Les chiffres sont évocateurs. Selon la Caisse nationale d'Assurance maladie (Cnam), en 2018, la France a enregistré 13 691 accidents du travail dans le secteur de la restauration et 6 644 dans celui de l'hôtellerie. Les maladies professionnelles, souvent liées à l'usure des articulations, ont quant à elles engendré, sur la même période, quelque 155 409 journées perdues dans la restauration et 120 090 dans l'hôtellerie. La faute à de mauvaises postures, des actions de manutention qui finissent mal, des chutes, des glissades, des coupures... la liste est longue.
60 % d'hommes sont concernés par les accidents qui surviennent dans la restauration et 59 % de femmes dans l'hôtellerie : les femmes de chambre sont en première ligne avec des gestes répétitifs et éprouvants, qui consistent à soulever lits, matelas, housser des couettes, porter et passer l'aspirateur… Autres exemples : “Dans une cave, une caisse retournée, qui sert de marche pied, peut-être à l'origine d'une chute. Même chose d'un bidon d'huile renversé dans une cuisine”, détaille Christophe Ballue, chargé de la prévention des risques professionnels au sein de l'antenne parisienne de la Caisse régionale d'Assurance maladie d'Île-de-France (Cramif). D'où l'importance d'apporter des solutions, pratiques et ergonomiques, pour prévenir accidents et pathologies professionnelles. Certaines d'entre elles sERont à découvrir au salon EquipHotel, en novembre 2020 à Paris, où elles font l'objet d'une 'Ergo Room' et d'une 'Ergo Cook' (lire ci-dessous).
Le Covid-19 ne doit pas faire oublier les risques liés aux activités opérationnelles
“Quand le personnel va bien, c'est une source de bonheur pour les clients”, reprend Christophe Ballue. Il ajoute que les nouvelles générations de cuisiniers et d'hôteliers sont attentives au stress sur un lieu de travail : créer une salle de repos, proposer des cours de yoga ou des massages, sont autant d'attentions qui peuvent changer le quotidien des équipes d'un établissement. Reste que la crise sanitaire liée au Covid-19 rebat les cartes, distanciations sociales et gestes barrières obligent. “Toutefois, les risques psychosociaux générés par une organisation du travail différente, de nouvelles pratiques professionnelles, des règles strictes à appliquer, ne sont pas à négliger dans un climat économique où la pérennité de l'entreprise peut être remise en cause”, souligne le représentant de la Cramif. Autrement dit : la prévention du Covid-19 ne doit pas faire oublier les risques liés aux activités opérationnelles, tels les manutentions manuelles, glissades ou encore les troubles musculo-squelettiques. Et ce d'autant que ces situations peuvent survenir en plus grand nombre, notamment à cause de la nécessité de nettoyer bien plus souvent.
Publié par Anne EVEILLARD