... le marché de l'emploi vu par les agences d'intérim

Publié le 07 mars 2012 à 16:30

Comment avez-vous ressenti le marché de l'emploi intérim en 2011 ?

Régine Ritzenthaler, directrice de l'agence Stylma (75) :
«Stylma a réalisé un excellent 1er semestre avec une augmentation des missions d'intérim sur des événements salons, séminaires et congrès. Après ce 1er semestre prometteur, nous avons ressenti un ralentissement et une baisse des demandes à partir de septembre (période traditionnellement chargée), puis une légère reprise sur la fin de l'année avec notamment des recrutements en CDI en progression. Au global, une année légèrement meilleure que 2010 avec un marché plus tendu, des missions de plus en plus courtes, une prise de décision chez nos clients de plus en plus tardive et un processus de recrutement plus long».

Dominique Viel, directeur de Pôle recrutement HR chez Adecco France (75) :
«Le marché de l'intérim était très dynamique sur les 3 premiers trimestres. Le marché a commencé à se tendre à partir d'octobre. Nous avons du faire faire à une pénurie de candidats qualifiés autant en cuisine qu'en salle qui perdure. Pour faire face à cela, nous avons initié maintenant depuis 2 ans des actions de formation en partenariat avec Forgeco sur les métiers de commis de cuisine et cuisiniers».

Laurent Pézaire, responsable de l'agence Paris Restauration Tourisme et Hôtellerie chez Manpower France (75) :
«Après un redémarrage général fin 2010 et une belle croissance sur le 1er semestre 2011 (notamment poussée par le secteur de l'industrie), l'activité du travail temporaire, c'est ralenti petit à petit sur le second semestre, ceci étant notamment du aux incertitudes économiques. Si on prend le secteur de la restauration commerciale et notamment de la VAE (vente à emporter) il continue de progresser d'année en année. Ceci s'explique par un contexte économique moins favorable, où les consommateurs font plus attention à ce qu'ils dépensent, ont moins le temps de manger… Cette croissance conjuguée à un turnover important, a fait que cela nous a ouvert les portes sur des métiers différents, tel que les postes de manager, responsable de production…tant en travail temporaire qu'en recrutement. Le secteur de la collectivité s'est quand à lui plutôt stabiliser comme depuis plusieurs années, en gagnant quelques clients qui allaient eux aussi manger à l'extérieur. Il représente d'ailleurs le plus gros potentiel intérim, ce qui explique une consommation stable. A contrario, la mutation des consommateurs sur ces segments à créer une baisse d'activité sur les brasseries « de tous les jours». Enfin l'hôtellerie, d'une part nous avons les « restrictions budgétaires» d'un grand nombre d'entreprises (mais aussi des particuliers) depuis quelques temps qui ont conduit à une consommation qui a changé par exemple on passe du 3*, au 2*. Ce type d'établissement ne fait que rarement appel au travail temporaire ou uniquement en urgence. D'autre part un apport de clientèle de l'étranger qui a des moyens financiers et qui permet aux hôtels « haut de gamme» d'avoir de belles croissances. C'est d'ailleurs sur ce segment où il y a une forte demande et que nous avons pu nous développer en intérim et en recrutement.

Charles Yamini, directeur de l'agence Adaptel à Paris (75) :
«Nous venons de traverser une année atypique scindée en deux parties, les trois premiers trimestres de l'année où le marché de l'emploi bénéficie d'un dynamisme très important et une deuxième partie de l'année sur le dernier trimestre où le marché devient beaucoup plus stable. Durant le premier et le deuxième trimestre, nous avons constaté une forte accélération des offres d'emploi. Un marché en déséquilibre où règne une pénurie permanente des compétences. A partir du troisième trimestre le marché commence à s'équilibrer pour finir en très légère baisse en fin d'année. Dans l'ensemble 2011 est considérée comme une bonne année pour notre activité».

Quelles sont vos prévisions pour le premier semestre 2012 ?

Régine Ritzenthaler : « Dans un contexte politique et économique que vous connaissez, et pour toutes les raisons évoquées précédemment, nous disposons d'une faible visibilité du marché pour le 1er semestre 2012 que nous abordons avec prudence mais détermination ».

Dominique Viel : « La visibilité à moyen terme est inconnue (incertitudes économiques, réévaluation taux de TVA, élections présidentielles, crise zone euro). La pénurie de candidats qualifiée est toujours présente d'où notre engagement constant dans l'innovation de la création de compétences (partenariat Thierry Marx dans la création du centre de formation du XXe) ».

Laurent Pézaire : « Globalement, on se dirige sur un premier semestre à l'identique de la fin 2011. Une activité économique au ralenti, dans l'attente des élections présidentielles et surtout des orientations qui seront prises comme par exemple la TVA, les allègements, nouveaux types de contrats... ».

Charles Yamini : « Le premier semestre 2012 s'annonce en légère baisse par rapport à l'année 2011. Le marché de l'hôtellerie et de la restauration parisienne fait preuve d'une très belle résistance qui ne peut être comparée à la situation que nous avons connue au début 2009 après la crise financière dite de « subprime ». La contraction de l'activité vient beaucoup plus de la frilosité des entreprises que le niveau d'activité qui est resté pratiquement constant. Nous attendons une reprise de l'activité au troisième trimestre ».

Il n'est pas toujours facile de trouver un emploi du premier coup, sur quels critères vous basez-vous pour recruter ? Ou qu'est ce qui fait la différence face à tel ou tel candidat ?

Régine Ritzenthaler : « Chez Stylma, nous avons une grande exigence sur le tronc commun des connaissances et de la pratique. Mais au-delà, la motivation pour le travail proposé et la « fibre hôtellerie restauration » feront la différence. Le savoir-être et l'intelligence des situations sont essentiels à notre métier ».

Dominique Viel : « Nous évaluons les candidats sur des critères de compétences professionnelles (tests de connaissances HR) et aptitudes du candidat à tenir les postes proposés par nos clients. A compétences égales, la différence pourra se faire sur l'expérience acquise, la motivation affichée lors de l'entretien ».

Laurent Pézaire : « On nous demande des gens opérationnels. Dans notre secteur d'activité, les jeunes qui cherchent un premier emploi ont généralement acquis différentes expériences au cours de leurs cursus scolaires notamment à travers des stages voir de l'alternance. C'est surtout ces différentes expériences qu'ils doivent être capables de mettre en avant afin de faire la différence en plus évidemment de leurs personnalités et de leurs diplômes ».

Charles Yamini : « Dans cette période de crise, les critères de sélection des candidats restent identiques, nous attachons toujours autant d'importance quant aux compétences des candidats, cependant nous nous concentrons davantage à la véracité de la motivation de ces derniers ».


Publié par Propos recueillis par Hélène Binet



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