Les familles s’affirment comme élément-clé du développement de l’hôtellerie

Alors que le secteur résiste – pour le moment - aux turbulences politiques et économiques, la 48e édition de l’étude Rydge Conseil sur l’industrie hôtelière française met l’accent sur le poids des familles dans l’investissement hôtelier.

Publié le 08 octobre 2025 à 13:00

 

Année après année, l’hôtellerie française continue à démontrer sa résilience. La 48e édition de l’étude réalisé sur l’industrie hôtelière française par Rydge Conseil (anciennement KPMG), dévoilé le 8 octobre par Stéphane Botz, confirme ce constat, tant en matière d’activité que d’investissement. Le directeur national & immobilier et associé Rydge conseil confirme le bilan constaté de l’année 2024, avec des taux d’occupation affichant entre - 1,4 % et + 2,5 % selon les destinations (restant toujours en retrait par rapport à 2019) mais une activité portée par des prix moyens en progression en raison de l’inflation et des grands événements sportifs, à commencer bien sûr par les Jeux olympiques.

Après cette année atypique en matière de tourisme, les perspectives sont positives pour les sept premiers mois de 2025. Le nombre de nuitées hôtelières est en progression de 3,2 % (à 123 millions, contre 199 millions en 2024), grâce à la présence de la clientèle internationale (+ 8,6 %). L’été a été en revanche “plus surprenant”, explique l’expert : l’activité hôtelière est en recul de 9,2 % en juillet, notamment dans les grandes métropoles régionales, alors que Paris (+ 11 %), Cannes et Nice restent dynamiques. En août, les littoraux et les destinations de montagne (+ 7,5 % de RevPAR tous massifs confondus) ont bénéficié des épisodes de canicule, les clients se reportant vers des régions plus tempérées. La clientèle domestique est toutefois restée “contrainte par des arbitrages budgétaires”, réduisant la durée de ses séjours et se dirigeant vers des hébergements plus économiques.

 

Confiance en dépit des incertitudes

Stéphane Botz reste toutefois confiant pour la fin de l’année, s’appuyant sur des recettes touristiques en hausse de 13,7 % au premier semestre par rapport à 2024 : “Malgré un contexte économique et politique singulier en France, l’activité touristique ne semble pas connaître de trou d’air sur ce dernier quadrimestre. Au contraire, la destination France semble toujours bénéficier d’une bonne aura post-JO”, assure l’expert.  

Toutefois, il ne cache pas une pointe d’inquiétude pour les hôtels situés dans les destinations affaires, en raison de l’instabilité politique actuelle qui oblige les entreprises à faire preuve d’attentisme dans leurs déplacements et événements. “Tout le monde est sur la retenue et préserve sa trésorerie. Par conséquent, on constate un repli d’activité dans les villes qui ont un fort tissu économique, industriel ou d’affaires, alors que les destinations qui associent clientèle loisirs et d’affaires s’en sortent mieux.”

Côté investissement, l’hôtellerie reste toujours une classe d’actifs privilégiée, montre l’étude de Rydge Conseil. En 2024, le volume d’investissement a atteint 21 milliards d’euros en Europe, contre 13,8 milliards en 2023. La France se place au 3e rang de ce classement, avec 2,7 milliards d’euros investis, contre 2,9 milliards en Espagne et 7 milliards au Royaume Uni. La France qui compte actuellement 16 610 établissements (pour 661 066 chambres) devrait compter plus de 150 nouveaux hôtels (pour 15 000 chambres) à l’horizon 2028, dont 55 % viseront le classement 4 ou 5 étoiles. Ils seront localisés à 37 % en Île-de-France (proches des parcs Astérix et Disneyland), suivie de près par la région Paca (2 500 chambres en construction) puis les grandes métropoles – Rennes, Bordeaux, Lyon, Strasbourg, Marseille.

 

Les familles, acteur majeur de l’investissement hôtelier

Si les enseignes internationales renforcent leur développement sur le territoire, Stéphane Botz appuie notamment sur le rôle ”structurant” et ”croissant” pris par les familles dans l’investissement hôtelier : en 2024, près de 70 % des transactions ont impliqué au moins une famille, représentant 41 % du volume total échangé. Elles sont devenues un acteur majeur du secteur de l’hospitalité, détaille le directeur l’expert, avec des stratégies différenciées : détention directe des murs et fonds, avec ou sans opérateurs tiers, ci-investissements ou club-deals, prises de participations minoritaires, prises de que ce soit à travers des investissements en direct, partagés avec des fonds d’investissement ou des partenaires financiers, ou pour gérer des actifs pour le compte de tiers.

Les familles ou family offices ne sont pas des investisseurs comme les autres, insiste Stéphane Botz. “Elles ont, en plus de leur implication financière, une sensibilité au produit qui fait clairement toute la différence par rapport à des partenaires financiers qui ont une lecture plus froide du secteur.” Ce champ d’acteurs regroupe, en plus des groupes familiaux historiquement impliqués dans l’hôtellerie, des familles ayant fait fortune dans l’industrie, l’agriculture, les médias et souhaitant diversifier leurs actifs. L’hôtellerie est alors perçue comme une valeur refuge, tangible, “à la fois lisible et valorisable sur le long terme [et qui permet] d’assurer des revenus récurrents”, plus résiliente que l’immobilier de bureau et les commerces. Et d’analyser : “Leur profil est pluriel mais elles ont toutes un ancrage patrimonial, territorial et historique, et s’inscrivent davantage dans la durée.

C’est pourquoi Stéphane Botz ne cache pas une pointe d’agacement face aux débats récents sur la réforme éventuelle du pacte Dutreil, qui facilite les transmissions d’entreprise, ou le projet de taxe Zucman, qui propose un impôt plancher minimum de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 M€.  “Sous couvert de recherches d’économies ou de recettes fiscales complémentaires, l’État français va porter indirectement un coup de canif à l’investissement et à la résilience du secteur dans ce temps long qui est nécessaire pour construire les actifs du tourisme de demain” et risque de “transformer ces PME/ETI de l’industrie en futur Waterloo de l’économie française, pour des questions politiques, voire idéologiques.”

 

Des nouvelles offres adaptées à la clientèle familiale

Les familles sont devenues ces dernières années une clientèle privilégiée par les nouveaux concepts hôteliers, notamment dans le haut de gamme. “Les hôtels ont longtemps été des lieux de passage, ils sont devenus aujourd’hui des lieux de destination”, explique Stéphane Botz. À ce titre, ils s’adaptent à la clientèle familiale, à mi-chemin entre le resort et la résidence secondaire. Kids club, animations spécifiques, ateliers parents-enfants, services à la carte permettent de proposer une expérience différenciante. En version plus économique, les hostels nouvelles génération misent sur un modèle hybride plus flexible, qui permet de proposer dans un même lieu chambres classiques, familiales et dortoirs qui combinées à des espaces communs (cuisines, buanderies…) s’ouvrent plus largement à cette clientèle. 

 

 


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Publié par Roselyne DOUILLET



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