Un chiffre d'affaires de 2,1 milliards d'euros en 2017, près de 2 000 restaurants et points de vente dans le monde (dont Brioche Dorée et Del Arte), plus de 35 000 salariés (dont la moitié sous franchise) et un million de clients servis chaque jour : Louis Le Duff a bâti en une quarantaine d’années un empire de la restauration rapide. Pourtant, rien ne prédestinait ce fils de maraîchers bretons à devenir un homme d’affaires milliardaire. Né en 1946, l’adolescent aide ses parents à vendre leurs produits sur les marchés, avant de reprendre le chemin des études. Après son bac et une école de commerce, il décroche une bourse pour suivre un MBA au Canada. De retour en France, il devient professeur d’économie… et bifurque vers la restauration rapide : la première boutique Brioche Dorée ouvre ses portes en 1976, à Brest. "J’avais vu que la restauration rapide était très développée en Amérique du nord. Je me suis dit : c’est fini les repas de midi de deux heures avec une nappe blanche. La France va évoluer dans le même sens", raconte-t-il.
Cinq ans plus tard, l’entrepreneur, qui a justement consacré sa thèse de doctorat à la franchise, passe de la théorie à la pratique. Deux principes président au développement de la marque : choisir avec soin la localisation des points de vente ("le meilleur emplacement dans la meilleure rue") et adapter les recettes. Si la pâte est identique à travers le monde, les saveurs, en revanche, sont retravaillées en fonction de la clientèle locale. "Au Japon, on garnit les pains avec de la pâte de haricots rouges et non du chocolat. Aux États-Unis, on mettra plus de viande sur la côte Nord-Est, plus de légumes et d’épices dans la Sun belt", précise-t-il.
Pour "garantir une qualité constante" à travers son réseau, le businessman crée Bridor en 1984. L’atelier de fabrication destiné à fournir les boutiques Brioche Dorée s’est mué en "vaisseau amiral du groupe", avec dix sites de production dans le monde et un chiffre d'affaires de 750 millions d'euros en 2017, dont 70 % à l'international. Seule 10 % de la production Bridor est destinée au groupe, le reste alimentant "plus de 20 000 hôtels 4 ou 5 étoiles".
La qualité et les hommes : les deux clés du succès
Le groupe développe d’autres marques : Del Arte et le Fournil de Pierre, La Madeleine et Mimi’s café (deux chaînes dédiées à la cuisine française aux États-Unis), ainsi que Kamps, leader du ‘café bakery’ en Allemagne. "Ces dix dernières années ont été celles de la grande expansion internationale", note-t-il. 2 000 restaurants devraient être ouverts en franchise d’ici à 2022, principalement en Asie et en Amérique du nord.
Début 2017, Louis Le Duff lance également Gourming. Cette astucieuse société d’exportation permet d’alimenter le groupe, tout en servant de market place entre les producteurs du terroir français et les professionnels des CHR, des métiers de bouche et de la distribution alimentaire. "Diversification ne signifie pas dispersion. Je reste concentré sur ce que je sais faire", avoue-t-il.
Pour ce dernier, le succès s’explique simplement. "J’ai eu la chance de grandir dans une ferme bio : depuis le début, je n’ai eu qu’un slogan, la qualité et la santé dans l’assiette", estime-t-il. Les ateliers Bridor n’ont d’ailleurs pas hésité à développer des produits bio ou sans gluten, tandis que des partenariats étroits ont été liés avec des MOF cuisiniers, pâtissiers ou boulangers comme Frédéric Lalos et Jean-Jacques Massé. "Il n’y a de valeur que l’homme, scande-t-il. Il faut la meilleure équipe, des gens intelligents, qui en veulent, qui aiment le métier. On a une école interne. Chez nous, c’est l’ascenseur social. Tous les cadres ont entre 15 et 35 ans de maison". Financièrement, le groupe non coté en Bourse est resté "indépendant avec deux actionnaires, la famille Le Duff et une participation des cadres". Un autre levier efficace pour motiver les équipes et les fidéliser.
#Bridor# réussite #LouiLeDuff# #Boulangerie# pain
Publié par Violaine BRISSART
