Le hammam : atouts et caractéristiques

Le hammam fait partie des équipements incontournables du spa…. Et pourtant si ce dernier procure de nombreux bienfaits et une réelle détente, il n’en est pas moins contraignant pour l’exploitant en termes de précautions d’installation et de réglementation.

Publié le 21 décembre 2022 à 16:02

 

  • Ses origines

Il s’agit d’un bain de vapeur humide inspiré des thermes romains. Dans sa forme actuelle, il s’est développé dans l’empire Ottoman, du Maghreb jusqu’au Moyen-Orient. Il recouvrait alors un rôle sanitaire, religieux et social (fréquenté par toutes les catégories de la société).
Aujourd’hui, si la pratique a largement reculé dans cette partie du monde avec l’essor des salles de bains dans les domiciles, elle demeure encore vivace dans certains pays et s’est développée en Europe.

  • Ses bienfaits

- La chaleur humide du hammam créée une vasodilatation, les vaisseaux sanguins se dilatent et la pression artérielle diminue, activant la circulation sanguine.
- La dilation des pores sous l’effet de la vapeur et de la chaleur permet d’évacuer les impuretés de la peau, ce que renforce le gommage.
- La sudation favorise l’élimination des toxines. La chaleur humide associée à des huiles essentielles, d’eucalyptus notamment, aide à dégager les voies respiratoires.
- Enfin, autre bienfait et non des moindres, le hammam est un lieu de relaxation par excellence : la chaleur, le calme, la lumière douce, les senteurs des huiles essentielles… sont propices au relâchement, à l’élimination des tensions et fatigues.

  • Sa composition

Traditionnellement, le hammam se compose de trois pièces où les températures augmentent graduellement :
- le frigidarium à température ambiante est une salle de détente ;
- le tepidarium dans laquelle la chaleur augmente légèrement mais reste tiède ;
- le caldarium, chambre la plus chaude (avoisinant les 45 °C) réservée à la sudation et la plus humide (taux d’humidité proche de 100 %).

Le hammam s’inscrit dans un rituel oriental traditionnel complet :
- La sudation dans le caldarium pour dilater les pores et préparer sa peau. Il est important pendant cette phase de bien s’hydrater et de s’asperger d’eau froide régulièrement.
- Le nettoyage au savon noir (composé essentiellement d’huiles végétales) enduit sur tout le corps. On le laisse poser une quinzaine de minutes pour préparer sa peau au gommage.
- Le gommage à l’aide d’un gant ‘kessa’ (ou gant de crin) dont la surface rugueuse permet d’éliminer les cellules mortes et de favoriser la circulation sanguine grâce à un frottement vigoureux. Il favorise également l’hydratation de la peau enduite au préalable de savon noir. Le gommage se termine par un rinçage abondant à l’eau tiède.
- L’enveloppement au rhassoul, argile minérale naturelle qui vient du Maroc. Elle est utilisée pour les soins corporels et capillaires en vue de débarrasser le corps de toutes les impuretés profondes grâce aux oligo-éléments et sels minéraux qui le composent.
- Le massage à l’huile d’argan qui clôture le rituel et favorise la relaxation.

Notons toutefois que le hammam peut également être apprécié sans le rituel qui l’accompagne.

 

  • Les précautions d’installation à respecter

La liste des précautions d’installation est longue. En outre, le hammam est un équipement qui requière un entretien suivi, une bonne ventilation et une hygiène irréprochable pour éviter tous les désagréments liés à une pièce humide (moisissures, champignons, peinture qui cloque, oxydation et corrosion du matériel…).

    • Une étanchéité parfaite

Le hammam étant un bain de vapeur avec une humidité de 100 %, l’étanchéité ne doit comporter aucun défaut, que ce soit au niveau de la porte, du siphon, du bas des murs et du plafond. Il faut apporter une attention particulière à la porte qui doit avoir des bâtis spéciaux venant prendre à la fois le mur du hammam et le mur extérieur en formant un U. Il est aussi très fortement recommandé d’utiliser des joints en Epoxy, beaucoup plus résistants que des joints classiques. Cette résine a pour caractéristique d'être hydrofuge, anti-fissuration.

    • Un local technique à proximité

Contrairement au sauna où le poêle est à l’intérieur, il faut, pour un hammam, prévoir un local technique extérieur qui soit le plus près possible pour éviter d’éventuelles fuites de vapeur. Le local accueillera le générateur de vapeur, la pompe à parfum, le système de chauffage des bancs et l’adoucisseur éventuel.

