Du tac au tac avec… Dominique Crenn

L'Hôtellerie Restauration : Avez-vous toujours su que vous feriez de la cuisine ?

Dominique Crenn : L'art a toujours fait partie de ma vie. Je voulais être photographe, même si le monde de la gastronomie m'attirait, je savais que mon voyage me mènerait vers un endroit où j'utiliserais ma créativité, ma pensée et mes émotions. La cuisine est l'outil d'aujourd'hui, un langage que j'utilise pour dialoguer avec les autres, pour éveiller l'autre curiosité.

Pourquoi revenir en France ? 

Je ne suis pas revenue en France car je suis toujours en voyage ! Je suis partie de la France pour découvrir des choses nouvelles, m’exprimer… Aux côtés de Jeremiah Tower - après mon arrivée à San Fransisco - j’ai découvert le goût de l’art, ma propre expression à travers les couleurs de la nature… Avec Paris, j’ai une histoire personnelle forte liée à ma naissance et à ma mère biologique. J’avais avant tout envie de faire découvrir aux Français, en toute humilité, la cuisine californienne au-delà de la pizza et des burgers, l’âme gastronomique de la Côte Ouest dans sa diversité, sa curiosité, son ouverture sur le monde.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’intégrer le jury de Top Chef

Top Chef m’a approchée, il y avait Hélène [Darroze], puis Stéphanie [Le Quellec]… Et je trouve ça primordial de pouvoir donner des références aux jeunes et aux jeunes femmes qui sont l’avenir de la cuisine. Nous sommes le pont, nous donnons de notre expérience et nous recevons beaucoup d’inspiration de la part de la relève. Ça permet de se remettre en question. Nous sommes là pour transmettre, faire plaisir, donner de la confiance, écouter leur histoire à raconter et c’est agréable de vivre ces moments avec mes collègues chefs.

Quel est l’importance de la transmission pour vous ?

Je suis à la fois étudiante et enseignante. Je partage mon expérience et mes connaissances avec les autres, ces informations les aideront à forger leur propre chemin et leur propre vision. Partager, c'est prendre soin des autres, alors oui, c'est une nécessité pour tout être humain de donner aux autres.

Le plus important pour une cuisine durable ?

La cuisine est un mouvement constant, qui évolue sans cesse, mais le lien avec les autres nous permet de continuer à avancer. La nourriture est au cœur de toute société, la cuisine sera toujours vivante. Sans nourriture, pas d'humanité.

Ce dont vous ne pourriez pas vous passer en cuisine ?

Simplement l’amour.

Un plat signature ?

Chaque plat est une signature, comme chaque plat est une histoire, une pensée, une émotion, un objectif.

La meilleure façon d’être un bon manager ?

Être un leader qui écoute son équipe, la guide et la valorise. Avoir de l'humilité et de l'humanité pour diriger. Un leader a besoin de construire une grande fondation, celle-ci commence par le respect et la compréhension de chacun. Je vous vois et je vous laisse travailler pour construire une pièce maîtresse tous ensemble. Il faut savoir ne pas avoir d'ego.

Êtes-vous proche de la nature ?

Je fais partie de la nature, l'homme fait partie de la nature. Souvent, nous, en tant qu'humains, l'avons oublié. La nature est essentielle à notre bien-être, à la planète. Oui, la nature est mon monde.

Quel produit refusez-vous de travailler ?

Tout produit issu de l'élevage industriel ou de la production de masse avec des OGM. Nous avons des agriculteurs et des éleveurs formidables qui font ce qu'il faut, qui mettent de l'amour et de la passion dans leur travail, ce noble travail. Soutenons-les.

Trois produits de base pour un menu ?

Du sel, de l’huile d’olive, du citron.

Un vin d’anthologie ?

Un chablis grand cru.

La meilleure chose que vous ayez jamais goûtée ?

Un pan con tomato.

Un rêve pour le futur ?

Je me concentre sur le présent pour forger le futur.

 

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