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Cafés, bars
Une grande vari
dans un design
compact
Excelle
Compact
Le café suspendu, un concept
solidaire
Offrir un café à une personne
dans le besoin ? Cette
tradition d’origine italienne
est devenue un phénomène
mondial.
U
n café suspendu, késaco ? Cette
tradition née à Naples consiste
à commander deux cafés et à
n’en consommer qu’un. Le second,
en attente, est inscrit sur une ardoise
et sera offert à un client qui n’aura
pas les moyens de se le payer.
Cet acte de solidarité, qui s’est
d’ailleurs étendu à d’autres produits
(baguette, pizza, limonade…), a fait
le tour du monde. Au Royaume-Uni,
par exemple, Starbucks Coffee s’est
engagé à ce que, pour chaque café
suspendu acheté, l’équivalent soit
reversé à un organisme caritatif.
À Rouen,
Olivier Lenoble
,
propriétaire du bistrot Le Zèbre
à pois, a servi plus de 600 cafés
suspendus en un an et demi.
“Les
clients se sentent complices de notre
démarche”,
se réjouit-il.
Didier Chenet
, président
du Groupement national des
indépendants, se montre aussi
enthousiaste :
“Il faut encourager
ce genre d’initiative solidaire et
venir en aide aux plus démunis.
Cela souligne la convivialité de nos
établissements.”
Surmonter les réticences
Malgré un fort buzz médiatique
et un réel intérêt de la part du
public, les professionnels peinent
parfois à instaurer ou à faire durer
ce concept.
“La promiscuité entre
deux mondes - celui des clients et
celui des bénéficiaires - n’est pas
évidente. Pour que ça marche, le
personnel doit absolument informer
la clientèle”,
note Olivier Lenoble.
Autre obstacle éventuel : l’écart
entre le nombre de donateurs et
de bénéficiaires.
“L’été, les clients
donnent peu, car ils s’installent
en terrasse. Or, le tableau noir sur
lequel nous indiquons les cafés
en attente se trouve à l’intérieur”,
remarque
Fred Machado
, du bar
Chez Fred, à Bordeaux.
Constatant ces difficultés ou
certaines réticences, l’association
marseillaise Café suspendu (www.
cafe-suspendu.com) a imaginé un
kit payant (40 €) composé d’un
logo à placer en vitrine, de cartes
à gratter, de flyers à poser sur les
tables et d’affiches explicatives.
“Nous assurons la communication
et la transparence de la démarche.
Cela facilite les choses pour le
professionnel et notre logo est un
vrai label pour le client. En réalité,
c’est moins une action commerciale
qu’une façon de fidéliser la
clientèle”,
juge la présidente de
l’association,
Fanny Havas
, qui
veut
“ouvrir cette démarche non
seulement aux sans-abri, mais
aussi aux étudiants et aux retraités,
comme cela se fait à Naples”.
Douze
établissements marseillais ont déjà
adhéré, parmi lesquels la brasserie
Le Café de Paris ou encore le
restaurant Le Marengo. Prochaine
étape ? Déployer le concept dans
le plus grand nombre de villes
françaises.
V. B.
Olivier Lenoble
,
propriétaire du
bistrot
Le Zèbre à Pois,
à Orléans.