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Les Français, rois du pétrole à Dubaï

Emploi - lundi 27 février 2012 17:31
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Dubai (EMIRATS ARABES UNIS) Bons salaires, pas d'impôts, solide expérience dans un contexte multi-culturel, la cité-Etat des émirats fait rêver... Et les Français dans la restauration et l'hôtellerie tirent leur épingle du jeu comme en témoignent quelques "success stories".



Le tourisme se développe à Dubaï : 50 nouveaux hôtels devraient ouvrir en 2012, soit une augmentation de 10 % du parc hôtelier en unités de chambres (le parc est actuellement de 73 500 chambres), explique Pascal Maigniez, directeur marketing du département du tourisme et commerce de Dubaï.
La crise a frappé durement, notamment du fait de l'éclatement de la bulle immobilière. Le petit État des Emirats accueille huit millions de visiteurs par an, rappelle néanmoins Pascal Maigniez : "La crise n'a pas changé l'emplacement géostratégique de Dubai." Si de nombreux projets sont aujourd'hui en suspens, les investissements se poursuivent et des complexes pharaoniques voient le jour. À l'instar de la tour Burj Khalifa, la plus haute du monde, qui culmine à 828 mètres. Elle abrite l'hôtel Armani et At.mosphere, le restaurant le plus haut du monde. Mieux vaut ne pas avoir le vertige pour y travailler car il est situé au 122e étage de la tour (442mètres). 

"Des postes dont vous n'auriez pas pu rêver en France"
Les grands noms de la restauration soient présents : Yannick Alléno a ouvert son concept 'S.T.A.Y' dans le resort de luxe The One and Only, Pierre Gagnaire un Reflets by Pierre Gagnaire dans l'Intercontinental Festival City, Michel Rostang a une brasserie de luxe dans l'Atlantis... Quant à Guy Savoy, il devait signer la table de l'hôtel Tiger Woods mais la crise est passée par là et le complexe pourrait bien ne jamais voir le jour.
Particularité locale, la plupart des restaurants sont situés dans des grands hôtels. Et pour cause, seuls ces derniers disposent de la licence pour servir de l'alcool. "On compte environ quatre restaurants pour un hôtel de 200 chambres. La part de la restauration est très importante dans le cycle de rentabilité des hôtels", souligne Pascal Maigniez. Les hôtels, principaux lieux de sociabilité où convergent locaux et expatriés sont aussi les principaux employeurs. 
"Beaucoup de Français occupent des postes à responsabilités, des fonctions de jeunes cadres ou 'junior executives'", explique Pascal Maigniez. "Les Français jouissent d'une excellente réputation", ajoute-t-il. Hugo Sanalitro, directeur des opérations à Reflets by Pierre Gagnaire dans l'InterContinental à seulement 26 ans, se réjouit : "On vous confie des postes dont vous n'auriez pas pu rêver en France."
 
"Carte à jouer"
Il faut néanmoins apporter deux bémols à notre réputation aux yeux des employeurs : "nos prétentions salariales et notre niveau de langues", relève Pascal Maigniez. Or la maîtrise de l'anglais est essentielle. La connaissance de l'arabe est un plus mais n'est pas déterminante. Un solide sens du management est requis car il n'est pas évident de composer avec l'ensemble des nationalités et des religions présentes sur le sol de Dubaï.
La main-d'oeuvre venant d'Asie du Sud-Est n'est souvent pas qualifiée. "Il faut dix commis à Dubaï pour faire le travail de deux apprentis en France", lâche un chef français installé à Dubaï. Patience, flexibilité et ouverture d'esprit donc, martèle-t-il...
"Un jeune en début de carrière a aussi sa carte à jouer", note encore Pascal Maigniez. À ceux qui sont désireux de tenter l'aventure, il conseille de se rendre aux grands salons de l'industrie : Arabian Travel Market (30 avril-3 mai) et Hotel show (15-17 mai), des rendez-vous incontournables des hôteliers de la région. Marion Jamrik, une jeune diplômée de 23 ans, y est allée au culot. Elle s'est payée un billet d'avion avec ses économies et a décroché un poste dans le resort de luxe The One et Only. Pascal Maigniez assure : "Dubaï est un fantastique tremplin. C'est le laboratoire de la mondialisation." Un laboratoire à la (dé)mesure de la Burj Khalifa. Vertigineux…

Laure Guilbault

Témoignages

Maxime Luvara, le prince au Burj Al Arab 
Le Burj Al arab, l'hôtel pharaonique en forme de voile appartenant au groupe Jumeirah, est l'emblème du Moyen-Orient. "Il se visite comme la Tour Eiffel", s'amuse Maxime Luvara. Dans cet établissement de 202 chambres, avec piste d'atterrissage pour hélicoptères, on ne compte pas moins de dix majordomes par étage et une brigade de 12 personnes seulement pour prendre les réservations. À 41 ans, Maxime Luvara dirige une équipe de 220 personnes en cuisine. Avant cela, il a veillé sur les cuisines de Spoon d'Alain Ducasse au Saint Géran sur l'île Maurice. Au Burj Al Arab, la plupart des produits sont importés. "J'ai trois arrivages de Rungis par semaine; le caviar vient de la société Caviari." Les huit restaurants de l'hôtel sous sa houlette réalisent un chiffre d'affaires d'environ 500 000 € par mois. 

