhaitons une mise en place d'une spécificité des territoires", poursuit J.-C. Moreu.

Le constat est unanime chez les plagistes : le plus délicat, et finalement le plus destructeur en terme d'activité, est de respecter la règle des 20 % d'occupation en termes de linéaire et de surface, par commune et par plage. "Nous avons perdu 7 à 8 mètres de linéaire soit au moins 10 parasols et 30 à 40 couverts", déplore Yves Nicoletta. "Le problème se pose principalement pour juillet-août puisque le reste du temps, on n'occupe pas toute cette surface. Cela crée une distorsion par rapport aux restaurants qui sont situés en ville et qui doublent voire triplent leur terrasse en juillet-août", précise-t-il.

 
Véritable atout économique

Le constat n'est toutefois pas si sombre. Les restaurateurs de plage se réjouissent d'avoir une clientèle fidèle, parmi laquelle des locaux et des touristes qui ont leurs habitudes, leur table, leur matelas. Au Wapiti, la restauration représente plus de 50 % du chiffre d'affaires et la clientèle d'habitués constitue plus de 90 % des couverts. Tous ne louent pas de matelas : 20 à 40 % de la clientèle du restaurant fréquentent la plage publique.

Les communes ont de plus en plus conscience de l'importance de cette activité, en termes d'emploi, en termes économiques et en termes d'image. Bernard Brochand, député-maire de Cannes se dit totalement opposé à l'application du décret plage sur la Croisette : "Les plages de Cannes font partie du patrimoine cannois, il est hors de question de les laisser disparaître." Ce décret est une véritable absurdité"¸ poursuit-il. Selon Jean-Claude Moreu, 70 % de la clientèle étrangère qui séjourne dans la presqu'île de Saint-Tropez souhaite venir déjeuner sur une plage. "Les restaurants de plage sont essentiels pour l'image et l'économie de Saint-Tropez".

L'importance des plages se chiffre aussi et surtout en termes d'emploi : selon la FNPR, les restaurants de plage représentent 20 000 emplois. La mise en place du décret plage en met en péril un grand nombre sur la Côte d'Azur : "Dans les 5 années à venir, 3 ou 4 restaurants de plage de Pampelone devraient disparaître, alors que nous refusons chaque été des clients, faute de disponibilité", poursuit Jean-Claude Moreu. "Ouvrir à l'année permet de pérenniser les emplois et de garder nos bons employés", ajoute René Colomban, propriétaire de Blue Beach à Nice et président de la FNPR.

Les restaurateurs de plage multiplient par ailleurs les efforts pour loger les saisonniers. C'est le cas de J.-C. Moreu, qui loue chaque saison des appartements et des bungalows pour ses saisonniers. Un rendez-vous devrait avoir lieu prochainement avec Sylvia Pinel, nouvelle ministre du tourisme, pour échanger des points de vue sur ce décret si controversé, et pour illustrer l'importance des restaurants de plage pour l'économie des stations balnéaires.



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