Encore jeune, la classe Réceptionniste en hôtellerie du concours Un des meilleurs ouvriers de France (MOF) compte aujourd’hui deux lauréats seulement : Claire Dupleix et Maxime Blot. Une rareté qui souligne autant l’exigence du concours que le chemin qu’il reste à parcourir pour faire reconnaître ce métier de service parmi les plus techniques. "Il faut donner envie aux professionnels de s’inscrire", insiste Sylvia Harrault, directrice de l'hôtel Baume, à Paris et présidente de la classe. Pour elle, le concours MOF est une chance unique de valoriser un parcours, de défendre une vision de l’accueil et de la transmission.
Longtemps réservé aux métiers dits manuels, le concours MOF s’est ouvert à d’autres champs de compétences, comme l’hébergement hôtelier. "L’épreuve reste marquée par une culture scolaire très forte, avec des exigences de préparation et de formalisation parfois éloignées du quotidien des candidats", explique Sylvia Harrault. Cette rigueur académique peut surprendre : "On sait tous conduire, mais si on devait repasser le permis, on serait probablement de mauvais candidats", glisse-t-elle avec humour.
Deux phases dans le concours
Concrètement, le concours se déroule en deux temps. Une première phase dite de “vérification des fondamentaux”, puis une deuxième qui permet au candidat de déployer son expertise à travers une épreuve de management et la présentation d’un chef-d’œuvre. À chaque étape, les attentes sont élevées : maîtrise technique, capacité d’analyse, prise de hauteur de la part du candidat. Au-delà de récompenser un bon professionnel, le concours permet également d’identifier une figure de référence capable de représenter toute une profession. "C’est un concours évalué par les professionnels. Il y a une grille d’évaluation, des notes, mais ce n’est pas forcément celui qui va avoir les meilleures notes qui va être nommé MOF. Dans le jury, on se demande si le candidat peut nous représenter dans la profession. Toute la partie connaissances du référentiel est indispensable pour passer les étapes mais il y a la maturité, la prise de hauteur, l’analyse de son métier et de l’industrie dans laquelle le candidat travaille qui sont également pris en compte dans le jugement", détaille la présidente de classe.
Le titre, individuel, s’inscrit dans un temps long. Il ne couronne pas seulement un savoir-faire, mais une posture, une maturité professionnelle. Il appelle aussi à un engagement : transmettre, prendre la parole dans les écoles, s’investir dans la communauté. "L’après MOF est tout aussi important. Il faut que l’entreprise puisse donner une suite à ce parcours, en reconnaissant la progression du candidat", souligne Sylvia Harrault.
Pour elle, le concours MOF n’est pas un aboutissement, mais un levier. Une invitation à sortir de sa zone de confort, à revisiter ses acquis, à se projeter dans l’avenir de son métier. "On a trop tendance à dévaloriser les métiers d’accueil. Pourtant, ils sont au cœur de l’expérience hôtelière." Le concours MOF leur donne l’occasion de faire entendre leur voix.

Publié par Romy CARRERE