La validité des titres-restaurants prolongée en pleine fronde des restaurateurs contre les commissions

Si à la réouverture des restaurants en juin, les Français ont massivement réglé leurs additions avec des titres-restaurants, les restaurateurs rejettent cet effet d'aubaine en raison de commissions qu'ils jugent abusives. D'autant que le ministre de l'Économie, Bruno le Maire, a annoncé que la validité des titres-restaurants 2020 sera prolongée jusqu'au 1er septembre 2021.

Publié le 10 décembre 2020 à 15:05

Deux chèques-vacances de 10 €, 2 titres-restaurants de 7 € et un règlement sans contact de 1,20 € pour payer une addition de 35,20 € : Xavier Castillan, gérant de la Table du Campagnard à Treffort (Isère), s’indigne avec une pointe d’espièglerie : “Je me suis demandé comment le client allait faire pour le pourboire mais il n’y en avait pas.” Président des Maîtres restaurateurs de l’Isère, Xavier Castillan a fait une belle saison d’été, mais un peu gâchée par les titres-restaurants. “En l’absence d’étrangers, nos clients étaient français. Du fait du confinement, ils avaient des stocks de titres à écouler et le déplafonnement à 38 € a provoqué cette inflation. Cela représente 6 000 € d’encaissements pour l’été, ce qui devrait nous réjouir mais j’ai calculé avoir réglé sur ce montant jusqu'à 6 % de commission selon des variables incompréhensibles. C’est inacceptable !”, s’emporte le cuisinier qui plaide pour une commission à 2 ou 3 % et des titres-restaurants émis par les organisations professionnelles ou les Maîtres restaurateurs.

 

“Le système a été dévoyé”

Pour Bernard Boutboul du cabinet Gira Conseil, il ne faut pas être excessif : “Les titres-restaurants sont aux restaurateurs ce que Booking.com est aux hôteliers. Des services qu’ils plébiscitent car ils favorisent ou facilitent leur activité mais dont ils contestent ensuite les commissions.” François Barbey, directeur de marché du groupe Up, l’un des opérateurs de titres-restaurants, voudrait aussi nuancer : “Des restaurateurs nous comparent à un moyen de paiement ce que nous ne sommes pas. Nous apportons des affaires et, pour ce service, nous prenons une commission de 3,3 %. Ce qui n’est pas excessif au regard de la rémunération prélevée par d’autres intermédiaires, jusqu’à 20 % parfois, dans la livraison ou la prise de réservation par exemple !

À Paris, au café des Philosophes (Paris, IIIe), le gérant, Xavier Denamur est en grève illimitée depuis février contre les titres-restaurants. “Avec la dématérialisation, on nous avait promis une baisse des frais de gestion donc des commissions. Il n’en fut rien. Sur une addition, on nous prélève dix fois plus de commission qu’un règlement en carte de crédit. J’ai des clients qui gagnent 25 000 € par mois et qui payent avec ces titres subventionnés. Le système est dévoyé. Je demande en outre que la condamnation, en décembre dernier, des opérateurs de titres-restaurants à 415 M€ d’amende pour entente illégale, reviennent, en partie, dans la poche des victimes que nous sommes”, s’emporte le restaurateur.

Titres Restaurant


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Publié par Francois PONT



Commentaires
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Jeremy ETIENNE

jeudi 10 décembre 2020

Des apporteurs d’affaire? Excellent 😂
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jeudi 10 décembre 2020

Les émetteurs de Titres restaurant abusent d’un régime, à l’origine prévu dans une optique sociale, qui les laisse libres d’imposer leurs commissions et leurs règles de fonctionnement aux restaurateurs, sans aucun contrôle réel des pouvoirs publics.
Avec des commissions volontairement illisibles mais dépassant fréquemment 4%, les émetteurs de Titres Restaurant, en dépit de lourdes amendes de l’Autorité de la Concurrence, persistent à considérer les restaurateurs comme des vaches à lait d’un système à finalité sociale devenu une juteuse source de profits faciles.
L’apparition de Cartes Restaurant, qui ne se distinguent des Cartes bancaires que par leurs commissions exorbitantes, a aggravé la situation. En trompant facilement la vigilance des restaurateurs, et sans qu’aucune autorisation ne soit demandée, le paiement par Carte Restaurant induit des commissions opaques et démesurées.
La Commission Nationale des Titres Restaurant se révèle incapable de traiter ce dysfonctionnement puisque ses membres émetteurs de titres refusent obstinément de l’évoquer en son sein.
Face à ce blocage, il faut soutenir l’action de Xavier Denamur et que les restaurateurs demandent aux pouvoirs publics la dissolution de la CNTR et la reprise en main du système des Titres Restaurant par l’édiction de garde-fous contre le dévoiement par des groupes financiers d’une institution à vocation sociale devenue une source extrêmement lucrative de profits indus.
Il faut que les pouvoirs publics imposent l’obligation d’une autorisation préalable sur les TPE avant toute transaction par Carte Restaurant et fixent un taux de commission maximal de 1,5%.
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Romain VIDAL

