Sandrine Alouf a toujours baigné dans un milieu d'artistes : ses parents possèdent une agence de graphisme à Bruxelles (sa mère est belge, son père libanais), et sa grand-mère était 'professeur de couleurs'. Son entrée dans la vie professionnelle s'est faite comme curateur. "J'étais chargée de réaliser des expositions, d'abord pour le compte des assurances Generali, puis pour la Fondation pour l'architecture à Bruxelles", détaille la jeune femme. En 2000, elle s'installe en France où elle travaille pour Radio Nova. Elle y fait de belles rencontres, dont celle de Christian Mantéi, alors directeur de l'office du tourisme de Paris, qui lui propose de monter le projet d'Exposition universelle à Saint-Denis, qui ne verra finalement jamais le jour.
Sandrine Alouf décide alors de voyager en Chine avec pour seuls compagnons son vélo et son appareil photographique. À son retour, elle publie à compte d'auteur un livre de photos dont une grande partie consacrée aux nuages. "J'adorais photographier le ciel, ce qui fait que j'ai environ 7 000 nuages en photo", dit-elle. Ces nuages, devenus sa signature, vont convaincre la RATP "de mettre le ciel sous terre" en organisant une exposition, sponsorisée par Air France, à la station Luxembourg. Compte tenu de son succès, elle dure un an au lieu des six mois prévus. Elle lui donne également l'occasion de rencontrer Vincent Bastie, l'un des architectes référents en matière de rénovation hôtelière à Paris. Il lui confie le projet Elegancia de One by the Five "un projet de lit en lévitation, entre terre et ciel. Et c'est le début de l'histoire", poursuit-elle.
Carte blanche
Tout va alors très vite. Les hôtels parisiens sont en pleine réflexion sur le renouvellement de leur décoration. Elle-même, pour se distinguer, se crée un métier d'atmosphériste en référence à sa passion pour les nuages. Elle réalise ensuite deux nouveaux établissements avec Vincent Bastie, L'Apostrophe Hôtel et le Sublim'Hotel, puis le Secret de Paris avec Christophe Mangel, un succès qui lui met définitivement le pied à l'étrier. Avec la famille Crouin, Sandrine Alouf rénove L'Empire ainsi que son dernier chantier en date, l'hôtel Les Bulles de Paris. En 2010, sa rencontre avec Olivier Carvin, p.-d.g. du groupe Maranatha donne un nouveau coup d'accélérateur à sa carrière. Le groupe venait d'acquérir un hôtel à Montmartre, "le septième de leur collection et le premier à Paris. Olivier Carvin m'a donné carte blanche". Ce sera Montmartre mon amour. S'ensuivent six nouveaux hôtels dans la foulée, entre Paris et Nice. "Cela en à peine cinq ans !"
Sandrine Alouf aime inventer des histoires : "Je propose aux clients des voyages immobiles", s'amuse-t-elle. Et quand on l'interroge sur les raisons qui l'ont poussée à travailler avec des hôteliers indépendants, elle répond que rien n'est dû au hasard : "Mes parents travaillaient déjà pour des hôtels en leur dessinant des chartes graphiques et des logos et ma grand-mère m'a donné le goût des couleurs." Aujourd'hui encore elle reste très attachée à ce milieu : "Je suis toujours émue quand d'anciens clients me rappellent pour faire de nouveaux projets", remarque-t-elle.
Aujourd'hui, la jeune femme vit à Paris "mais en touriste". Elle avoue ne jamais s'être sentie aussi belge. "Les Belges ont un esprit d'auto -dérision que les Français n'ont pas", précise-t-elle. Elle aimerait aujourd'hui se consacrer à d'autres projets comme des spas ou des restaurants, "mais en France on met vite les gens dans des cases", regrette-t-elle. Pourtant son travail évolue "Aujourd'hui, je privilégie l'objet à l'image." Déterminée dans ses choix, elle ne brûlera cependant aucune étape. D'ailleurs, avec un hôtel par an depuis huit ans, elle avance à bon rythme.
Publié par Catherine AVIGNON
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