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Pour 3 millions de dollars

Payard dans ses murs

Il en rêvait, il l'a fait ! François Payard a concrétisé son rêve d'ouvrir une pâtisserie à New York et il s'en porte plutôt bien...

Par Jean-François Mesplède

Il a la rondeur de son métier. Fernand Point, qui se méfiait des maigres, aurait aimé le personnage. A 32 ans François Payard est heureux. Sa maison de Lexington Avenue (250 m2 pour le bistro et la boutique, 100 m2 en mezzanine) ne désemplit pas.
Apprenti à Vence à La Mascotte, il reste cinq ans auprès de M. Guignone qui "apprend tout" à ce fils de pâtissiers niçois. "Il m'a insufflé l'amour du métier. Je ne comptais jamais mes heures et, pendant les fêtes, je dormais dans l'arrière-boutique pour pouvoir l'aider."
La suite passe par Forges-les-Eaux au sein du groupe Partouche, au Toit de Passy, à La Tour d'Argent et enfin chez Lucas Carton pour un nouveau déclic. "Alain Senderens m'a donné l'esprit des gâteaux en restauration. Il m'a appris la concentration des goûts, la structure et la conception. C'est ensuite grâce à lui, avec qui j'avais travaillé deux ans et demi, que je suis venu à New York. J'avais 24 ans et j'ai obtenu un visa de cinq ans."
A aucun moment, François Payard n'a regretté son passage place de la Madeleine. Et lorsqu'il s'est envolé pour les Etats-Unis, six desserts de la carte portaient sa griffe !
"J'ai d'abord travaillé avec Gilbert Le Coze au Bernardin (1989) et j'ai mesuré la chance d'être dans un des plus grands restaurants d'Amérique. Lorsque Daniel Boulud a choisi de quitter Le Cirque pour ouvrir son restaurant, il est venu me chercher."
Pâtissier maison pendant cinq ans, Payard est devenu le partenaire de son patron - qui a trouvé l'investisseur capable de miser 3 millions de dollars - pour ouvrir sur Lexington Avenue la pâtisserie dont il rêvait depuis des années.
"A New York, on peut énormément s'exprimer. J'ai créé un concept comme il n'en existe pas en France avec un bistro, salon de thé et boutique de pâtisserie. Les gens viennent, achètent un gâteau, mangent un morceau, boivent un coup. Avec 35 pâtissiers, nous faisons tout de A à Z en proposant 55 sortes de gâteaux et 22 chocolats différents."
Aucun regret à l'évidence de ne pas être revenu s'installer sur la Côte d'Azur ! "Je peux m'exprimer cent fois plus ici... même s'il faut continuer à expliquer ma démarche à la clientèle à qui nous adressons un courrier tous les mois. J'ai eu beaucoup de propositions pour ouvrir un autre Payard, mais je refuse. Mon problème reste celui de trouver du personnel... mais si des jeunes, battants, sont intéressés, je suis preneur !"

En chiffres

Déjeuner : 150 à 250 couverts selon la saison ou la période, avec une brigade de quatre personnes. Clientèle à 80 % féminine. TM : 25 $

Dîner : 100 couverts en début de semaine et jusqu'à 200 le samedi, avec une brigade de six personnes. Clientèle de couples et de gens du voisinage. TM : 40 $

Le bistro et la pâtisserie réalisent un CA identique de 3,5 millions de $ par an. Le record de fréquentation a été établi le jour de Noël avec 3 000 personnes pour un achat moyen de 15 $. Ce jour-là, 750 boîtes de chocolat et 600 gâteaux ont été vendus. Une extension (450 m2) a été réalisée en face de Payard pour l'emballage et la vente qui se fait également via Internet !

 

Philippe Bertineau, le fidèle

Après avoir fait en 1993 l'ouverture de Daniel où il est resté plus de cinq ans, Philippe Bertineau est désormais chef de Payard.
Votre parcours est très classique (ecoles hôtelières à Poitiers puis Bordeaux avec BTH et BTS) et passe par de petits restaurants. Hormis chez Lucien Vanel à Toulouse, vous n'avez jamais travaillé dans de « grandes maisons ». Alors, pourquoi avoir tout d'un coup choisi New York ? « Je suis arrivé à New York en septembre 1991, j'avais vingt-cinq ans et c'était une expérience comme une autre. Je suis venu comme beaucoup de Français avec un visa d'un an et demi. J'ai travaillé chez Jean-Michel Diot (ex-Guérard, Chibois, Blanc) qui avait ouvert un petit bistrot sur Park Avenue (N.D.L.R. : il est aujourd'hui installé à San Diego). A la fin de mon visa en avril 1993, je devais faire un choix : quitter les Etats-Unis ou obtenir un nouveau visa, professionnel cette fois, pour rester. Daniel Boulud allait ouvrir son premier restaurant, il m'a proposé de travailler avec lui. J'ai intégré sa brigade comme second avec Alex Lee, son chef chez Daniel. »

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L'HÔTELLERIE n° 2603 Magazine 4 Mars 1999

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