Retour d'expérience : ouvrir son restaurant trois jours et demi par semaine

Sainte-Croix-du-Mont (33) Vincent Poussard et sa compagne Marie Lignac ont fait le choix de resserrer les sept services de leur restaurant du jeudi au samedi et le dimanche midi. Le bilan est positif, tant en fréquentation que du côté des salariés.

Publié le 13 avril 2016 à 12:32

Le couple est loin d'être novice. Ancien cuisinier personnel du président François Mitterrand de 1989 à 1993, Vincent Poussard a connu le succès dans sa première affaire, l'Oiseau bleu à Bordeaux, de 1994 à 1997. Devenu ensuite professeur d'État certifié de cuisine, il enseigne depuis seize ans lycée hôtelier de Talence (33). Fille d'aubergistes à Andernos (33), sa compagne Marie Lignac a travaillé auprès de Thierry Marx à Cordeillan-Bages et au Mandarin Oriental à Paris. Elle est aussi passée par Le Saint James à Bouliac (33), avec Michel Portos, et chez Christian Constant à Paris. En couple depuis sept ans, le tandem a eu envie de créer sa propre maison. L'Auberge girondine a ouvert le 1er mai 2014 au coeur de l'appellation Sainte-Croix-du-Mont.

Le patron cuisinier raconte : "Au départ, on voulait quelque chose pour nous deux, sans salariés. Et puis nous avons trouvé cette immense bâtisse. Le restaurant était en liquidation judiciaire. Notre offre à 65 000 € a été acceptée. On a réalisé 150 000 € de travaux pour exploiter tout l'espace en créant une salle de 15 couverts, et deux de 25 couverts chacune, avec différentes ambiances." Un second de cuisine, un plongeur et un serveur ont été recrutés. Marie Lignac - salariée comme ses employés - supervise salle. Aux fourneaux à chaque service, le chef compose avec ses dix-huit heures de cours par semaine au lycée. En tant que président de la SAS créée avec sa compagne, il a choisi de ne pas se rémunérer, laissant les bénéfices dans l'entreprise, près de 20 000 € lors du premier exercice.

 

"On n'a pas droit à l'erreur"

En juin dernier, l'Auberge girondine a abandonné l'ouverture du mardi au dimanche. Les sept services sont alors resserrés du jeudi au samedi, midi et soir, et le dimanche midi, suite à la naissance du premier enfant du couple. "J'ai grandi dans un restaurant, je n'avais pas envie de reproduire ce que j'avais vécu, confie la jeune maman. En fait, le bilan est très positif. Notre clientèle est locale et fidèle. Et comme l'on valorise les vins des châteaux du coin, ils nous envoient des touristes. Nos prix restent raisonnables. Le ticket moyen en semaine le midi est de 18,5 €, et 45 € le soir et le week-end." Son compagnon avertit : "Quand on ouvre 3 jours et demi par semaine, on n'a pas droit à l'erreur. Il faut avoir la clientèle et la garder. Ma cuisine est traditionnelle, enracinée dans terroir et suit les saisons. Tout est fabriqué sur place. À la campagne, il faut faire de l'authentique et être généreux dans les assiettes. "Tout aussi incontournable, "la maîtrise du coût-matière, savoir acheter et cuisiner".

Les salariés sont tous logés à la même enseigne : 35 heures de travail hebdomadaire, un salaire compris entre 1 100 € et 1 300 € net, six semaines de congés payés, plus "quelques jours". Selon Vincent Poussard, les trois jours de repos consécutifs sont le sésame pour trouver du personnel et le fidéliser. "Je n'ai aucune absence. L'équipe est très motivée, elle se donne à fond, prête à venir travailler si jamais on a un groupe le mardi ou le mercredi." "Ici, on travaille avec plaisir", sourit Tristan, le serveur.


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Publié par Brigitte DUCASSE



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