Transmission de fonds de commerce : un marché grippé

Depuis trois ans, le nombre de cessions de fonds de commerce ne cesse de diminuer. En restauration, le Bodacc a enregistré moins de 8 000 transactions en 2015, contre plus de 10 000 en 2012. Des chiffres inquiétants. Analyse avec Philippe Maître, président de la commission commerce Fnaim et administrateur de la chambre des experts Fnaim.

Publié le 11 mai 2016 à 16:58

L'Hôtellerie Restauration : Pourquoi ces chiffres sont-ils inquiétants ?

Philippe Maître : Malheureusement, ces chiffres signifient que de nombreux professionnels du secteur veulent vendre mais n'y parviennent pas ou, quand ils y parviennent, c'est à moindre prix. Le site de L'Hôtellerie Restauration affiche plus de 27 000 fonds de commerce à vendre et selon le sondage réalisé par CHD Expert en 2015 auprès de professionnels du secteur, un tiers des dirigeants déclarait avoir mis en vente son établissement et un tiers envisageait de vendre dans les 24 prochains mois. Or, selon le Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales [Bodacc], le secteur CHR a enregistré seulement 11 000 cessions en 2015. Cela montre qu'il y une disproportion entre l'offre - qui existe bel et bien - et la demande. Associés à une économie morose, ces chiffres sont inquiétants.

 

Les prix de cession en souffrent-ils ?

Oui, les prix baissent en raison de l'abondance de l'offre et de la rareté des acquéreurs. Cela est vrai pour tous les commerces, comme les chiffres du Bodacc le révèlent avec un prix de cession en recul de 5 % en 2015 - une chute de 10 % en trois ans ! On le constate également sur le marché de la transaction de droit au bail avec une baisse de l'ordre de 17 % de la valeur du droit au bail et de 6 % de la valeur locative selon les chiffres de l'Argus de l'enseigne. Pour autant, il y a un vrai décalage entre le prix de vente affiché et le prix de cession réellement agréé. Sur le site cession-PME, les restaurants en vente s'affichent en moyenne au prix de 285 000 €, alors que selon le Bodacc, un restaurant se vend en réalité 130 000 € en moyenne*, soit une baisse de plus de 50 % par rapport au prix moyen de mise sur le marché. Cette décote est également de l'ordre de 30 et 45 % pour les débits de boissons.

 

Que révèle, selon vous, ce décalage entre le prix de mise sur le marché et le prix de vente réel ?

Cela montre que le marché de la transmission en France souffre d'un manque de dynamisme pour faire face aux besoins de chefs d'entreprise du secteur, notamment de ceux qui atteignent l'âge du départ à la retraite. Les acquéreurs sont-ils découragés par les prix de vente trop élevés qui ne leur garantissent pas un revenu suffisant ou par leurs conseils qui les incitent à davantage de prudence ? Difficile à dire. On peut également s'interroger sur les efforts déployés par les pouvoirs publics pour encourager la création d'entreprises alors qu'il y en a de nombreuses à reprendre et que les chances de succès sont plus favorables pour les repreneurs : 88 % de ceux qui ont repris une entreprise en 2011 étaient encore actifs en 2015, alors que le taux de survie des entreprises à cinq ans, selon l'Insee, s'élève à 51,5 %.

 

Un conseil pour les propriétaires qui envisagent de céder leur fonds dans le contexte actuel ?

Il n'est jamais bon qu'une affaire traine sur le marché. Plus les délais de mise en vente s'étalent dans le temps, plus l'exploitant est à même de se décourager, ce qui peut se traduire par une baisse de son chiffre d'affaires et donc une perte de valeur du bien. Le délai moyen en France atteint 400 jours ! La réalisation d'une expertise par un expert indépendant avant la mise en vente du fonds peut être utile. Cela permet au chef d'entreprise de se faire une idée de la valeur vénale de son fonds. Et, si celle-ci est inférieure à ce qu'il espérait, cela lui donne des pistes d'action pour agir en conséquence. Les membres de la chambre des Experts Ceif-Fnaim sont d'ailleurs de plus en plus nombreux à proposer ce service.

 

*160 000 € pour la restauration traditionnelle et 80 000 € pour la restauration rapide


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Publié par Tiphaine BEAUSSERON



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