Entre désarroi et résilience, les restaurateurs face aux émeutes urbaines

Marseille (13) De nombreux restaurants, fast-foods et surtout plus de 250 bar-tabacs (autant que les agences bancaires) ont été pris pour cible depuis cinq jours, à des degrés divers, par les émeutiers, souvent très jeunes. Des professionnels témoignent.

Publié le 03 juillet 2023 à 16:52

“Venez travailler dans nos restaurant plutôt que de les casser”

Stéphane Manigold, propriétaire de six restaurants et président du groupe Eclore : “Il faut appeler à l’apaisement. La justice doit passer. Dégrader nos entreprises ne sera jamais une solution. Nous, les restaurateurs, sommes un ascenseur social, avec plus de 400 métiers à offrir. L’une des solutions à ces émeutes, c’est le travail. J’ai appelé au calme. Les conséquences sont lourdes, avec 15 à 60 % de réservation en moins dans l’hôtellerie. C’est un mauvais signal. Rue du Louvre, les terrasses sont vides. La pandémie, le remboursement des PGE, les grèves..., cette accumulation est intenable. Quand il y aura le coup de trop, ce sera trop tard !”

 

“Les commerces, les bars, les boulangeries, ils ont tout saccagé ”

Angélique Hue, responsable du restaurant Léo à Table à Rouen (Seine-Maritime) : “ Nous sommes un restaurant d’insertion avec trois employés en salle et six en cuisine. Ce sont des gens fragiles qui ont été éloignés de l’emploi pendant longtemps ou des réfugiés politique. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des jeunes masqués ont tout cassé. Les portes, les vitres ont été détruites. Ils ont brûlé le bar, brissé les verres, les bouteilles. Ce n’était pas du pillage mais de la destruction. À part vandaliser gratuitement, que savent-ils faire ? La police a fait des relevés d’empreintes. Nous ne sommes pas les seuls : les commerces, les bars, les boulangeries, ils ont tout saccagé. Je suis très affectée. J’attends une réunion avec le gérant pour savoir ce que l’on va devenir. Il y en a pour des mois à réparer. Nous serons sans doute en chômage partiel à 72 % de notre salaire sans pouvoir travailler ailleurs, pour ne pas perdre ce droit. Ils ont détruit l’avenir de gens en plus grande précarité qu’eux.”

 

“Les pilleurs n’ont pas touché au bar, ils ne cherchaient que ce qui a de la valeur”

Le gérant du bar-tabac la Vecquerie à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) : “De très jeunes vandales, entre 13 et 17 ans, ont mis à sac notre bar-tabac vers 1 h 30 du matin. On s’en sort bien, car ils n’ont pas eu accès aux réserves de cigarettes et d’argent verrouillés dans des coffres. La police est intervenue et a arrêtée deux mineurs en flagrant délit. Nous sommes moins touchés que les tabacs du centre-ville. Ma femme est très choquée. Nous ne pourrons rouvrir que lorsque des vitrines blindées anti-balles seront installées ce qui n’est pas simple au regard du nombre de commerces détruits.”

 

“En voyant les pilleurs en action, j’ai pensé à Orange mécanique

Bernard Marty, président de l’Umih des Bouches-du-Rhône : “Jeudi soir, en sortant d’une réunion, j’ai assisté au pillage des restaurants du Vieux-Port. Les hôtels sont concernés mais moins. Plus de 400 commerces ont été détruits dans le centre de Marseille au point que les vandales recommandaient sur les réseaux sociaux de se reporter sur d’autres communes mieux achalandées En les voyant, j’ai pensé à Orange mécanique. Ils étaient plus de 3 000 en petits groupes mobiles. La situation est très grave. Ils ont totalement ravagé la brasserie le Soleil. À la Samaritaine, ils ont empilé la terrasse pour y mettre le feu. Le restaurant Une table au Sud, de l’étoilé Ludovic Turac, n’a été épargné que grâce à la résistance de son rideau de fer. La région et la ville viennent de débloquer 12 M€ pour les commerces vandalisés. Je recommande aux restaurateurs de fermer encore à 19 heures ce soir et je demande au ministre des Finances d’échelonner sur dix ans le remboursement des PGE. La trésorerie, dans ces circonstances, sera le nerf de la guerre.”

#Emeutes#

 

 


Photo

Publié par Francois PONT



Commentaires
Photo

En cliquant sur publier vous acceptez les [conditions générales d'utilisation]

Voir notre Politique des données personnelles



Vidéos-Podcasts


Newsletter

Ne Ratez plus l'actualité , abonnez-vous à la newsletter quotidienne !


Dernières offres d'emploi

Chef de partie H/F

72 - ARNAGE

Auberge des Matfeux, restaurant gastronomique (Maître-Restaurateur et Collège Culinaire de France) à Arnage près du Mans, recrute un/une CHEF DE PARTIE et un/une CHEF DE RANG. Expérience en restaurant gastronomique exigée. Fermé dimanche et lundi. Poste 39h/ hebdomadaires annualisées + badgeuse.

Posté le 27 avril 2024

Chef de partie H/F

17 - LA ROCHELLE

Le bistrot des Pêcheurs sur le vieux port de La Rochelle recherche un Chef de parti confirmé pour le poste des entrées pour la saison a venir contrat saisonnier de 6 ou 9 mois Salaire entre 1800 et 2000 net a négocier selon profil. 2 jours de repos. cuisine de bistrot poisson et fruit de mer

Posté le 27 avril 2024

Chef de rang H/F

75 - PARIS 10

Restaurant LA BÉCANE, Maître Restaurateur, Paris 10, cuisine Française 100% maison, Chefs : Salomé & Nicolas Reynaud, Belle Clientèle - 50% étrangère Recherchent h/f: - CHEFFE / CHEF de RANG. Expérience exigée. Anglais Obligatoire - CDI, rémunération de base :1850€ net- 39h - Petite équipe trè

Posté le 27 avril 2024