du 6 décembre 2007 |
LICENCE IV |
APRÈS LA CESSION DE LA LICENCE DE MARQUE AU GROUPE FLO
Les taverniers de Maître Kanter assignent Brasseries Kronenbourg en justice
Le groupement des taverniers a décidé de mener une action contre le brasseur auprès des services de Bercy. La cession de la marque au Groupe Flo serait incompatible avec les règles régissant les concentrations. Au-delà de ça, c'est de l'indépendance de 52 entreprises dont il s'agit.
Denis Rifaut. |
À
une exception près, les Tavernes de Maître Kanter sont la propriété
d'indépendants qui ont signé un contrat de licence de marque avec Brasseries
Kronenbourg, propriétaire de la marque. Les taverniers, comme on les appelle,
se sont constitués il y a quelques années en groupement. Ce principe porte
notamment sur la formation, la communication et les achats. L'an dernier, coup frontal
dans l'organisation et l'esprit des tavernes : "Brasseries Kronenbourg nous annonce
brutalement qu'elles cessaient leurs subventions, explique avec amertume Denis
Rifaut, président du groupement des taverniers. On découvre alors
que le brasseur souhaite se séparer de la marque." Après réflexion,
les taverniers décident de la racheter. Démarre alors une période
de négociations. 12 juin 2007, les indépendants doivent faire face à
un fait accompli : Brasseries Kronenbourg et
Groupe
Flo annoncent dans un communiqué commun la cession de la marque Taverne de
Maître Kanter. Déception, incompréhension et colère habitent
désormais la grande majorité des chefs d'entreprise
détenteurs d'une taverne. "Nous avons des employés, une cinquantaine
en moyenne. Comment allons-nous assurer leur emploi alors que nous ne savons pas
dans quelles conditions nous allons être franchisés ?", s'insurge
Denis Rifaut. Autre élément grave pointé du doigt : "Désormais,
Groupe Flo, en tant que bailleur, va pouvoir avoir un droit de préemption sur
nos entreprises si nous souhaitons vendre. Or, c'est notre argent que nous avons
investi dedans. Je vous laisse imaginer ce que cela veut dire…", ajoute-t-il.
Dernier élément à l'encontre du brasseur selon les taverniers,
la cession n'a pas été notifiée auprès de Bercy alors que le
montant estimé de la marque serait de 150 millions d'euros pour le groupement.
Résultat, 52 taverniers ont pris fin novembre le taureau par les cornes en
décidant d'assigner Brasseries Kronenbourg en justice. En outre, ils ont obtenu
le 27 novembre du président du tribunal
de grande instance une assignation à jour fixe, prévue le 21 décembre
à Strasbourg. Objectifs : "Reconnaître les préjudices subis
par le groupement et les taverniers à la suite de la rupture brutale de la
relation commerciale initiée par les Brasseries Kronenbourg, de la déloyauté
dont elles ont fait preuve dans les négociations sur le rachat de la marque
et l'absence de consultation préalable des taverniers sur la cession de la
marque au groupe Flo." Et : "Condamner les Brasseries Kronenbourg à
verser des dommages et intérêts pour les préjudices subis par le
Groupement et chaque tavernier" qui n'ont pu bénéficier des formations comme
de la communication développées par le groupement habituellement. Bref, tout ce
qui avait fait la force du groupement a volé en éclats cette année. La suite est
entre les mains de l'administration.
Sylvie
Soubes
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