Fiche pratique : comment gérer la capacité de votre restaurant grâce au Revenue Management

Le développement d'activités annexes, d'offres spéciales, une gestion plus fine des réservations et de la durée des repas permettent d'optimiser au mieux l'utilisation de son restaurant.

Publié le 20 février 2019 à 10:25


Les restaurants vendent des plats et des menus mais également la possibilité pour le client d'occuper une place pendant un temps donné. Pendant les périodes de forte activité (souvent le vendredi et samedi soir), le chiffre d'affaires dépend de la bonne utilisation de la capacité du restaurant. Une utilisation optimale améliore aussi les résultats car les recettes augmentent alors que les charges liées à la capacité (loyers, amortissements…) restent fixes. 

 
On peut considérer que le Revenue Management en hôtellerie a été une sophistication de pratiques déjà anciennes rendue possible par le recours systématique à l'informatique pour l'observation et la prévision des ventes. Il est certain que les restaurants vont disposer à leur tour de moyens de plus en plus efficaces pour gérer leur capacité et transformer les pratiques empiriques en Revenue Management. Voici quelques-uns des leviers de cette technique.



 Augmentez l'amplitude d'utilisation de la capacité

- De nombreux concepts de restauration cherchent à mieux rentabiliser l'investissement réalisé dans la capacité en développant des activités annexes qui utilisent les infrastructures en dehors des heures de service. Dans la journée, il peut s'agir d'une boutique d'épicerie fine, d'un salon de thé, d'une école de cuisine, de ventes de plats à emporter… En soirée, on cherche à retenir les clients venus dîner en leur offrant un espace bar autour d'une piste de danse, par exemple. Ces activités sont facilement rentables car il suffit que le chiffre d'affaires généré soit supérieur aux coûts directs de fonctionnement constitués essentiellement par les matières et la main d'oeuvre.

- Tout le monde connaît la pratique des happy hours dont l'objectif est d'attirer une clientèle sensible aux prix en dehors des heures de pointe et/ou de déplacer une partie de la clientèle des heures de pointe vers d'autres créneaux horaires de façon à augmenter l'amplitude d'utilisation de la capacité.

- Les restaurateurs doivent mieux utiliser les réservations. Lorsqu'un client réserve pour un samedi soir à 20 h 30, service déjà complet ou sûr de l'être, on peut tenter de déplacer sa réservation en lui proposant d'arriver plus tôt ou plus tard, en fonction des prévisions qu'on aura faites et des tables déjà réservées. Cette proposition doit être assortie d'une incitation qui prendra la forme de prestations offertes ou d'une remise. Les compagnies de transport ne font rien d'autre lorsqu'elles proposent d'avancer ou de retarder votre départ pour bénéficier d'un meilleur tarif. 

Pour mettre en oeuvre cette gestion dynamique des réservations, il faut notamment disposer d'informations précises sur l'heure d'arrivée des clients et sur la durée du repas.
 


Réduisez l'incertitude des heures d'arrivées et les no-shows

L'incertitude de l'heure d'arrivée du client et les 'no-show' compliquent fortement la gestion de la capacité d'un restaurant. Les clients en retard empêchent souvent le restaurateur de louer la table une nouvelle fois au cours de la soirée ou d'avoir eu la possibilité de la louer avant. Les no-shows font courir le risque d'une table inoccupée si d'autres clients, qui viennent sans avoir réservé (walk-in), ne se présentent pas.

- Les restaurateurs ne sont pas les seuls à connaître des no-shows. Les compagnies aériennes ont résolu le problème avec la pratique de billets non remboursables pour certains tarifs, ou de pénalités en cas d'annulation. Les hôtels emploient également les moyens dissuasifs du pré-paiement ou de la non-garantie de la réservation au-delà d'une heure donnée. Les clients se sont progressivement habitués à ces pratiques et les trouvent justes.

- Aux États-Unis, il est de plus en plus fréquent de demander, au restaurant, un numéro de carte de crédit lors de la réservation, en indiquant la pénalité qui sera débitée en cas d'annulation de dernière minute ou de no-shows. En France, il n'est pas certain que les clients soient prêts à accepter cette contrainte, comme ils le font dans d'autres secteurs. 

