Sa première vie, Kevin André l’a écrite en tant que professeur puis expert associé à la chaire d’entrepreneuriat social à l’Essec. Alors qu’il achève sa thèse sur l’empathie, le chercheur en arrive à la conclusion que “notre société a un énorme problème de lien social” : “On est seuls ensemble, notamment du fait du numérique. Il y a une épidémie de solitude. 11 millions de Français n'ont que trois conversations personnelles par an. C’est une question de société majeure, d’autant qu’on sait que la solitude tue autant que le tabac.”
Plus de 400 animations par an
Constatant qu’ “en un siècle, le nombre de cafés et bars est passé de 600 000 à 34 000 en France”, Kevin André peaufine alors le concept d’un café créateur de rencontres. Il finit par démissionner et crée en 2020 Kawaa Daumesnil, dans le XIIe arrondissement de Paris. La restauration y évolue tout au long de la journée : coffee shop avec café de spécialité et cookies, cantine accessible à l’heure du déjeuner (avec “deux entrées, deux plats, deux desserts qui changent tous les jours, et un plat végétarien à 12 €”), et bar à tapas le soir venu. Un espace de bureaux partagés et un large éventail d’animations (plus de 400 par an) complètent l’offre. Au menu : soirées jeux de société, improvisation de théâtre, déjeuners en anglais, fresques, concerts, ateliers numériques pour seniors… “75 % des gens qui passent la porte du Kawaa rencontrent quelqu’un qu’ils ne connaissaient pas. Plus de la moitié disent avoir amélioré leur vie relationnelle grâce à Kawaa”, assure le cofondateur. Mission accomplie.
Une clientèle intergénérationnelle
Kawaa, qui séduit une clientèle intergénérationnelle, essaime. L’enseigne compte aujourd’hui deux autres lieux parisiens : un coffee-shop dans l’immeuble de bureaux Lumière, et un restaurant au sein du théâtre-cinéma Lucernaire. Lille devrait accueillir un Kawaa adossé à un immeuble de colocation intergénérationnelle d’ici octobre, et Marseille, une adresse avec des bureaux partagés à deux pas du Vieux-Port, à la fin de l’année. “On discute avec des résidences pour seniors, des hôpitaux, des hôtels, des immeubles de bureaux”, confie Kevin André. Son ambition ? Faire rayonner ce “concept de cœur de ville dans des métropoles régionales ou des villes moyennes comme Autun ou Saint-Dizier”… et ressusciter le lien social.
Publié par Violaine BRISSART
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