Philippe François : "Retirons l'inutile de nos programmes pédagogiques"

Chasse au gaspi, réseaux sociaux à apprivoiser, normalisation des programmes sans gommer les spécificités de chacun… L'Association mondiale pour la formation hôtelière et touristique (Amforht) explore des pistes novatrices. Le point avec Philippe François, son président.

Publié le 12 septembre 2012 à 14:07

Quelles sont les nouveautés, au sein de l'Amforht, pour la rentrée 2012-2013 ?

Nous poursuivons notre réorganisation interne. Sur le plan à la fois géographique et fonctionnel. Nous comptons actuellement 254 adhérents, répartis dans une cinquantaine de pays. Avec eux, nous revoyons les fondements de l'ADN de l'Amforht. À savoir : être le réseau professionnel qui s'intéresse à l'homme dans le tourisme et qui regroupe aussi bien écoles que professionnels et organisations internationales.

La chasse au gaspi est devenue l'un des chantiers prioritaires de l'Amforht. De quoi s'agit-il exactement ?

Nous essayons de revenir aux fondamentaux de l'enseignement hôtelier et touristique. Nous faisons en sorte de reprendre l'ensemble de nos programmes pédagogiques et d'en retirer l'inutile. De ne cibler que ce qui concerne les métiers visés par les jeunes. Il faut éliminer les heures de cours qui ne sont pas absolument nécessaires et les consacrer à d'autres apprentissages plus pertinents. En France comme à l'étranger.  

Les réseaux sociaux font également l'objet de débats au sein de l'Amforht. Pourquoi ?

D'un côté, nos professions demandent de l'humanisme ; de l'autre, nous voyons apparaître les réseaux sociaux. Notre objectif est de faire en sorte que ces réseaux aient un fond et un sens humanistes. C'est ce que j'appelle 'l'humanisme technologique'. Aujourd'hui, dans le service à l'autre, il faut savoir créer un humanisme sur des bases technologiques. 


Quels sont les autres dossiers prioritaires ?

L'accompagnement des chefs d'entreprises. Ce que j'ai intitulé : 'ensemble pour la vie'. En effet, une école n'est pas là uniquement pour former des jeunes. Elle occupe une place importante dans la vie de l'entreprise. L'école doit être un partenaire permanent du chef d'entreprise. C'est ce que nous essayons de développer à l'Amforht. Par ailleurs, avec l'Organisation mondiale du tourisme, nous menons une réflexion quant à la normalisation des programmes au niveau mondial. Quelle serait la codification idéale ? Tout en sachant qu'il faut préserver la création de programmes spécifiques liés aux régions où les écoles sont implantées. Ce n'est pas simple. Surtout à l'heure où le monde - tout comme les écoles - évolue vite. Un diplôme et une formation doivent pouvoir s'exporter d'une école à une autre à travers le monde sans pour autant altérer la créativité et la liberté d'enseigner.


Selon vous, les écoles sont-elles suffisamment influentes aujourd'hui ?

Il faut redonner une puissance politique aux écoles hôtelières : l'école ne doit pas être seulement au service de la profession. Elle a des recommandations à faire, elle n'est pas qu'un fournisseur. À titre d'exemple, une école hôtelière est-elle suffisamment impliquée dans les prises de décision d'aménagements touristiques ? Je pense que non…

Où et quand aura lieu le prochain forum mondial de l'Amforht ?
Il est prévu à Stratford-upon-Avon, en Angleterre, du 29 novembre au 2 décembre 2012. Nous y attendons 200 personnes.


Publié par Propos recueillis par Anne Eveillard



Commentaires
Photo

En cliquant sur publier vous acceptez les [conditions générales d'utilisation]

Voir notre Politique des données personnelles