Effectivement, le marché de la cession de fonds de commerce CHR s'est figé et je ne saurais pas vous expliquer le pourquoi de cette baisse dans de telles proportions. En revanche, quelques éléments pourraient l'expliquer en partie. D'une part, je pense que sous le quinquennat de François Hollande, l'engouement pour l'entrepreneuriat a faibli. Peut-être aussi que la France a bouclé sa période de désindustrialisation. Il n'y a plus de grands plans de licenciement ouvrant la voie à de la reconversion subie qui permettait à des cadres d'investir, pour changer de vie, dans la reprise de restaurants et d'hôtel-bureaux.
En effet, une cession ne peut se faire qu'en présence des ratios financiers cohérents, d'où leur importance lors d'une estimation de valeur. Mais, au-delà de la capacité d'autofinancement d'une affaire, il y a le reste à vivre, c'est-à-dire la part de profit réellement disponible pour l'exploitant une fois toutes les charges déduites de l'EBE.
Voulez-vous dire que l'offre de cession existe mais qu'elle ne séduit pas assez la demande ?
Je veux dire que, hormis Paris qui est un cas à part, l'exploitation d'un commerce de proximité ne séduit plus. La désertification des centres-villes parle d'elle-même. Pourtant, je suis convaincu que le marché pourrait être redynamisé si les intermédiaires spécialisés en cession de fonds de commerce arrivaient à mieux le structurer. Souvenons-nous de l'enquête pas si lointaine [mars 2015] de CHR Expert publiée dans L'Hôtellerie Restauration qui faisait ressortir que 2/3 des dirigeants de CHR envisageaient de céder leur fonds ! Quand on sait que la France compte 200 000 entreprises CHR, les 5 000 mandats de vente enregistrés au sein de notre réseau ne représentent qu'une infime partie des mandats de vente que nous pourrions obtenir - même si tous les CHR ne sont pas à vendre.
Loin de nous l'idée de nuire aux hôteliers avec ce bail. Au contraire. Ce bail permet au locataire et à Airbnb de faire légalement ce qui se faisait déjà illégalement et, de ce point de vue, assainit les relations locataire-bailleur. S'il est vrai que des hôteliers souffrent de l'explosion des locations de courte durée Airbnb, je ne crois pas que ce bail qui, encore une fois, ne fait que réguler une situation de fait, aggravera leur situation. Plus généralement, je pense que cette plateforme ne disparaîtra pas. Les hôteliers qui ont mis leur chambre d'hôtel sur Airbnb l'ont bien compris.
Publié par Tiphaine BEAUSSERON