Gouvernant(e)s : coup de balai sur les idées reçues

Les hôtels de prestige recherchent des gouvernant(e)s. Une fois formé, on est donc certain de trouver un emploi, à condition d'accepter d'être mobile. Formateurs et nouvelles recrues témoignent.

Publié le 08 mars 2012 à 11:06

"La première fois que l'on m'a parlé du métier de gouvernante, j'ai cru qu'il s'agissait de garder des enfants." Nadège Lecomte s'en souvient encore. Elle était alors étudiante en droit à l'université Paris II : "Je m'ennuyais à la fac et j'ai accepté un mi-temps auprès de la gouvernante générale du Montparnasse Parc Hôtel [actuel Méridien Montparnasse, NDLR] à Paris." Le métier lui a tout de suite plu. "J'ai été formée au fur et à mesure, en acceptant aussi les horaires décalés: j'ai tout fait, même les nuits." Pugnace, motivée et passionnée, elle a ainsi gravi les échelons, sans hésiter à partir travailler dix-huit mois aux Antilles ou encore en Corse. "Car la mobilité, dit-elle, est l'une des clés de la réussite dans le métier de gouvernante."

Ancienne gouvernante générale de l'hôtel Crillon (Paris, VIIIe), Nadège Lecomte travaille désormais au sein de Formation Audit Conseil hôtel (FAC), où elle forme notamment de futures gouvernantes. "Un métier qui reste méconnu", dit-elle. Et pourtant au Centre d'information et de documentation jeunesse (CIDJ), à Paris, on a pris soin de l'expliquer aux jeunes, le 16 novembre dernier, lors d'une journée d'information consacrée aux métiers de l'hôtellerie-restauration. "La gouvernante générale est responsable de l'ensemble du personnel des chambres et des étages. Elle garantit la propreté et la sécurité, elle doit maîtriser les coûts de son service et contribuer à développer l'image de marque de l'hôtel tout en améliorant les objectifs de rentabilité", a détaillé une conseillère à une lycéenne qui s'interrogeait sur ce qu'elle pourrait faire après son bac.

 

"La gouvernante est une maîtresse de maison et un manager"

"Trop de jeunes comparent encore la gouvernante à une nounou de luxe. Cela n'a rien à voir. La gouvernante est comme une maîtresse de maison, un personnage de l'ombre sans laquelle un hôtel ne peut pas fonctionner", commente Sophie Charuel. Professeur de service, commercialisation et hébergement, elle a participé au montage du brevet professionnel (BP) gouvernante au sein du lycée hôtelier François Rabelais, à Hérouville-Saint-Clair (14), où elle enseigne depuis trois ans. Ce BP se fait en collaboration avec des entreprises hôtelières de la région caennaise et chaque titulaire peut, par la suite, occuper des postes de gouvernante d'étage, d'assistante gouvernante générale, de gouvernante générale ou encore de responsable lingerie. "D'emblée, j'attribue un véritable rôle de manager à la gouvernante et lorsque je tiens ce type de discours, les jeunes sont nettement moins hermétiques vis-à-vis de la fonction", poursuit Sophie Charuel.

BP gouvernante, BTS hôtellerie-restauration option A mercatique et gestion hôtelière, BTS responsable d'hébergement ou encore VAE, tous les chemins sont possibles pour devenir gouvernante. "Tous les profils sont bons, à condition d'avoir beaucoup de volonté, un réel sens de l'effort, d'être disponible et de ne pas rechigner s'il faut travailler les samedis et dimanches", souligne Nadège Lecomte. Elle ajoute que les qualités d'une gouvernante sont non seulement la rigueur et le sens de l'organisation, "mais aussi le goût des contacts humains, tant avec la clientèle qu'avec les membres du personnel à manager, et il ne faut pas avoir peur de changer d'hôtel, de ville,  voire de pays, pour progresser dans la hiérarchie". Reste que cette prédisposition à la mobilité en dissuade plus d'un. Si bien que Sophie Charuel est contrainte de suivre ses élèves "de très près". Les stages de gouvernantes étant rares dans la région de Caen et les jeunes souvent frileux à l'idée de s'éloigner de chez eux, "je dois les encourager à poursuivre, même lorsqu'ils ont des réponses négatives à leurs demandes de stage. Je leur explique que les apprenties gouvernantes doivent être mobiles, car c'est un métier que l'on trouve essentiellement dans les palaces". Or la grande majorité des palaces se situent à Paris, sur la Côte d'azur ou à l'étranger.

 

Les langues étrangères : un atout

Agnès Barraud, elle, a tout quitté pour s'installer à Roquebrune-Cap-Martin (06). Styliste de formation, elle a changé de vie à l'issue d'une formation au Greta des métiers de l'hôtellerie (Paris, XVIIe). Désormais assistante gouvernante au Vista Palace, elle se sent "très à l'aise" dans ce nouveau poste. À terme, elle espère devenir gouvernante générale. Et travailler à l'étranger la tente aussi beaucoup : "Je parle anglais, je pratique l'italien et l'allemand, et j'ai envie d'apprendre le chinois." Il est vrai que la maîtrise d'une ou plusieurs langues étrangères est un réel atout dans cette profession qui peut s'exercer dans tous les hôtels de luxe de la planète. Une profession qui, par ailleurs, s'ouvre de plus en plus aux hommes. Thomas Madern, gouvernant d'étage dans un palace parisien suite à une formation à l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) de Créteil (94), assume parfaitement sa position : "Cela ne me dérange pas d'exercer un métier quasi exclusivement féminin. Pour moi, être gouvernant d'étage et avoir la responsabilité de deux étages soit une quarantaine de chambres-, c'est d'abord être un manager de terrain."

Enfin, si le salaire d'une gouvernante d'étage démarre au smic horaire, les perspectives d'évolution sont plutôt attractives : "Elle peut accéder au poste de directeur d'hébergement, directeur des opérations, voire directeur d'hôtel", rappelle-t-on à l'Association des gouvernantes générales de l'hôtellerie (www.aggh.fr).


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Publié par Anne EVEILLARD



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