Mélange des cultures pour la première édition des Rencontres gastronomiques d'Agadir

Agadir (Maroc) Du 13 au 15 mars, une dizaine de chefs français s'est envolée au Maroc pour partager un moment d'échange et de partage avec leurs collègues expatriés, et des chefs marocains. Un rendez-vous riche en gastronomie.

Publié le 19 mars 2015 à 17:52

"Le Maroc est l'une des meilleures cuisines du monde". Sur ce propos, le chef triplement étoilé Régis Marcon, et son fils Jacques, ont accepté d'être les parrains de la première édition des Rencontres gastronomiques d'Agadir. Du 13 au 15 mars, cette ville du Sud du Maroc (1 million d'habitant) a donc célébré la richesse de sa gastronomie et de ses produits. "Il y a déjà eu une petite opération en 2013 pour mettre en avant les chefs marocains et le terroir. Mais il fallait marquer le coup avec un événement de plus grande envergure", dit Jean Colin, co-organisateur de la manifestation avec le Comité régional du tourisme d'Agadir (CRT). Pour être "plus opérationnels",  Régis et Jacques Marcon ont, pour leur part, mobilisé une association de chefs, Générations Cuisines & Cultures, venus bénévolement : Yannick Janin, Johan Leclerre, Laurent Trochain, Henri Gouny, Jacques Marcon, Rodolphe Regnault (Toque d'Auvergne), Joël Cesari, Nicolas Grandclaude, et Bruno Dinel. La logistique sur place a été chapeautée par Philippe Riou (Traiteur de France).

Des dégustations, des démonstrations, un dîner de gala

Le premier jour, ils ont sympathisé à leur arrivée avec les chefs français installés au Maroc - Jean-Marie Gueraische, Jean-Louis Huc, Slim Ben Chahla - et les chefs marocains - Rachid Maftouh, Karim Ben Baba, Faiz Abdelrbir -, avant d'être reçus au Consulat Général de France. Ils ont ensuite réalisé la mise en place dans une ambiance dès plus conviviale pour les démonstrations prévues le soir même. "Les produits sont fantastiques (notamment les poissons), nous n'avons jamais vu ça ! Les fiches techniques ont été envoyées en amont. Sur place, il manquait certains produits. Il a fallu aussi s'adapter à la cuisine. Mais l'important ce sont les échanges constructifs établis entre les chefs français et marocains", dit Jacques Marcon. 450 invités triés sur le volet ont ainsi goûté aux recettes. Une quarantaine d'élèves de l'école hôtelière d'Agadir, plein d'enthousiasme et volontaires, n'a pas manqué d'aider les chefs à l'envoi. Et aussi de prendre de précieux conseils auprès d'eux.

Le lendemain, pas de répit puisque les chefs devaient à nouveau retourner en cuisine pour, cette fois, faire la mise en place du dîner de gala (cf. encadré) prévu pour 350 convives à l'Hôtel Atlas. Entre temps, Régis Marcon a réalisé une démonstration sur la sardine, le poisson phare d'Agadir (1er port de pêche au monde qui embauche 5000 personnes). Celle-ci était juste "snackée" et accompagnée d'une déclinaison de carottes (purée de carotte au citron confit, jus de carotte, jus d'orange réduit et beurre noisette, carotte crue), tomate concassée au basilic cru, pâte du "jour" (moitié pâte d'amande, moitié beurre), olives et pistaches en décor. Jean-Marie Gueraishe a aussi relevé le défi avec la sardine de Safi farcie à la croûte d'olive verte, émulsion de langoustines au gingembre et harissa.

Cette synergie entre chefs s'est intensifiée lors du service. Plusieurs postes d'envoi ont été installés pour mener à bien le dîner. Chacun s'entraidait. "Cette initiative des Rencontres gastronomiques d'Agadir est une bonne chose pour le Maroc. Depuis 2002, le pays bouge en termes de gastronomie, notamment avec notre présence au Bocuse d'or à Lyon en janvier dernier. Il faut s'encourager les uns les autres", a indiqué Kamal Rahal Essoulami, président de la Fédération nationale des arts culinaires du Maroc, lors de son discours en fin de repas. Enfin, le dernier jour, les chefs français ont goûté à une panoplie de spécialités marocaines et ont continué leurs échanges avec leurs homologues marocains.

Une régionalisation gastronomique du Maroc

Quant à Kamal Rahal Essoulami, il venait tout juste de conclure la régionalisation de son association : dès 2016, les 12 régions du Maroc auront un chef leader avec l'objectif de promouvoir leur territoire. Et comme le dis si bien Régis Marcon, "la gastronomie fait partie intégrante du tourisme. Il ne faut pas la négliger". A quelques jours près, le salon professionnel CREMAI, qui se déroulera du 24 au 27 mars à Casablanca, ne fait qu'appuyer cette démarche de valorisation du territoire marocain. La première édition des Rencontres gastronomiques d'Agadir a posé une première pierre à l'édifice. Cet événement sera "renouvelé l'année prochaine", assure Jean Colin. La gastronomie marocaine n'a décidément pas dit son dernier mot.


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Publié par Hélène BINET



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