Un canular lourd de conséquences

Labège (31) Dans le climat actuel, une blague potache ou un voisin malveillant peuvent entraîner le déploiement de moyens considérables de la part des forces de l'ordre et générer d'importantes pertes d'activité pour les professionnels ciblés. Une hôtelière de Labège, victime d'une fausse alerte à la bombe, témoigne.

Publié le 20 septembre 2016 à 18:37
"Au nom d'Allah, on va tout faire sauter." Voilà le message que reçoit Arbia Mokadem, responsable, ce soir là, de l'Appart'City de Labège dans la banlieue toulousaine. "C'était un samedi soir vers 20 heures, un mois après l'attentat de Charlie Hebdo. J'ai d'abord voulu croire à un canular car notre localité ne me semblait pas avoir d'intérêt pour des terroristes, mais les auteurs du message téléphonique semblaient bien informés : ils savaient que nous louions des appartements. J'ai immédiatement contacté la gendarmerie. En cinq minutes une première patrouille était sur place, puis d'autres, suivies de la BAC [Brigade anticriminalité, NDLR], du déminage, des pompiers, du maire…", se souvient l'hôtelière.

Le restaurant Pizza Nostra, qui jouxte l'établissement hôtelier a reçu des menaces téléphoniques identiques. "Le propriétaire de la pizzeria est venu à ma rencontre, sous le choc, se souvient Arbia Mokadem. Tous nos clients ont été évacués. Vous imaginez la perte pour le restaurant, un samedi soir à 20 heures. Le maire a ouvert un gymnase pour reloger nos visiteurs que nous n'avions pas pu reloger dans les hôtels du voisinage. Ils ont tous été remboursés. Des clients sont restés bouche-bée devant l'intervention impressionnante des forces de l'ordre. La gendarmerie a investi les lieux jusqu'à deux heures du matin. C'était si long que nous avons fini par penser qu'il y avait vraiment une bombe. En réalité, les autorités ont mis trois heures à faire venir un chien renifleur d'explosifs de Corrèze, car il n'y en avait pas dans le département. Au titre de responsable, je devais faire face à la situation, dissimuler mon désarroi pour rassurer les clients et leur porter assistance." Dès le lendemain, le patron de la pizzeria et l'hôtelière ont porté plainte.

Trahis par la géolocalisation

Le dénouement de l'affaire va être aussi rapide qu'effarant. Grâce à la géolocalisation des appels, les gendarmes identifient en 24 heures les auteurs du canular. Il s'agit de deux cuisiniers de la Pizza Nostra, avec la complicité d'une serveuse. "Ils ont appelé de leur portable et même du téléphone fixe de la pizzeria. Ils voulaient juste avoir leur samedi soir de libre. L'un d'entre eux a même assisté les services de secours pour l'évacuation des établissements... Ce sont des trentenaires, pères de famille, qui travaillaient depuis plusieurs années dans le restaurant. Ce ne sont pas des jeunes méchants, juste des gens irresponsables. C'est d'ailleurs ce qu'ils ont plaidé au tribunal." L'affaire a en effet été jugée. "Dans le contexte actuel, le procureur a voulu faire un exemple. Ils ont été condamnés à de la prison avec sursis et à verser 15 000 € de dommages et intérêts pour la perte d'activité et le préjudice d'image de l'Appart'City et de la Pizza Nostra, mais aussi pour la ville et les services de secours. Les cuisiniers ont été licenciés."

L'hôtelière doute aujourd'hui d'obtenir le solde des 400 € de dommages et intérêts que lui a attribué le tribunal, car "les cuisiniers ont fait appel de la sentence".

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Publié par Francois PONT



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