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Agnès Vaffier : S’adapter sans perdre l’âme de l’enseignement

Formation - Écoles - vendredi 10 septembre 2010 11:27
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Paris (75) La présidente de l’Association française des lycées d’hôtellerie et de tourisme (Aflyht) passe en revue les défis qui s’imposent aux enseignants en cette rentrée 2010-2011. Agnès Vaffier évoque aussi les priorités de l’Aflyht et son prochain congrès prévu fin mars 2011.



'Les jeunes d’aujourd’hui zappent davantage. Si bien que s’ils se trompent d’orientation, ils sont capables d’en changer très vite', constate Agnès Vaffier.
'Les jeunes d’aujourd’hui zappent davantage. Si bien que s’ils se trompent d’orientation, ils sont capables d’en changer très vite', constate Agnès Vaffier.

 
Comment s’annonce la rentrée 2010-2011 ? Le nombre d’élèves est-il en augmentation ?

Nous avons beaucoup de candidats dans la voie aussi bien professionnelle que technologique. Nous misons aussi sur une augmentation des demandes en CAP, car cela répond à un réel besoin dans la profession et parce que la rénovation de la voie professionnelle passe par la mise en valeur du CAP.

 

De quelle façon expliquez-vous le succès de la filière hôtellerie-restauration ?

Tous les établissements redoublent d’efforts pour organiser des journées portes ouvertes et ça marche bien. Parallèlement, les médias influent beaucoup. Toutes les émissions sur la cuisine suscitent des vocations. Avec les risques que cela engendre, bien sûr : je pense notamment aux déçus, car le métier de cuisinier n’est pas toujours comme à la télé… Malgré cela, les médias ont un rôle positif, en particulier auprès des parents en leur offrant une image  différente et valorisée du cuisinier. Ce serait bien d’imaginer des émissions de télé de ce type pour mettre en avant le service en salle…

 

Le service en salle est-il le laissé-pour-compte du secteur ?

Nous avons du mal à recruter les CAP services. Car l’image associée à ce métier est celle d’un porteur d’assiettes. Or, ce n’est pas que ça : il y a aussi toute une relation avec la clientèle et une véritable démarche commerciale. Nous réfléchissons donc à revaloriser ces métiers pour attirer davantage de jeunes.

 

Quels sont les autres défis de l’enseignement hôtelier en 2010 ?

A chaque rentrée, il faut que nous adaptions notre pédagogie aux jeunes qui arrivent, car il y a une évolution dans les comportements et dans ce que les jeunes attendent de nous et de leur vie professionnelle. Nous sommes contraints de prendre en compte ces données, tout en maintenant nos mêmes exigences.

 

En quoi le profil des élèves est-il différent à chaque rentrée ?

Nous sommes confrontés à de nouvelles éducations et de nouvelles formations de base. Les jeunes ont des attentes différentes de leurs prédécesseurs : ils souhaitent que nous soyons opérationnels et réactifs face à ce qu’ils veulent et ce qu’ils ne veulent pas. Dans le même temps, nous évoluons dans un cadre qui nous oblige à garder certaines de nos valeurs –comme la tenue, le comportement, le savoir-être- : il faut donc que nous nous adaptions sans perdre l’âme de l’enseignement. Et ce n’est pas toujours facile : c’est un peu comme un travail d’équilibriste. Mais nous y arrivons.

 

Les nouveaux élèves sont-ils toujours aussi motivés que leurs prédécesseurs ?

Les jeunes d’aujourd’hui zappent davantage. Si bien que s’ils se trompent d’orientation, ils sont capables d’en changer très vite. Avant, c’était moins le cas : les jeunes n’osaient pas remettre en cause leur premier choix. Ils se faisaient une raison.

Même si nous pouvons regretter de former des cuisiniers qui ne restent pas dans la restauration, l’essentiel pour nous est que ces jeunes réussissent leur insertion professionnelle. Et, à ce titre, les qualités que nous développons chez les élèves et les compétences que nous leur donnons leur permettent de réussir dans les métiers de la vente, de la gestion ou encore de la communication.

 

Le milieu professionnel évolue-t-il aussi très vite ?

Oui. Les attentes des professionnels ne sont pas forcément les mêmes d’une année sur l’autre, car les goûts et les envies des consommateurs changent rapidement. Une nouvelle fois, nous avons une adéquation à trouver entre ce que nous sommes obligés d’enseigner et ce que les professionnels attendent. D’un côté, nos enseignants s’appuient sur un référentiel vis-à-vis duquel ils n’ont que peu de liberté ; de l’autre, nous devons arriver à former nos jeunes qui vont partir en stage.

 

Comment parvenez-vous à concilier les deux ?

Notre rôle est de donner des bases. Ensuite, c’est au jeune de les adapter, de s’améliorer et  de répondre à la demande du professionnel. Les référentiels sont plutôt bien conçus, même si nous ne pouvons pas répondre à toutes les typologies de restauration. Ajoutons à cela notre capacité à repérer les stages les plus adéquats au projet professionnel de chaque jeune. Car, nos enseignants sont de bons conseils : ils savent guider les élèves.

 

Les professeurs sont-ils suffisamment en contact avec les professionnels ?

Nos enseignants restent très liés au milieu professionnel. Même si, parfois, nous pouvons regretter que certains n’aient pas une connaissance suffisante du monde de l’entreprise. Malgré cela, les contacts avec la profession sont nombreux, notamment par le biais des jurys de professionnels qui viennent dans les lycées pour évaluer les jeunes, par le biais des stages et autres visites en entreprises.

 

Quel est le calendrier de l’Aflyht pour cette nouvelle année scolaire ?

Nous nous réunissons toutes les six semaines et notre calendrier pour l’année 2010-2011 s’articule autour de plusieurs objectifs. En premier lieu, l’organisation de notre prochain congrès, qui aura lieu à Marseille fin mars 2011. Par ailleurs, cette année, nous souhaitons développer notre site Internet pour en faire un véritable outil de communication. Dans le même temps, nous allons actualiser notre « Livre blanc des lycées hôteliers et de tourisme », qui fait état de toutes les spécificités de nos établissements. Enfin, nous voulons accroître notre implication vis-à-vis du tourisme, car ce secteur est en voie de rénovation et, sur ce sujet, nous sommes confrontés à une grosse attente de la part des lycées.
Propos recueillis par Anne Eveillard

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