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Décret plage
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réclament
l’assouplissement du décret
Pornichet dans la tourmente
La situation est tendue
à Antibes-Juan-les-Pins
© THINKSTOCK
surface de la plage, dans les limites
communales, doit rester libre de tout
équipement et installation. La FNPR
souhaite une modification du texte
qui tienne compte uniquement de la
surface.
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Les plages doivent être libres
de toute occupation aumoins six mois
par an
Les exploitants ne peuvent implanter
leurs équipements que six mois dans
l’année. Ce délai peut être porté à huit
mois dans les stations classées, voire
douze mois si la commune est dotée
d’un office de tourisme classé 4 étoiles et
justifie l’ouverture de 200 chambres dans
des hôtels classés entre le 1
er
décembre
et le 31 mars.
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Toutes les installations doivent
être démontables
Le texte précise clairement que
seuls sont permis les équipements
et installations démontables ou
transportables ne présentant aucun
élément de nature à les ancrer
durablement au sol. Si la FNPR
accepte le principe des établissements
démontables, elle souhaite que
le démontage se fasse en fin de
concession et non pas tous les ans. En
contrepartie, le professionnel devrait
justifier le caractère démontable de
son établissement par un certificat
annuel réalisé par une entreprise
agréée, de type Socotec ou Veritas.
PASCALE CARBILLET
René Colomban
, président de la FNPR, et
maître
Geneviève Rebufat
, négocient depuis
plusieurs années pour obtenir une adaptation
du décret aux conditions économiques.
Sunset (dix salariés en CDI) sur la plage de
Pornichet, est depuis quinze ans président de
l’association des professionnels plage-La Baule-
Pornichet, soit 46 entreprises.
“J’ai créé ce
restaurant il y a vingt-cinq ans. Des tempêtes,
on en a connu. Le phénomène très violent
que nous avons rencontré en janvier est rare.
La décision du préfet laisse entendre que la
baie deviendrait très dangereuse à partir du
12 novembre. Des tempêtes, il peut y en avoir
en juin ! Nous n’allons pas mettre en danger
nos salariés et nos clients.”
Àmoins d’un mois
de la date butoir, au-delà des contingences
matérielles et physiques, ce sont plus d’une
centaine d’emplois directs et pérennes qui sont
menacés.
SYLVIE SOUBES
Avant le décret plage de 2006, l’État accordait la concession pour une durée maximale de quinze ans. Le concessionnaire
(la commune par exemple) pouvait à son tour sous-traiter 30%de la surface à des exploitants (moyennant une redevance).
LA PROFESSION DOIT RENCONTRER
ALAIN VIDALIES
Selon
Thierry Grégoire
, président national des
saisonniers de l’Umih,
“le tourisme littoral génère
au moins 150 000 emplois et 44%de la valeur
ajoutée de l’économie maritime. Nous réclamons
une réforme en profondeur du décret de 2006
relatif aux concessions de plage dont la stricte
application serait dévastatrice pour l’économie
et l’emploi. De nombreuses concessions arrivent
à expiration à partir de 2015 et elles ne pourront
pas répondre aux exigences du texte. Aujourd’hui,
nous sommes dans l’attente d’une réunion avec le nouveau secrétaire d’État
chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche,
Alain Vidalies
. Le principe
avait été entériné avec son prédécesseur. Sans remettre en cause la loi
Littoral, nos établissements, directement concernés par la protection de
l’environnement et du littoral, ont besoin d’une réglementation adaptée pour
chaque façade maritime, en tenant compte des spécificités des communes.
Les deux problématiques essentielles, en fonction des régions, portent sur la
densité des plages - la surface occupée - et sur la démontabilité.”
Thierry Grégoire
.
Pour
Stéphane
Malhaire
,
à gauche,
la décision
préfectorale est
“un non-sens
social, économique
et touristique”.
Pour
Laurent
Joneau
, chef
et patron de
La Signature du
Sunset :
“Nous
n’allons pas mettre
en danger nos
salariés et nos
clients.”
À
Antibes-Juan-les-Pins (06),
comme c’est le cas pour
plusieurs autres communes,
la délégation de service public
des concessions de plage arrive
à échéance et la loi est mise à
exécution.
“L’application va
entraîner la démolition de dix
établissements cet hiver. Sur les
22 existants, il n’en restera plus
que douze dans les deux ans à
venir”
, explique
Henri Mathey
,
président de l’Umih Antibes.
Alain Palamiti
, président du
Syndicat des plages d’Antibes-
Juan-les-Pins et lui-même gérant
de la plage Les Pirates, dénonce
l’absurdité de la situation :
“Rien qu’à Juan-les-Pins, ce sont
450 emplois directs qui vont
disparaître. Dans le marasme
économique actuel, c’est une
aberration.” “On demande aux
plagistes de démolir à leurs frais,
soit un coût de 80 à 100 000 € par
établissement, puis de reconstruire
en démontable selon unmodèle
imposé qui leur coûtera environ
600 000 €”,
ajoute Henri Mathey.
ÀGolfe-Juan (06), ce sont des
restaurants emblématiques,
comme Tétou et Nounou, qui
sont menacées de destruction
sans reconstruction. La préfecture
vient d’accorder un sursis d’un
an pour les plages du Soleil, mais
la situation n’est pas réglée pour
autant.
Une économie régionale
menacée
“Nous ne sommes pas contre le
décret,
rappelle
René Colomban
,
président de la FNPR.
Nous
demandons à ce qu’il soit adapté
au contexte économique actuel ! Il
n’y a pas d’urgence à l’appliquer à
Antibes ou à Golfe-Juan alors que
nous avons entamé des discussions
avec le Gouvernement.”
Après
huit années de discussions et de
consensus avec les élus, la FNPR,
l’Association nationale des élus
du littoral (Anel) et l’Umih ont
obtenu du secrétaire d’État chargé
des Transports, de laMer et de
la Pêche, la mise en place d’un
groupe de travail.
“Nous espérons
qu’
AlainVidalies
va reprendre
le dossier aussi sérieusement
que son prédécesseur pour enfin
régler ce problème qui dure depuis
trop longtemps”,
souligne maître
Geneviève Rebufat
, conseil
juridique de la FNPR.
MARIE TABACCHI
Avec l’arrivée à échéance des concessions de plage, l’application du décret entre
en œuvre. Les professionnels des communes concernées s’insurgent.