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ÉDITO

NOUS SOMMES TOUS RESPONSABLES

Bien sûr, chacun avait son avis sur la question, et la mort accidentelle de trois jeunes garçons ne pouvait laisser personne insensible, mais fallait-il pour autant trouver aussi vite un autre coupable que celui qui, sans permis de conduire, avec 4 grammes d'alcool dans le sang, avait pris le volant et tué ces jeunes garçons ?
Fallait-il s'acharner sur ce cafetier qui s'était contenté d'exercer son métier ? Fallait-il sans que l'affaire ne soit instruite, sans qu'un tribunal ne délibère, lui interdire de continuer son activité ? En quoi cet homme est-il aujourd'hui plus dangereux pour la société que les effectifs de gendarmerie qui, faute de consigne peut-être, faute de moyens aussi, n'ont jamais vérifié l'exécution de la peine du conducteur meurtrier, à savoir l'interdiction de conduire ?
Sommes-nous conscients que chaque cafetier, chaque restaurateur, peut à tout instant servir lui aussi le verre de trop ? Cette profession est forcément en danger si les règles du jeu ne sont pas claires en matière de responsabilités. Comment oser déclarer responsable un restaurateur ou un cafetier parce qu'il a servi à boire 75 cl de vin à un client, sans savoir ce qu'il a pu boire avant de venir chez lui, et ne pas s'intéresser aux ventes d'alcool dans les supermarchés, mais aussi dans certaines stations-service ? Comment aider le cafetier à évaluer l'état d'ébriété d'un client quand on sait que les forces de police, elles-mêmes, sont obligées d'utiliser des alcootests pour constater le niveau d'alcoolémie ? Comment le cafetier doit-il gérer ce délicat problème quand on sait qu'il peut être accusé pour refus de vente s'il ne veut pas servir un client ? C'est de toute évidence n'avoir aucune pudeur que de trouver aussi facilement un bouc émissaire en la personne d'un cafetier quand on sait combien peuvent être arrosées certaines soirées que tous les invités quitteront, bien entendu, au volant de leur voiture...
Qui n'a pas pris un malin plaisir à servir ce "dernier petit verre avant de reprendre la route" ? Qui n'a pas banalisé le problème de la consommation d'alcool un jour ou l'autre, histoire de dépasser ses peurs ? Qui n'a pas soutenu les campagnes qui expliquaient que le vin n'avait rien de dangereux au volant, sous prétexte que le vin fait partie de ce que notre terroir offre de meilleur à nos papilles ? Parce que nous sommes tous responsables de laxisme en la matière, il est d'autant plus essentiel que cette profession exige des pouvoirs publics, aujourd'hui, qu'aucune décision de fermeture ne puisse être prise sans qu'un tribunal en ait statué, et permette à ce cafetier de continuer à exercer son métier. Ce cafetier seul ne peut payer pour donner bonne conscience à tous ceux qui, chaque jour, banalisent le problème de l'alcool au volant.
PAF zzz80

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L'Hôtellerie n° 2792 Hebdo 24 Octobre 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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