Par contre, à l'instar de l'hôtellerie, une observation systématique des annulations et des no-shows permettra de pratiquer l'overbooking sur des bases sûres : si vous observez sur une période suffisamment longue que le pourcentage de no-shows est de 10 % le samedi soir, vous pouvez prendre sans trop de risques 10 % de réservations en plus de votre capacité.

- Les incitations à respecter l'heure d'arrivée se sont rapidement développées ces dernières années. Pour ne citer que les principales, il s'agit d'informer le client que la réservation ne sera plus garantie au-delà d'une certaine heure et de rappeler le client la veille ou le jour de la prestation : le restaurateur s'assure ainsi de la qualité de la réservation, du nombre de convives. En outre, il responsabilise le client.
 


 Réduisez l'incertitude de la durée du repas

Contrairement à l'hôtellerie ou au transport aérien où la durée de consommation du service est connue, la gestion de la capacité d'un restaurant se heurte à une difficulté supplémentaire qui est l'incertitude de la durée du repas. Les restaurateurs peuvent encore améliorer le contrôle qu'ils doivent exercer sur cet aspect essentiel de leur activité.

- Comme souvent en gestion, la première étape consiste à réunir les informations nécessaires à l'analyse de la situation. Il faut donc mesurer la durée du repas, service par service, jour par jour, et même en fonction du nombre de convives par table. La durée moyenne vous donnera un objectif à améliorer, mais ce sont surtout les différences que vous constaterez entre les services, les jours, d'un samedi à l'autre, qui vont vous révéler les dysfonctionnements de votre organisation : quels sont les plats qui retardent le service, les problèmes d'organisation de la cuisine et de la salle, les problèmes de communication… 

La mesure de la durée totale peut être complétée par des mesures partielles, de l'arrivée à la prise de commande, de la prise de commande au service des entrées… Les améliorations que vous pourrez apporter pour aller vers des durées plus homogènes de repas profiteront à tous, clients, employés et entreprise.

- Les restaurants de grande capacité utilisent des logiciels qui permettent un véritable pilotage du service, le responsable de salle disposant d'un tableau de contrôle lui permettant de savoir si pour chaque table le service se déroule dans les délais prévus.

- La pratique du Revenue Management en hôtellerie a conduit à utiliser un nouvel indicateur de performance, le Revpar (chiffre d'affaires par chambre disponible) destiné à sensibiliser les équipes à la gestion de la capacité. Pour aller dans le même sens, la performance de la salle qui est habituellement mesurée par l'addition moyenne et le taux de fréquentation pourrait l'être désormais par le Revpash (voir lexique ci-dessous). Le Revpash est particulièrement pertinent pour mesurer la contribution au chiffre d'affaires en fonction du nombre de convives par table. Il vous permettra de savoir s'il vaut mieux accepter deux réservations pour deux ou une réservation pour quatre, et d'améliorer accessoirement vos plans de salle.

Toutes les conditions sont réunies pour un développement du Revenue Management en restauration. Certes, le rendement de ces techniques ne sera peut-être pas aussi spectaculaire qu'en hôtellerie, en raison d'une structure des coûts différente et d'un levier prix moins efficace, mais elles sont un complément indispensable au contrôle des coûts.
 

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Publié par Jean-Claude OULÉ



Commentaires
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Yves Cinotti

jeudi 21 décembre 2017

Je ne pense pas que l’on puisse véritablement parler de revenue management en restauration. Toutes les tactiques suggérées sont certes pertinentes. Mais pratiquer le revenue management, c’est créer des catégories tarifaires auxquelles on propose des tarifs et des conditions différentes. C’est en tout cas ce qui est fait dans le domaine des transports, de la location de voitures et l’hôtellerie. Cela me semble impossible en restauration. Il faudrait disposer de jeux de cartes avec des tarifs différents. Il faut donc trouver une autre dénomination que « revenue management » ou « yield management ».
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Jean-Claude OULÉ

vendredi 29 décembre 2017

Ce n'est pas l'avis des spécialistes américains comme Sheryl Kimes. En fait, le RM est un outil de gestion d'une capacité fixe, la tarification différenciée est un moyen d'optimiser cette gestion mais il en existe d'autres comme ceux suggérés dans l'articl.

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