Alain Griset, président de l'U2P : les difficultés de recrutement mettent en danger les entreprises de proximité

Les rencontres de l'U2P ont lieu ce jeudi 26 septembre à Paris. Le forum des entreprises de proximité sera l'occasion de nombreux échanges avec des personnalités politiques et des experts. Nous avons interrogé à cette occasion le président de l'Union des entreprises de proximité, Alain Griset, sur le recrutement et le mouvement social des gilets jaunes.

Publié le 23 septembre 2019 à 16:17

- La croissance de l’économie de proximité s’est accélérée au 2ème trimestre 2019 selon une récente enquête de l’U2P mais les difficultés de recrutement sont toujours là. Quelle est votre analyse ? 

Nous avons un pays qui marche sur la tête, avec, d’un côté, plus de 5 millions de chômeurs et de personnes en situation de précarité, et de l’autre des entreprises qui ont d’énormes difficultés de recrutement, le tout avec un chômage de masse toujours 2 à 3 points supérieurs au niveau européen. Nous avons instauré, dans notre pays, un système social qui est allé trop loin dans le chômage. Il n’y a pas assez de différence entre le fruit du travail et la ‘non activité’. On crée des choix de vie qui ne mettent pas le travail au cœur du développement humain.

Compétences : Les problèmes de qualification sont cités par 65% des entreprises, devant l’absence de candidature (57%). Notre système éducatif n’est pas tourné vers le secteur économique. En Allemagne, on aborde le monde du travail dès le collège. Le développement de l’apprentissage est un élément de réponse, d'ailleurs 8% des embauches se sont faites en alternance sur le 1er semestre 2019 contre 1% sur la même période en 2018.

Mobilité : C’est un facteur aggravant, mais qui n’est pas seulement d’ordre pratique. Nous avons des jeunes qui ont pour terrain de jeu la planète et d’autres qui ne dépassent pas le périphérique...

Relation au travail : Ce que nous répétons depuis des années aux politiques est devenu une évidence pour tout le monde. Pour régler ce phénomène, il faudra au moins dix ans, voire une génération. Les 35 heures ont été un facteur déclencheur. Elles ont d’abord augmenté le coût du travail mécaniquement de 11% et ont demandé aux entreprises de s’organiser différemment. Elles ont dans un second temps modifié en profondeur la relation au travail, faisant des loisirs une priorité. Les problèmes de recrutement ne sont pas uniquement liés à l’image d’un métier, tous les secteurs que je côtoie sont concernés. Cette problématique du recrutement met les petites entreprises en grand danger.

- Dans quel esprit sont les entreprises de proximité depuis le mouvement des Gilets jaunes ?

L’U2P a été concernée avec des artisans sur les ronds-points qui exprimaient des revendications que nous portons. Nous nous sommes d’ailleurs posé la question si nous devions amplifier l’action, mais les violences qui ont accompagné le mouvement social n’étaient pas acceptables. L’U2P a donc aussi été concerné avec des entreprises de proximité cassées, vandalisées. L’Etat n’a pas joué le rôle de protecteur qui doit être le sien. Pour aider ces entreprises, des dispositifs ont été mis en place mais ça été trop compliqué pour un certain nombre et la perte d’exploitation n’était pas forcément couverte. Quelle que soit la bonne volonté, il y eu des pertes importantes, des conséquences dramatiques sur l’emploi et des fermetures d'établissement. Nous avons organisé une quarantaine de Grands débats de proximité. Et à chaque fois, c’est l’iniquité fiscale et sociale qui ressortent. La société française est malade, avec trois fractures.

Fracture territoriale : il y a le chômage, un manque d’accès aux services dans les zones rurales et l’absence de volonté et de cohérence politique dans la revitalisation : on continue par exemple de mettre des grandes surfaces à l’entrée des communes tout en déplorant la désertification des centres-villes.

Fracture sociale : quand vous voyez ce que gagne les patrons du Cac 40 et les difficultés rencontrées par une très grande partie de la population, la fracture sociale est terrible. En France, les 2 800 000 indépendants gagnent moins de 2 000 euros par mois pour un nombre d’heures travaillés énorme. Dans l’économie mondialisée, c’est toujours le plus gros qui l’emporte et qui exploite toujours davantage les plus petits. Les écarts de vie sont trop grands.

Fracture numérique : avec l’arrivée des nouvelles technologiques, de nouvelles incertitudes sont nées. Beaucoup de personnes se disent, inconsciemment ou non, demain, mon boulot n’existera plus. 30 à 50 métiers sont d’ores et déjà identifiés. Et dans l’esprit des gens, tout est précaire et cela crée un malaise encore plus profond.

U2P #EntreprisesDeProximité# #AlainGriset# recrutement #GiletsJaunes#


Publié par Sylvie SOUBES



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