“Les classes sont remplies. Les jeunes sont là.” Esther Milland, présidente de l’Association nationale des écoles privées d’hôtellerie et de tourisme (Anephot), se dit confiante : “Le métier plaît toujours.” Avis partagé par Christophe Joublin. Fraîchement réélu – pour deux ans – à la tête de l’Association française des lycées d’hôtellerie et de tourisme (Aflyht), il confirme que“les effectifs sont plutôt bons en bac et post-bac”. Il souligne aussi le regain d’intérêt pour les certificats de spécialisation (CS) – nouvelle appellation des mentions complémentaires –, “grâce à leur accessibilité via Parcoursup”. Avec un succès notable pour le CS sommellerie. Un bémol, toutefois : “Les métiers du service souffrent toujours d’un déficit d’image”, rappelle Christophe Joublin. Malgré cela, et en dépit de l’alerte estivale de l’Umih quant aux 25 fermetures de restaurants par jour, “le secteur attire toujours les jeunes”, constate le président de l’Aflyht. Esther Milland acquiesce et parle de “métier passion”.
Espace d’e-gaming et présence d’une psychologue
Si les effectifs sont au rendez-vous dans les classes, le problème de la fidélisation et du décrochage reste entier. Pour Christophe Joublin, “l’ascenseur social et la découverte de nouveaux territoires” dynamisent l’attractivité. Sont-ils suffisants pour fédérer ? “Nous devons encore progresser sur le mieux-être des élèves, à la fois dans le cursus scolaire et en entreprise”, insiste Esther Milland. La thématique du bien-être des jeunes “comme source de réussite professionnelle” sera d’ailleurs au cœur des débats du 40e congrès de l’Anephot, les 5 et 6 novembre 2025, à Bordeaux (Gironde). Un sujet d’actualité alors que la santé mentale a été décrétée Grande Cause nationale 2025. “La réussite d’un élève passe par la qualité de la structure d’accueil, l’entreprise qui doit jouer son rôle et la motivation du jeune”, renchérit Ismaël Menault, directeur général de l’École de Paris des métiers de la table (EPMT). Il ajoute : “Les jeunes franchissent notre porte. À nous, professionnels, de nous adapter.” Un sens de l’agilité qui passe désormais par une invitation au mieux-être. À l’EPMT, celle-ci prend la forme d’un nouvel espace d’e-gaming ou encore de la présence d’une psychologue deux ou trois jours par mois.
“Les élèves doivent continuer à savoir réfléchir”
Cette rentrée 2025 est également l’occasion de s’interroger sur l’arrivée de l’intelligence artificielle (IA) dans les cours, les entreprise et le quotidien des jeunes. “D’un côté, c’est un outil performant”, reconnaît Christophe Joublin. “De l’autre, les élèves doivent continuer à savoir réfléchir, nuance Esther Milland. Il faut trouver le bon curseur.” Christophe Joublin, sensible à la thématique, poursuit : “Il faut apprendre aux jeunes à maîtriser les nouvelles technologies en général et l’IA en particulier, tout en tenant compte de l’addiction aux écrans.” Ce sujet fera l’objet du prochain congrès de l’Aflyht, du 25 au 27 mars 2026 au Havre (Seine-Maritime). “À l’EPMT, nous sommes en train d’élaborer une charte de bonne conduite vis-à-vis de l’usage de l’IA”, confie, pour sa part, Ismaël Menault. Une façon de “préserver l’attention et la curiosité des jeunes”, tout en apprivoisant le progrès.

Publié par Anne EVEILLARD

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