Formé à Dinard, rôdé dans les cuisines étoilées du Clos des Sens, au K2 à Courchevel ou au Farçon, le chef Jean-Philippe Lemaire a finalement choisi l’isolement. Loin du bruit des villes, de l'animation des stations, il installe Le Kern - cairn en breton - comme un point d’ancrage entre deux paysages : la mer et la montagne. Pas de brigade, pas de commis. Seul en cuisine, “à l’ancienne”, avec son indispensable et unique collaboratrice, Maayane, en salle, il cultive l’exigence dans une rigueur artisanale. À la carte, des plats ciselés, radicaux, construits autour d’un produit central, sublimé sans fioritures. Du lac aux alpages, en passant par des échos d’Asie ou d’Arménie, sa cuisine puise dans la mémoire, le vécu de ses voyages, le monde. Chaque création est pensée comme une phrase courte, directe, mais chargée de sens.
Un manifeste de cuisine
Ici, rien ne se perd, tout se transforme. Une éthique du goût, écoresponsable, qui refuse le superflu. Une démarche sincère, à rebours des effets de mode. ”Je ne voulais ni station, ni ville. Juste la paix, le cadre, l’authentique.” Un retour à l’essentiel, sans concession. Son étoile n’est pas un aboutissement, mais un levier. Une promesse de constance, et l’envie d’aller plus loin. Car Le Kern n’est pas juste une table : c’est un manifeste. Une émotion brute. Une parole culinaire taillée dans la roche, pour ceux qui savent écouter.

Publié par Fleur TARI-FLON