Les robots, l'avenir de la restauration ?

En Asie, aux Etats-Unis et depuis peu en France, les robots s'invitent au restaurant. Gadget ou tendance de fond ? Ce phénomène fait débat.

Publié le 02 août 2018 à 13:30
À Marly (Moselle), le New Grill House emploie une serveuse pas comme les autres. Robe en plastique blanche et rouge, yeux en forme de coeur et voix métallique : ce robot peut apporter les plats de la cuisine jusqu'aux tables grâce à un rail magnétique, tout en agrémentant sa prestation de quelques phrases comme "Bon appétit" ou "Veuillez-vous servir"'. L'androïde, venu tout droit de Chine, aura coûté 5 000 € à son propriétaire enthousiaste, Shizhong Zhu. "Nous avons ouvert notre établissement il y a six mois. La présence de cette serveuse-robot a été une excellente opération de communication, d'autant que c'est unique en France. Cela fait plaisir aux clients, et les enfants adorent", se réjouit-il.

Pour "créer le buzz", le restaurateur mosellan s'est inspiré de l'exemple de son pays natal. Depuis une demi-douzaine d'années, les robots ont fait leur entrée dans quelques restaurants de l'empire du Milieu. Certains androïdes sont chargés de l'accueil, à grand renfort de formules de politesse, ou du service. En cuisine, les robots sont capables d'exécuter des ramen (en 90 secondes top chrono), des fritures ou des raviolis, à condition que d'autres employés (humains) les approvisionnent en ingrédients. Selon les restaurateurs concernés, la formule ne manque pas d'avantages. Les robots coûtent à l'achat l'équivalent du salaire annuel d'un employé chinois, ils excellent à effectuer des tâches faciles et répétitives, ils ne réclament pas de congés et ils ne tombent pas malades (à condition de les recharger pendant deux heures à une prise électrique pour leur garantir une autonomie de cinq heures). Certaines enseignes ont néanmoins déchanté, reléguant à la déchetterie leurs serveurs mécaniques en raison de leurs limites et de leur maladresse. Les robots ne sont en effet pas en mesure de comprendre les remarques des clients, ni de prendre des commandes ou de servir de l'eau. L'expérience a aussi montré que le transport d'une soupe s'avérait délicat…

Rapidité versus service

Cette tendance futuriste a également gagné les États-Unis. Le Cafe X, un kiosque de 40 m² ouvert à San Francisco l'an dernier, s'enorgueillit de la présence de son barista Robin, un bras mécanique capable de pivoter sur six axes. Les clients passent commande depuis une application mobile ou une tablette à disposition. Le robot saisit un gobelet, le place sous une machine à café professionnelle, le récupère et le remue légèrement, avant de remercier le client par un petit signe de la main. Son point fort ? La possibilité de préparer trois cafés en à peine 40 secondes, ce qui permet d'alléger les files d'attente. Sur place, un seul employé répond aux interrogations des consommateurs, les conseille et vérifie le bon fonctionnement de la machine. Quant aux prix, ils tournent autour de 3 ou 4 dollars (entre 2,40 et 3,25 €), soit un peu moins cher que chez Starbucks.

De son côté, la chaîne de restauration rapide CaliBurger espère introduire Flippy dans 50 de ses restaurants d'ici 2019. Celui-ci peut non seulement gérer la cuisson de la viande, mais aussi déposer les steaks sur les buns. À terme, ce robot devrait produire des hamburgers deux fois plus vite que les humains, et s'atteler à d'autres tâches, comme la préparation et la découpe des légumes. 

Les robots pourraient-ils avoir un impact réel sur les effectifs en restauration ? D'après l'organisme de recherche McKinsey Global Institute, 54 % des actions réalisées dans la restauration et l'hôtellerie peuvent potentiellement être réalisées par un robot. "C'est l'avenir", affirme Shizhong Zhu. Une opinion que Bernard Boutboul, créateur et directeur général du cabinet Gira Conseil, est loin de partager : "C'est du digital bla-bla. En salle, c'est du spectacle, et en cuisine, c'est un gadget. Un restaurant, c'est une assiette et de l'humain. Le jour où on mettra des robots en salle à la place des humains, ce sera la fin des restaurants, car il ne faut pas oublier un élément fondamental des métiers de l'hôtellerie restauration : ce sont des métiers de service !"

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Publié par Violaine BRISSART



Commentaires
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Yves Cinotti

vendredi 1 juin 2018

Un robot peut, comme un humain, tout à fait assurer un service. Et même parfois plus rapidement. La différence, c'est l'accueil qui, lui, ne peut être qu'humain, car il demande une adaptation à l'interlocuteur et il est source d'émotion. Un robot n'assurera jamais l'accueil.
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Joel RAMAROSON

vendredi 1 juin 2018

Au vu des progrès de l'intelligence artificielle, je n'en suis pas si convaincu. Les japonais sont très forts dans ce domaine et le prouve dans les hôpitaux pour l'accompagnement.
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philippe BIRCKEL

samedi 2 juin 2018

Je partage tout à fait l'avis de M. Boutboul et suis, même avec mes 60 ans, prêt à mettre au défi tout robot aussi truffé d'IA soit-il qu'il ne réalisera pas un service de meilleure qualité ! S'il faut en venir à adapter les plats par rapport aux possibilités du serveur, c'est ridicule. En outre, si les clients doivent se servir eux mêmes les assiettes, pourra-t'on considérer que le service est bien compris dans le prix ?...

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