C’est un tragique événement pour l’hôtellerie-restauration de montagne. En pleine saison, dans la nuit du 20 janvier 2019, l’Isba, ancien hôtel des années 1950 transformé en logement pour saisonniers à Courchevel 1850, a été victime d’un incendie criminel. Le bilan est lourd : deux morts, une vingtaine de blessés, dont certains grièvement. L’enquête établira qu’un individu, connu pour trafic de stupéfiants, a volontairement allumé le feu. Cependant, la justice a également retenu la responsabilité du propriétaire, Éric Claret Tournier (Maison Tournier), figure connue de l’hôtellerie-restauration dans les Alpes. Elle pointe une « violation manifestement délibérée des obligations de sécurité », qui a conduit à une sévère condamnation : trois ans de prison, dont six mois fermes sous bracelet électronique, 50 000 € d’amende et 700 000 € à verser par ses sociétés. Éric Claret Tournier doit en outre indemniser toutes les victimes et publier le jugement à ses frais dans la presse et en mairie de Courchevel. Jugé en correctionnelle, il a plaidé l’absence d’intention criminelle, invoquant un manque d’information sur les travaux nécessaires.
Signal d’alerte
« C’était au preneur (le groupe Tournier a racheté l’Isba en 2010) de se mettre en conformité de manière administrative », déclare le parquet, qui rappelle le principe : « Nul n’est censé ignorer la loi. » Héritier d’une famille installée à Courchevel depuis 1948, Éric Claret Tournier gère dix-huit hôtels, bars et restaurants, et emploie près de 450 salariés. Ce verdict, plus sévère que les réquisitions, résonne comme un avertissement pour l’hôtellerie de montagne. Dans des stations où le foncier atteint une moyenne de 20 000 euros le mètre carré, le logement des saisonniers reste un casse-tête. L’incendie de l’Isba rappelle que le respect scrupuleux des normes est la seule défense crédible devant les tribunaux. À chacun désormais d’en tirer la leçon. Cet évènement tragique souligne l’obligation absolue de conformité aux normes de sécurité, notamment dans les logements de travailleurs saisonniers. Il doit servir de signal d’alerte à toute la profession : vigilance, respect des arrêtés, entretien rigoureux et transparence sont essentiels pour éviter que le drame de l’Isba ne se reproduise ailleurs.

Publié par Fleur TARI-FLON

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