Table Ronde offre un espace de liberté aux chefs

Paris (75) Ce nouveau concept s'inspire des 'supper clubs' américains qui ont vocation à offrir des expériences culinaires inédites et éphémères en invitant ceux qui font avancer la cuisine.

Publié le 29 janvier 2013 à 13:14

Même si, in fine, on se restaure à Table Ronde, ce lieu n'est pas un restaurant. Tout du moins pas au sens où on l'entend. "Nous nous en rapprochons par l'aspect juridique et les normes, rapporte Nicolas Chatenier, le fondateur, mais la comparaison s'arrête là. Nous n'avons ni carte, ni chef attitré et nous ouvrons de façon aléatoire."

Le créateur de Peaceful Chef, agence qui accompagne les chefs dans leur développement marketing, mûrissait ce projet depuis trois ans. "Après avoir mis en avant les chefs lors de la manifestation Paris des Chefs, j'avais envie d'aller plus loin. De créer un endroit propice à la dégustation, ouvert aux chefs, où ils pourraient venir présenter leur travail."

Face aux contraintes d'accueil du public, Nicolas Chatenier s'est décidé à racheter un ancien restaurant japonais pour créer l'espace dont il rêvait. À l'image des 'supper clubs' américains, sa Table Ronde peut recevoir 16 convives privilégiés autour d'un chef-créateur. "Plus qu'un endroit pour se restaurer, c'est un lieu pour s'informer sur la cuisine", insiste ce fin observateur du monde culinaire dont le but est de faire tomber les barrières entre les chefs et les convives.

Programmation de dîners inédits

Pour faire vivre Table Ronde, ce défenseur de la création culinaire mitonne depuis octobre dernier une appétissante programmation de dîners inédits, exclusifs et sur-mesure en invitant chefs et producteurs qui font avancer la cuisine. Anne-Sophie Pic, David Zuddas, Olivier Nasti, Denny Imbroisi ont déjà donné des dîners sur place. D'autres sont d'ores et déjà programmés avec Alexandre Gauthier, Olivier Nasti, Christopher Hache et Jérôme Chaucesse, le duo cuisinier-pâtissier en place au Crillon…

Sans pour autant se cantonner à la haute gastronomie puisque Table Ronde reste ouvert à tous types de projets, comme les paninis de Pressing, "à partir du moment où ils sont bons à manger et à penser". Encore une fois, le souhait est de présenter un instantané de la cuisine contemporaine. Quel intérêt pour les chefs ? "Loin de chez eux, dans un endroit avec moins de couverts que dans leur restaurant, sans la pression des services, nous leur offrons un espace de liberté privilégié, une occasion de sortir de leur cuisine", assure le diplômé de Sciences Po.

Les clients, eux, ont une vraie vision de ce qui se passe dans les assiettes. Ils sont en prise directe avec le cuisinier, aux premières loges de la création afin de comprendre et décrypter la cuisine du chef-invité et d'échanger avec lui. "Il s'agit aussi bien d'interroger le chef que le client, le rapport est bénéfique pour les deux", observe Nicolas Chatenier.

Relation particulière chef-client

Table Ronde fonctionne à deux vitesses : en version grand public, avec une programmation de dîners qui se vendent sur internet (110/240 €, vin compris), comme des spectacles et en privé pour des entreprises, des marques, clubs ou chefs qui souhaiteraient privatiser l'espace. "Nous aimerions que les chefs s'en emparent pour faire des sessions d'essais ou réfléchir à une nouvelle carte sans déranger l'activité de leur établissement, comme un laboratoire de production, ce que très peu de chefs possèdent", poursuit Nicolas Chatenier.

Le projet pensé et conçu par Bruno Borrione, disciple de Philippe Starck, interroge le concept même du restaurant et la relation particulière chef-client. Inversement aux conventions, la cuisine est au coeur de l'espace, ceinturée par un comptoir en demi-lune, volontairement limité à 16 couverts, qui offre une vue plongeante sur le plan de travail et le chef à l'oeuvre.

Tel un spectacle, le cuisinier fait son show en direct. "Nous avons voulu recréer les conditions comme si on mangeait au passe, offrir une expérience culinaire inédite, un moment exclusif et privilégié à une clientèle d'amateurs", conclut Nicolas Chatenier. Pari réussi.


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Publié par Julie GERBET



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