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Les établissements possédant une page Facebook sont de plus en plus nombreux, à Montréal comme ailleurs. Mais la nouvelle tendance dans la métropole québécoise, c'est d'utiliser Facebook ou internet dans la construction de son projet, avant même l'ouverture de l'enseigne. Telle est la stratégie adoptée par Thierry Dufour et son équipe, à la tête de deux bistrots : Smoking Valley, ouvert en mars 2012, et Lannes & Pacifique, lancé en octobre dernier. La page Facebook, accessible quatre mois avant l'inauguration, a été conçue comme une "fenêtre ouverte sur l'élaboration du restaurant". Les internautes ont ainsi pu découvrir la biographie des équipes et donner leur avis sur les menus mis en ligne ou la décoration. Ils ont même été invités à proposer des noms pour les enseignes. "Cela aide à générer du buzz avant même que le client ne fasse sa première expérience. C'est comme cela que la communication se fait, sans que l'on ait à dépenser de l'argent dans de la publicité", souligne le chef propriétaire. Mission accomplie : dès l'ouverture, les gens du quartier étaient au rendez-vous.
Créer un sentiment d'appartenance
Le bar de quartier Huis Clos a développé la même approche. Sur les fenêtres du local en travaux, Charles Landreville et ses cinq associés affichent une réclame énigmatique : 'Bâtis ta place dans Villeray.com'. Le lien, qui annonce l'ouverture prochaine du bar sportif, mène également vers un sondage internet rempli de questions amusantes. "Nous voulions connaître nos futurs clients. Nous leur avons demandé, par exemple, quel était leur type de musique, s'ils souhaitaient un service formel ou un 'cool kid' avec tatouage et grosse barbe… Nous nous sommes ainsi rendus compte que 95 % de nos répondants étaient des 25-40 ans, de jeunes professionnels francophones. Avec un bassin de clientèle si précis, nous nous sommes interdit tout anglicisme", explique-t-il. Un vrai dialogue s'instaure alors. Ces clients potentiels, baptisés les 'bâtisseurs', s'expriment sur leurs boissons préférées, les choix musicaux ou encore l'ambiance recherchée. La consultation des habitants permet d'affiner le concept. Mais pas question pour les six associés de n'être que des suiveurs : "Nous avons des caractères très forts, nous savions ce que nous voulions. Même si les internautes nous avaient demandé des cheeseburgers, nous n'en aurions pas fait. Ce processus était un mode d'inspiration."
Afin d'accroître l'implication des bâtisseurs, ces derniers ont été conviés à une soirée de pré-ouverture, avant les journalistes et les bloggeurs. "Cela a créé une proximité avec la clientèle de quartier. Les bâtisseurs ont été sévères lors de cette soirée spéciale, mais nous avons pu tout de suite nous ajuster", raconte le cofondateur. Résultat : en cinq mois à peine, la clientèle est déjà fidèle et la page Facebook compte 3 000 adeptes.
Publié par V.B.