Etienne Haro, Reflets by Pierre Gagnaire.
Tom Meyer, un Australien, directeur général de l'InterContinental Festival City, et grand fan de Pierre Gagnaire, rêvait de faire venir le chef à Dubaï. C'est chose faite : le restaurant est considéré comme le meilleur de Dubaï et figure désormais sur la liste San Pellegrino des meilleurs restaurants du monde. "Nous avons une très forte identité française. Nous n'avons pas voulu imiter la culture locale, nous ne voulions pas tomber dans cet écueil", explique Etienne Haro à qui le groupe InterContinental a confié l'ouverture de la franchise Reflets by Pierre Gagnaire. "Le groupe est très ouvert sur la restauration. Nous avons eu une liberté quasi-totale sur le design. Nous avons 'poussé' pour que le restaurant soit très gastronomique." Ouvert en pleine crise, les débuts furent difficiles mais le chef Olivier Biles et son équipe ont permis au restaurant de s'imposer :

À Reflets, le personnel représente 50% du chiffre d'affaires (contre 20% en moyenne). Une 'success story' qui n'a pas échappé à la compagnie aérienne Emirates : elle a choisi Etienne Haro comme 'ambassadeur'.

Hervé Courtot, le capitaine Némo à l'Atlantis
Un chef français, maître de la cuisine japonaise dans un émirat ? À y perdre son latin ! À 40 ans, Hervé Courtot dirige Nobu, le gros navire dans l'Atlantis, le resort gigantesque sur la Palme. Les fondateurs de Nobu (Nobu Matsuhiba et l'acteur Robert de Niro) lui laissent carte blanche. L'admiration est réciproque. Sa rencontre avec Nobu Matsuhita est une révélation. "Le deuxième coup de foudre de ma vie, après ma femme", plaisante Hervé Courtot.

Pour accéder à Nobu, on passe devant un aquarium géant et on traverse un décor jonché de torches et de coquillages. Le design du restaurant est réalisé par David Rockwell. Hervé Courtot exécute les plats phares de Nobu comme le Bar à la sauce piment jalapeno, ou au miso, le Tacos de homard au wasabi… Quelques adaptations locales ont été nécessaires : "Il y a normalement un petit pourcentage d'alcool dans la sauce soja. Ici, nous avons fait une sauce soja sans alcool." Rien ne provient du Golfe. Tout est importé du Japon et de France. "Les poissons locaux sont bons mais pas assez pour Nobu", explique-t-il.
Le succès du groupe tient aussi à la qualité du service. "Les serveurs ont dix questions sur la carte chaque semaine. Elles peuvent être 'Citez trois plats qui ont du japaleno', ou bien 'citez un plat à recommander pour les allergies au gluten'." Originaire de Franche-Comté, le chef rentre en France à Marne-la-Vallée chaque été avec sa famille.
Nobu Dubaï est l'un des 29 restaurants du groupe Nobu dans le monde et aussi l'un des plus rentables : entre 250 et 400 couverts par jour, avec un ticket moyen autour de 120 €.

Laurent Brunacci, Chef exécutif du Shangri-La
Laurent Brunacci supervise 96 employés. Après avoir travaillé pendant dix ans à New York, il découvre la culture d'entreprise Shangri-La du groupe de Hong Kong à Dubai. Son seul regret? Entre le travail administratif et les déplacements au siège à Hong Kong, il n'a pas assez de temps pour cuisiner. Il a tout de même remporté The Battle of The Kitchen, un concours où il devait concocter en 20 minutes une dorade et un plat de nouilles chinoises.

Clément Taybaud, chef pâtissier de S.T.A.Y
Clément Taybaud est derrière le succès de la 'bibliothèque pâtissière' de S.T.A.Y (Simple Table Alléno Yannick), l'une des attractions à Dubaï. Une clientèle locale et de touristes s'y précipitent pour un dessert ou le thé gourmand. La particularité du concept ? Le montage de la pâtisserie se fait devant le client et ce dernier peut participer à la création finale. Les pâtisseries sont ensuite présentées au mètre sur un ruban pâtissier. "L'aspect visuel est primordial. C'est un concept qui permet d'atteindre la perfection, explique Clément Taybaud. Par exemple, les clients apprécient beaucoup le millefeuille. Or il y a une forte humidité à Dubaï. Le montage dernière minute permet que le feuilletage n'aie pas le temps d'absorber la crème."

Leurs conseils d'expatriés

• Se rendre sur place pour les salons de l'industrie où convergent tous les hôteliers de la région, notamment l'Arabian Travel Market (30 avril-3 mai) et The Hotel Show (15-17 mai) 
• Bien négocier son contrat expatrié et son 'package famille'
• Un chef exécutif gagne en moyenne 4 000 € par mois (le logement, l'assurance santé, l'école des enfants sont payés par l'entreprise)
•Venir en repérage pour voir si l'ambiance de la ville vous plait
• Se préparer à des standards et une mentalité héritée de l'hôtellerie (la plupart des restaurants sont dans des hôtels)
• Arriver avec un certain degré de maturité : la législation notamment sur l'alcool est très répressive...
• Vouloir travailler : la concurrence est rude car les plus grands noms de l'hôtellerie sont sur le marché...

Quelques particularités locales :
• La religion est l'islam et on cuisine sans alcool, sans porc (certains grands hôtels ont des cuisines séparées pour pouvoir proposer des plats à base de porc à leur clientèle internationale)
• Les formules brunchs et 'thés gourmands' font un tabac
• Les locaux veulent des quantités importantes
• Beaucoup de plats sont végétariens
• La plupart des produits sont importés. Le climat a beau être désertique, "rien n'est inaccessible à Dubaï", rappelle Etienne Haro, de Reflets by Pierre Gagnaire.



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