    • Le générateur

Il existe deux types de générateurs :

à électrodes : ils fonctionnent par électrolyse, c’est-à-dire qu’ils utilisent les sels minéraux de l’eau pour générer un courant électrique entre une anode et une cathode. Ces appareils ne nécessitent généralement pas d’adoucisseur. Il existe deux régulations différentes. Les premiers sont dits ‘tout ou rien’ (ou TOR), ce qui signifie que le générateur de vapeur s’arrête lorsqu’il a atteint la température demandée dans le hammam. Les autres sont dits proportionnels ou modulants, car ils adaptent en permanence leur puissance de chauffe en fonction de l’écart entre la température mesurée dans le hammam et celle demandée par l’utilisateur. Les meilleurs appareils régulent de 20 % à 100 % de leur puissance nominale. On peut donc en attendre de grandes économies d’énergie ;

à résistance : la résistance chauffe l’eau selon le principe d’un fer à repasser, ce qui implique la mise en œuvre obligatoire d’un adoucisseur d’eau et des changements réguliers de bombonnes.
À noter, le générateur doit être performant car il fonctionnera plusieurs heures par jour, dimensionné à la taille du hammam et installé par un électricien et un plombier qualifiés.
Pour les hammams dont le volume est inférieur à 100 m3, le générateur fournit à la fois la vapeur pour chauffer le local et obtenir l’humidité de 100 %. Si le volume du hammam est supérieur, il faut installer à la fois un générateur et un chauffage séparé pour atteindre une température de 40 °C.
Le boîtier de contrôle ne doit pas être accessible au public, mais un système indépendant avec thermostat de sécurité peut être présent dans le hammam pour permettre aux clients d’ajuster la température, couplé à un système d’arrêt d’urgence si la température monte trop.

 

    • La ventilation

Elle est obligatoire dans les hammams accueillant du public et doit être raccordée directement à l’extérieur via une cheminée ou un tuyau dont les dimensions doivent être calculées pour ne pas aspirer toute la vapeur et ne pas assécher le hammam.

À quoi sert la ventilation ?

- À renouveler l’air, ce qui évite la sensation d’étouffement. Il faut prévoir un débit de ventilation d’au moins 20 m3/heure et par personne.
- Elle permet d’obtenir l’effet brouillard. L’absence de ventilation rend la pièce claire et chaude (sans brouillard).
- Elle accélère l’élimination de l’humidité après utilisation du hammam. En chassant l’air humide à l’extérieur, elle favorise le ‘séchage’ de la pièce, ce qui évite l’apparition de moisissures ou de champignons...

 

    • Les murs

Il existe deux techniques de construction des murs du hammam :
avec des panneaux de mousse en polyuréthane, qui s’adaptent aux formes arrondies du hammam et constituent un excellent isolant ;
avec des panneaux sandwich (une mousse de polyuréthane entre deux épaisseurs de béton précontraint), recherchés pour leurs qualités d’inertie. Ces panneaux permettent de passer tous les éléments techniques (éclairage, bouton d’arrêt d’urgence…) sans être traversant et donc sans risque d’infiltrations.

    • Le toit

Afin d’évacuer les gouttelettes d’eau accumulées au plafond pour qu’elles ne tombent pas sur les clients, il est conseillé de privilégier un toit pyramidal ou un toit voûté plutôt qu’un toit plat.

    • L’accès PMR

Comme nous le précisons déjà dans le chapitre Accessibilité et sécurité, l’ensemble des équipements de la zone humide – y compris le hammam – doivent être accessibles aux personnes à mobilité réduite ou malvoyantes. Ce qui implique des aménagements spécifiques.

Malgré les contraintes d’installation et d’entretien qu’il représente, le hammam fait partie des équipements indispensables d’un spa. Pour le client, il est source de détente et a des vertus bénéfiques pour la santé. En outre, il ne présente aucune contre-indication médicale, contrairement au sauna déconseillé aux personnes souffrant d’une fragilité cardio-vasculaire.

Pour l’exploitant, il apporte une réelle plus-value à son spa en matière de décoration personnalisable, d’intégration à un protocole de soins qui permettra au praticien/praticienne de proposer un rituel traditionnel (hammam, gommage, enveloppement, massage).
Il présente également l’avantage de pouvoir être utilisé seul, sans l’intervention de personnel, en l’intégrant dans un parcours de détente comprenant d’autres équipements (saunas, bassin hydromassant, douches sensorielles…) qui peut justifier la facturation de l’entrée, générant ainsi un chiffre d’affaires avec des charges d’exploitation limitées.

 


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Publié par Perrine EDELMAN



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