Didier Chenet (GNI) : "Il faut structurer le tourisme au niveau européen"

Le Groupement national des indépendants (GNI) veut s'assurer que les problématiques du secteur restent inscrites à l'agenda politique. L'organisation a ainsi formulé 35 propositions qu'elle soumet aux candidats aux élections présidentielle et législatives. Des propositions liées à l'actualité, comme le financement des entreprises et le remboursement des PGE, et à l'avenir de la profession, notamment face à la transition écologique. Tour d'horizon avec Didier Chenet, président du groupement.

Publié le 14 mars 2022 à 11:26

L’Hôtellerie Restauration : Vous formulez 35 propositions pour le secteur. Quelles sont les priorités ?

Didier Chenet : Nous présentons 35 mesures de natures diverses, avec un caractère plus ou moins important, en effet. Nous les avons répertoriées en cinq chapitres : gouvernance et promotion, emploi, formation et compétitivité, digital, écoresponsabilité et enfin pérennité des entreprises.
Pour ce qui concerne la gouvernance, j’insisterai sur trois points. Tout d’abord, il faut un ministre en plein exercice. On a vu pendant la crise sanitaire à quel point il est important de fluidifier la communication. C’est bien plus difficile quand on dépend d’un autre ministère. Nous pensons également qu’il faut développer cette réflexion et cette coordination du tourisme à l’échelle européenne. Il y a bien aujourd’hui un commissaire européen affecté au transport et au tourisme mais il faut structurer le tourisme au niveau européen. Et enfin, pour structurer notre profession - notre projet d’union étant à la traîne -, nous pensons que la meilleure des solutions est de créer une instance supérieure.
Sur l’emploi et la compétitivité, nous présentons deux mesures phares. Pour donner plus de pouvoir d’achat à nos collaborateurs, nous insistons sur la remise en place de la participation dans son état originel, pour toutes les entreprises de plus de 11 salariés. Cette participation à l’époque était donnant-donnant. Les salariés pouvaient en bénéficier mais on avait aussi une provision pour investissement. Et la deuxième des choses, c’est en matière de charges sociales. On ne peut pas avoir des taux de charges différents des autres secteurs, mais nous proposons que les entreprises qui ont une forte intensité de main-d’œuvre, comme le secteur de l’hôtellerie-restauration, puissent bénéficier d’un bonus via un abattement. De l’autre côté, les entreprises qui sont fortement robotisées et digitalisées, qui ne concourent pas au marché de l’emploi, auraient une sorte de malus.
Sur la formation, nous sommes de fervents défenseurs d’un opérateur de compétences [Opco] unique pour le tourisme. Pendant la crise, autour Jean-Baptiste Lemoyne, il y avait l’aérien, le voyage, les guides… Or, nous ne sommes pas sur le même Opco donc on ne peut pas profiter de passerelles entre nous. Ce n’est pas cohérent. Cela avait déjà été recommandé à l’époque où Edouard Philippe était Premier ministre. Et sur l’apprentissage, on demande au Gouvernement de maintenir et amplifier ce qui a été mis en place pendant la crise. La réforme de l’apprentissage est une excellente chose, et le Gouvernement doit maintenir ses dispositifs d’aides liés à l’embauche des apprentis.Nous développons également des propositions en matière de handicap. Nous travaillons sur ce sujet depuis huit ans au niveau des professionnels et pour l’apprentissage. Il y a également besoin de développer des formations pour les étrangers qui sont en situation régulière sur le sol français. Nous devons simplifier les démarches, et ça sera d’autant plus important avec la crise ukrainienne.
Ensuite, s’agissant du digital, notre combat consiste toujours à rétablir un équilibre entre les géants de l’internet et nos établissements. Il y a des mesures à prendre sur la réglementation, et nous demandons la création d’une plateforme d’alerte des mauvais agissements des plateformes numériques.
Sur l’écoresponsabilité et tous les sujets développement durable, la profession a déjà beaucoup avancé. Nous nous appuyons notamment sur ce qui a été fait par le comité filière tourisme et sur les travaux en matière de biodiversité. Mais nous pensons qu’il est impératif de mesurer l’impact de notre filière, pour qu’on puisse avancer et qu’on supprime tout un tas de labels pour avoir quelque chose de normatif.
Enfin, sur le côté financier, j’insisterai sur les prêts garantis par l’État [PGE]. Si nous les étalons, nos entreprises seront considérées comme défaillantes. Et nos banques ne nous prêteront plus, donc on ne pourra plus investir ni avoir recours au crédit-bail. Nous proposons ainsi deux idées : on regroupe tous les prêts antérieurs souscrits par l’entreprise avec le PGE et on refait un prêt global étalé sur dix ans, garanti par l’État à hauteur uniquement du PGE, et on rembourse toutes les dettes. Deuxième possibilité : créer un nouveau PGE, étalé sur dix ans dès le départ, accordé aux entreprises au même titre que le premier, pour aider à rembourser le premier. Une proposition à laquelle le Premier ministre n’est pas insensible.
Un dernier point important, c’est d’améliorer le sort des conjoints collaborateurs. On demande à aligner leur régime sur ce qui a été fait pour les autoentrepreneurs et qu’une pension de réversion minimale leur soit accordée.

>> Retrouvez les 35 propositions du GNI en cliquant ici.

Vous évoquez la création d’un ministère du Tourisme. Il y a déjà eu des secrétaires d’État affectés à cette mission… Pourquoi cette revendication ne voit-elle pas le jour ?

On ne considérait pas encore l’importance du tourisme dans l’économie française. Et la crise l’a remis en lumière, dans son ensemble. Ce n’est pas que les CHR, c’est tout un écosystème - avec le transport, l’industrie du voyage… - qui représente plus de deux millions de salariés.


Vous souhaitez que le terme de restaurant soit défini dans le code de la consommation. Qu’est-ce que cela apporterait au secteur ?

Il y a sept ou huit ans, nous avions déjà formulé cette demande. Mais à cette époque, on ne parlait pas enocre de circuits courts, de sourcing… On était dans une réflexion macro-agroalimentaire, si je puis dire. Nous pensons que l’heure est venue de remettre ce dossier sur la table. Les restaurants veulent s’identifier sur un retour aux sources, sur leur travail pour respecter le circuit court... Mais nous ne voulons pas non plus enfermer le terme de restaurant dans des critères trop restrictifs. Ce sont des discussions qui doivent être menées avec toute la profession, avec les filières alimentaire, agroalimentaire et agricole. On espère obtenir ce qu’ont obtenu les boulangers à l’époque : qu’un artisan boulanger soit le seul à pouvoir utiliser ce terme.

 

Il n’y a que deux mesures en faveur du développement durable. Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

Il n’y en a que deux, mais ce sont deux énormes mesures. Aujourd’hui, il y a plein de labels. Comment fait-on pour réunir tout ça ? Atout France a repris l’idée de verdir les étoiles, par exemple. Nous sommes convaincus que cela fait partie de l’attente des clients et de l’envie de bon nombre de professionnels. C’est un sujet extrêmement vaste. Ces deux mesures regroupent beaucoup de choses. Ce que nous ne voulions pas, c’était de faire un inventaire à la Prévert. Nous avons formulé des propositions pragmatiques qui sont le fruit d’une réflexion globale.

 

GNI Didier Chenet


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Publié par Romy CARRERE



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