Lier deux passions – la littérature et l’hôtellerie - dans un même métier : c’est ce qui a conduit l’hôtelier Jacques Letertre à changer le positionnement de ses hôtels pour fonder, en 2013, la Société des hôtels littéraires. Progressivement, il rénove chacune de ses adresses pour les faire monter en gamme et les dédier à un écrivain célèbre, s’appuyant sur une impressionnante collection personnelle de livres, manuscrits, éditions originales… Après l’hôtel Le Swann, ouvert en 2013 à Paris, dédié à Marcel Proust, suivent ceux célébrant Gustave Flaubert à Rouen, Alexandre Vialatte à Clermont-Ferrand, Marcel Aymé et Arthur Rimbaud à Paris, et, le dernier en date, Stendhal à Nancy.
Mais c’est sous l’impulsion de son fils, Alban Letertre, alors directeur financier, que le groupe s’engage en 2017 dans la transition environnementale, “grâce à un travail mené conjointement avec Bpifrance, qui venait de lancer son dispositif Diag Éco-Flux”, se souvient-il. Des audits sont réalisés dans tous les établissements de groupe sur l’eau, l’énergie et la gestion des déchets. “Nous avons constaté que nous pouvions faire énormément d’économies, et avons lancé les travaux nécessaires.”
Car Alban Letertre est déjà sensibilisé sur ces questions quand il rejoint la société familiale. Expert financier, il a exercé plusieurs années auprès de grandes banques et a participé au lancement des premiers programme de finance verte. “Nous étions au tout début de la RSE dans le milieu bancaire, personne n’y croyait vraiment. Aujourd’hui c’est impossible de passer à côté”, sourit-il.
Entreprise à mission depuis 2021
Quand arrive le Covid, Jacques et Alban Letertre poursuivent leur réflexion : “Nous sentions que nous devions nous réinventer.” Les dirigeants trouvent dans le positionnement singulier de leur groupe la réponse à leur question : “Chaque jour, nous défendons la littérature dans nos hôtels et à travers les événements culturels et les prix littéraires que nous organisons, les présentations de livres, de manuscrits, les liens avec les librairies, les étudiants, ou encore les collections de mon père. C’est pourquoi nous avons décidé de devenir société à mission avec comme raison d’être de rendre la littérature accessible au grand public”, et ainsi de faire du séjour hôtelier un voyage littéraire et artistique chez un auteur.
La Société des hôtels littéraires devient en 2021 la première entreprise à mission dans l’hôtellerie, et prolonge cette action par un engagement environnemental, puisque tous les hôtels sont labellisés Clef Verte et font l’objet d’un bilan carbone. Alban Letertre rejoint également le réseau Coq vert de Bpifrance, une communauté d’entrepreneurs qui militent en faveur de la transition écologique.
“La fierté de participer à cette aventure”
Le volet sociétal fait partie intégrante de cette ambition et le groupe multiplie les initiatives en faveur des équipes : événements en interne, newsletters, échanges de bonnes pratiques, formations régulières, actions en faveur de la parité – tous les directeurs d’hôtels sont des directrices, sauf à l’hôtel Stendhal. Des actions facilitées par un comité de gouvernance RSE, composé du responsable du groupe en la matière, du manager régional et d’une personne par hôtel, qui participe sur la base du volontariat et ce, quel que soit son poste. “L'idée c'est que tout le monde puisse échanger et dire comment il imagine l'évolution de la RSE”, souligne Alban Letertre, désormais directeur général.
Et de poursuivre : “Nous cultivons une proximité avec l’ensemble de nos salariés, pour qu’il y ait une unité et cette fierté partagée de développer la Société des hôtels littéraires, de participer à cette aventure”. L’accent est également mis sur l’évolution interne, qui a notamment permis à une ancienne réceptionniste d’occuper aujourd’hui le poste de directrice d’hôtel. Une politique qui permet de lutter contre le turn-over et de répondre à la quête de sens dans le travail, souvent mise en avant par les jeunes générations.
Prochaine étape : l’hôtel George Sand, prévu à Bordeaux en 2026. “Nous voulions absolument consacrer un hôtel à une femme”, explique Alban Letertre. Le groupe – qui est propriétaire murs et fonds de ses établissements – souhaite ouvrir un hôtel tous les deux à trois ans, et étendre son maillage à l’ensemble du territoire, mais toujours avec le même objectif : transformer le voyage en immersion littéraire.

Publié par Roselyne DOUILLET

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