Ras-le-bol des hôteliers à Font-Romeu

Font-Romeu (66) Les professionnels romeufontains sont remontés contre la concurrence déloyale des résidences de tourisme. Mais aussi contre les taxes jugées trop élevées et une conjoncture peu réjouissante. Le point avec Luc Debroux, propriétaire de l'hôtel Carlit et président de l'Association des hôteliers de Font-Romeu.

Publié le 27 juin 2014 à 13:20

L'Hôtellerie Restauration : comment se mesure aujourd'hui la crise de l'hôtellerie traditionnelle à Font-Romeu ?

Luc Debroux : Les chiffres en disent long : il y avait 25 hôtels il y a vingt-cinq ans, une douzaine il y a dix ans, et il en reste sept aujourd'hui. Soit moins de 200 chambres d'hôtellerie traditionnelle pour toute la station. C'est une évolution qui s'explique par plusieurs facteurs : d'abord, le changement de normes de santé, il y a déjà une vingtaine d'années, lorsque la Sécurité sociale a privilégié les traitements médicamenteux de l'asthme plutôt que les séjours dans les zones de montagne comme la nôtre. Nous avons ensuite connu deux hivers désastreux sans neige entre 2006 et 2008. Enfin, le nombre de résidences défiscalisées de tourisme a connu une croissance inversement proportionnelle à la baisse de l'offre de l'hôtellerie traditionnelle, ce qui a été fatal à nos établissements indépendants. 

Quelles sont les conséquences de ces difficultés ?

Il n'y a qu'à regarder l'hôtel Sun Valley pour les voir : il est fermé depuis un an et demi. Ce sont 42 chambres en moins et surtout treize familles qui travaillaient à l'année dans cet établissement trois étoiles qui sont aujourd'hui sans emploi. Toute l'économie locale souffre de cette concurrence déloyale des résidences de tourisme, d'autant qu'elles travaillent désormais à la nuitée car elles doivent faire face, elles aussi, à la baisse de fréquentation de la station. À cette différence notoire que nous ne jouons pas avec les mêmes règles, puisque les hôteliers sont tenus à des obligations de service et ont donc des charges qui les pénalisent lourdement. Résultat : le taux d'occupation moyen des hôtels se situe aujourd'hui entre 40 et 45 % sur l'année.

Quelles sont les perspectives d'évolution ?

Nous avons des atouts à faire valoir face à cette concurrence des résidences de tourisme. D'abord en termes de services, pour récupérer notamment une clientèle familiale avec enfants pour que les parents profitent de véritables vacances pendant leur séjour. C'est un atout très apprécié des clients de l'hôtellerie traditionnelle. En plus, avec la baisse de fréquentation générale, les résidences de tourisme n'ont plus l'élasticité de prix en période de pointe, et nous redevenons aujourd'hui concurrentiels si on raisonne en termes de 'chambre sèche'. Mais encore faut-il le faire savoir. D'où l'importance de mettre en oeuvre une politique commerciale concertée. C'est pourquoi j'en appelle à la municipalité, afin que les hôteliers soient intégrés aux groupes de réflexion sur l'économie locale, pour assumer des actions de commercialisation tous ensemble, être davantage présents sur les salons professionnels, par exemple, et valoriser la station comme destination. Il y a urgence si l'on veut sauver ce qu'il reste de l'hôtellerie traditionnelle dans notre commune.


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Publié par Francis MATÉO



Commentaires
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luzarp

vendredi 27 juin 2014

Je voudrais que les hoteliers arrêtent de mettre toutes les RT dans le même panier. Il y a les RT gérées par les grandes enseignes qu'on retrouve au SNRT et les autres. Les autres ce sont tous les pigeons de la défiscalisation qui essayent de s'en sortir pour finir les fins de mois et payer le crédit d'un appartement qu'ils ne peuvent pas vendre sans se faire flinguer par le fisc. Ces pigeons aimeraient afficher 40 à 45% de taux d'occupation... Malheureusement si nous n'atteignons qu'un maigre 25% c'est l'eldorado. Raz le bol d'être constamment pris pour des américains. Les hôteliers ont leurs problèmes, nous, nous avons les nôtres : la seule différence c'est que nous, nous n'avons jamais choisi de devenir hébergeurs et franchement on s'en serait bien passé. Enfin, n'oubliez pas que si les RT sont dans vos montagnes c'est parce que le parc immobilier était vieillissant, que le nombre de chambres était en nombre insuffisant par rapport à la politique touristique de l'époque. Bref pour toutes ces raisons l'Etat a trouvé par l'artifice de la défiscalisation un bon moyen de trouver du financement et si aujourd'hui on voit cohabiter des hôteliers et des RT, de grâce ne nous mettons pas dos à dos car ni vous ni nous n'avons choisi cette cohabitation.
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ycinotti

samedi 28 juin 2014

Qu'est-ce qu'une 'résidence défiscalisée de tourisme' ? Il existerait donc en France des entreprises défiscalisées !

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