La réforme de l’enseignement professionnel suscite encore des interrogations

Les mesures prévues pour la classe de Terminale, dans le cadre de la réforme de l’enseignement professionnel, en laissent plus d’un perplexes. Directeurs d’établissements et enseignants s’interrogent sur leur mise en place. Plusieurs syndicats appellent à la grève le 12 décembre prochain.

Publié le 04 décembre 2023 à 10:23

Le 22 novembre dernier, Carole Grandjean a présenté, à la presse, la réorganisation annoncée de l’année terminale en lycée professionnel. La ministre déléguée, en charge de l’Enseignement et la Formation professionnels, a rappelé les trois objectifs visés : “Réduire le décrochage, améliorer l’insertion dans l’emploi et faciliter les poursuites d’études. Car, aujourd’hui, sur 100 élèves en lycée professionnel, un tiers décrochent, 39 % trouvent un emploi, les autres poursuivent leurs études, mais la moitié seulement réussit à aller jusqu’au bout du cursus. Ce constat évoqué par la ministre incite à poursuivre la réforme de l’enseignement professionnel, amorcée en 2022 sous l’impulsion du président de la République, Emmanuel Macron. Mais, sur le terrain, enseignants et directeurs d’établissements s’interrogent. Parce que la réforme casse l’organisation et le fonctionnement actuels de la classe de Terminale en lycée professionnel. Dès la rentrée 2024, celle-ci prévoit “un bloc commun de 30 semaines, dont 22 de cours, 6 de formation en milieu professionnel et 2 d’examen, puis un bloc personnalisé qui s’ajuste au projet de l’élève, avec 6 semaines - entre la fin mai et le début du mois de juillet - dédiées au stage ou à la poursuite d’études”, détaille Carole Grandjean. Quant au ‘chef-d’œuvre’, il devient ‘oral de projet’ fin juin, avec des épreuves du bac calées en mai et l’assiduité parmi les “conditions d’obtention” du diplôme. D’où des notes qui ne seront données qu’en juillet. “Notre objectif est ainsi de mieux accompagner le projet de l’élève et de l’aider à réussir, notamment grâce à une meilleure articulation entre cours et stage”, souligne encore la ministre.

 

“Qui va donner les cours ?”

Parmi les premiers perplexes : de nombreux directeurs délégués à la formation professionnelle et technologique (DDFPT). Leur mission : gérer, organiser et piloter l’enseignement professionnel et technologique dans les lycées. “Nous faisons face à tous les problèmes du quotidien d’un établissement. Stages, emplois du temps, distribution des salles, animation des équipes, relation avec les entreprises… avec la réforme, il va falloir à nouveau tout réorganiser. Et ce, dès le début de l’année 2024, car c’est là que nous commençons à préparer les plages horaires de la rentrée suivante”, confie Arnaud Freulon, DDFPT hôtellerie-restauration au lycée Jeanne Delanoue, à Cholet (Maine-et-Loire). Il s’interroge aussi quant aux six semaines post-examen : “Les jeunes vont-ils avoir envie de partir en stage alors qu’ils pourraient gagner plus en partant faire une saison ?” “Et ceux qui vont opter pour une poursuite d’études vont revenir faire du français, des maths, de la gestion… en pleine période d’examens. Mais qui va donner les cours ?”, questionne pour sa part Alain-Pierre Hermouet, DDFPT au lycée Notre-Dame du Roc, à La Roche-sur-Yon (Vendée).

 

“Ne raisonnons pas dans l’urgence”

“Certes, la réforme comporte des points intéressants, mais elle reste source de questionnements pour les équipes”, reconnaît Esther Milland, présidente de l’Anephot. Comment intégrer cette Terminale dans les façons de fonctionner de chaque établissement ? À terme, cette dernière année sera-t-elle un bon tremplin pour les jeunes ? Va-t-elle faire monter en compétences et en culture générale ? Va-t-elle correspondre aux attentes des entreprises ?... “Essayons de prendre du recul. Ne raisonnons pas dans l’urgence”, suggère Serge Daniel, directeur du lycée Notre-Dame du Roc. Sauf que les textes validant cet aspect de la réforme doivent passer au Conseil supérieur de l’Éducation le 14 décembre prochain. “Les intentions sont bonnes. Il est toujours intéressant d’amener du plus à l’élève”, commente pour sa part Christophe Joublin. Mais le président de l’Association française des lycées d’hôtellerie et de tourisme (Aflyht) nuance vite son propos en parlant de “mise en place décousue”. “Nos réalités de terrain sont déjà bien chargées en fin d’année, surtout quand un établissement a plusieurs filières et plusieurs diplômes. Et c’est sans compter les candidats libres : ils sont 300 à Marseille, rien que pour le CAP pâtisserie !”

 

“Nous sommes encore dans le flou”

Du côté de Carole Grandjean, on écoute, on a conscience des réserves de certains, mais rien ne filtre pour le moment. Au dernier congrès de l’Anephot, Michel Lugnier, inspecteur général de l’éducation, du sport et de la recherche, a poursuivi la logique pédagogique de la ministre en reprenant les grandes lignes de la réforme en cours. Mais pour Christophe Joublin, “nous sommes encore dans le flou”. Conséquence : les principaux syndicats de la formation professionnelle appellent à la grève le 12 décembre 2023 et exigent le retrait de la réforme du lycée professionnel. D’une même voix, les syndicats SNETAA-FO, CGT Éduc’action, SNUEP-FSU, SNEP-FSU, SUD Éducation, SNALC et CNT pointent “une dégradation brutale et scandaleuse de la classe de Terminale”.


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Publié par Anne EVEILLARD



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