jeudi 10 décembre 2020

C'est le décret qui a créé le titre-restaurant qui est apporteur d'affaire aussi bien pour les restaurants que pour les émetteurs (sans oublier l'employeur et le salarié).
Les émetteurs ne sont pas apporteur d'affaire car c'est un mode spécial de paiement qui est accepté dans la plus part des commerces alimentaires, de l'épicier au primeur en passant par le boulanger ; le salarié est libre de l'utiliser comme bon lui semble.
Il faut aussi rappeler que les taux évoqués ici sont des taux hors frais techniques et hors taxe appliqué à un chiffre d'affaire TTC.
On pourrait aussi évoquer le taux de commission initial du titre-restaurant : 0%.
L'actualité du titre-restaurant va être très intéressant à suivre pour 2021...
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Romain VIDAL

jeudi 10 décembre 2020

Juste pour information, la CNTR n'est pas composée que d'émetteur et celle-ci va être supprimé prochainement ; les discussions du futur du TR a commencé depuis septembre à un rythme très lent au sein de la DGCCRF sous l'encadrement de Bercy et du Travail.

La grève du TR est complètement inutile ; les TR seront utilisés ailleurs dans d'autres commerces, sans aucun problème pour le salarié et l'émetteur.
L'acceptation du TR est un choix commercial que certains restaurateurs ne peuvent pas se permettre de renoncer ; accepter le titre papier qui a un taux de commission faible (avec certaines techniques) et refuser les TR dématérialiser peut-être une solution...
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jeudi 10 décembre 2020

Oui, je souscrit tout-à-fait à cela. C'est ce que je fais pour ma part. Et je prends la peine d'expliquer à touts mes clients auxquels je refuse leur Carte restaurant pour quelle raison je le fais (commission exorbitantes et injustifiées, croissance annuelle à deux chiffres dont se vante Edenred, sur le dos des restaurateurs, alors que ceux-ci sont confrontés aux problèmes que l'on sait, démesure du taux de commission par rapport à celui pris par les banques pour les CB, amende de la Direction de la concurrence et de la répression des fraudes). Les clients comprennent tout cela, et ils reviennent !
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Daniel MORET

vendredi 11 décembre 2020

Tout à fait d’accord. J’ai toujours considéré que le système était vicié. N’oublions pas non plus que les émetteurs facturent déjà en amont des commissions aux entreprises qui commandent les titres pour les remettre à leurs employés . Jackpot...
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Hervé Duplessis

vendredi 11 décembre 2020

J'ai même su d'une employée de l'un de ces émetteurs qu'ils n'hésiteraient pas à payer certaines entreprises pour qu'elles les choisissent. On peut ainsi lire dans un article du 07/03/2014 sur le site Challenge.fr (https://www.challenges.fr/entreprise/la-carte-qui-remplace-les-tickets-restaurant-et-autres-cheques-dejeuner-est-elle-une-arnaque_30574) :
« Aujourd’hui les entreprises peuvent changer de fournisseur d’un mois sur l’autre et la concurrence est telle entre les tickets restaurants que les sociétés employant plus de 10.000 salariés n’ont aucune commission à payer pour obtenir des tickets restaurants. Plus étonnant encore, plusieurs groupes français ont même obtenu récemment des commissions négatives : c’est à dire que c’est l’émetteur des tickets qui paie son client pour avoir le droit de lui fournir les titres de ses salariés. Il se rembourse ensuite aisément en faisant payer les restaurateurs »...
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Alain de Vielder

dimanche 20 décembre 2020

Notons au passage le cynisme de François Barbey qui illustre, si c'était encore nécessaire, le mépris et l'état d'esprit de ces prestataires.

Comme le dit très justement Romain Vidal, ils n'apportent rien du tout à la restauration, ils profitent d'une disposition sociale pour se gaver comme des moines sur notre dos.

Ils ont juste capturé cette disposition pour leur seul profit.

Quand nos syndicats taperont-ils enfin du poing sur la table ?
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Romain VIDAL

dimanche 20 décembre 2020

@Alain de Vielder :
https://www.lhotellerie-restauration.fr/journal/salon-concours-syndicat-association/2020-12/restaurateurs-et-boulangers-demandent-un-plafonnement-des-commissions-des-titres-restaurant.htm?fd=plafonnement%2Band%2Btitres%2Drestaurant
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lundi 21 décembre 2020

Les clients que les émetteurs de titres restaurant leur sont tellement précieux que je souhaite les leur laisser.
Malheureusement avec leur habileté à contourner notre vigilance il y a des règlements qui passent quand même. Les cartes sont cachées dans des Smartphones ou noyées dans une fonction globale de paiement par carte.

Nous demandons simplement d'avoir la possibilité effective de pouvoir refuser ces moyens de paiement sans avoir à déjouer les plans tordus des émetteurs pour tromper notre vigilance.

Le choix par un commerçant des modes de règlement qu'il accepte n'est -il pas un droit légitime.
Alors pourquoi tant d'acharnement à nous obliger d'accepter les cartes des émetteurs des titres repas. L'historique bande des 4 est vraiment à l'origine des méthode malsaines qui se développent de plus en plus

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