Pascaline Lepeltier, sommelière engagée

Installée à New York depuis douze ans, la sommelière nous fait part de son expérience et aborde les difficultés à durer dans la profession quand on est une femme.

Publié le 03 décembre 2021 à 10:08

C’est depuis New York (États-Unis), où elle s’est installée il y a douze ans, que la Française Pascaline Lepeltier poursuit son avancée sur la route du vin. Celle qui collectionne les récompenses - parmi lesquelles le titre de Master Sommelier, obtenu en 2014, ainsi que celui de Meilleur ouvrier de France en 2018 - est sur le point d’ouvrir un nouvel établissement à Manhattan, où elle partagera sa passion pour les vins français.

Les femmes et la sommellerie

Première femme à avoir reçu, en 2019, le prix de la personnalité de l’année décernée par la Revue du vin de France, Pascaline Lepeltier suit avec intérêt la progression des femmes dans cet univers longtemps resté essentiellement masculin. “Il y a une vraie féminisation de la profession ces dernières années”, relève-t-elle, ce qu'elle trouve “fantastique.” Cette évolution est encore plus notable dans les formations liées au vin : “Je constate un quasi-équilibre, voire une dominante féminine parmi les candidats. Le vin semble attirer non seulement beaucoup de jeunes, mais aussi beaucoup de femmes.”

Hélas, les choses semblent moins roses du côté de la salle : “Depuis le début de ma carrière, on y retrouve les mêmes problèmes structurels de représentation du rôle de la femme, avec une vision parfois encore misogyne, explique-t-elle. La difficulté de mener une vie de famille en parallèle [demeure], car les métiers de la restauration font travailler en décalé. Je vois de manière assez constante des jeunes femmes qui décident d’arrêter le métier de sommelière pour des raisons familiales.” En conséquence directe, il y a de moins en moins de femmes dans les postes de carrière longue”. S’il y a bien une féminisation du métier, la donne n'est donc plus la même “dès lors qu’on parle de carrière entière. Il y a peu de femmes qui font ça toute leur vie… Moi-même, je sais que j'ai pu mener cette carrière parce que je n’ai pas d’enfant. Mon métier, à l’heure actuelle, ne me permet pas d’en avoir. Et si en plus, on désire faire des compétitions, ça devient extrêmement compliqué.”

Outre le dilemme des horaires, la question du salaire est également en cause : “À New York ou Londres, les salaires de sommelier ne suivent pas pour permettre d'élever un enfant, confie Pascaline Lepeltier. Ici, à Manhattan, il est impossible de pouvoir payer une nounou avec un salaire de sommelière en salle.” S’il y a, bien sûr, “des exemples remarquables de femmes qui ont réussi à conjuguer la sommellerie et les enfants, cela reste une vraie minorité.” Cherchant son inspiration du côté du Canada, et surtout du Québec, elle relève que là-bas, “il y a énormément de sommelières, et à des postes de haute responsabilité. Elles sont plus nombreuses aussi à avoir des enfants. Au Québec, les questions homme-femme se posent de manière moins virulente.”


Les tendances vins au restaurant

Concernant les nouvelles clientèles férues de vin, Pascaline Lepeltier constate que “d’un côté, il y a des gens très aisés qui découvrent le vin et ne veulent goûter que des vins rarissimes. Ils sont dans la recherche de l’étiquette, suivent énormément les ventes et les réseaux sociaux, avec aussi une volonté de goûter le futur grand cru, dans un esprit de spéculation. Ils créent même une inflation sur certains vins, dont les prix explosent, comme ceux du Jura, par exemple. Ce sont des gens issus du monde de la technologie, de la finance, du sport... De l’autre côté, nous avons une clientèle très soucieuse des questions sociétales, qui les apportent dans leur consommation. Ces clients-là vont notamment vers des vins engagés écologiquement et socialement”.


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Publié par Anastasia CHELINI



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