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Travail dissimulé

Les juges sensibles à la bonne foi du restaurateur

Jeudi 4 octobre, le tribunal correctionnel de Paris a condamné le gérant et chef du restaurant Chen-Soleil d'Est (1 étoile Michelin) à payer une amende de 40 000 F pour travail dissimulé.

Lors d'un contrôle surprise dans le restaurant parisien de la rue du Théâtre, l'inspection du travail, puis la police, avaient constaté que, sur 9 salariés présents le 19 juin 2001, 4 salariés, pourtant régulièrement embauchés, n'étaient pas en possession de titre de séjour les autorisant à travailler sur le territoire français : 2 salariés possédaient une carte de séjour falsifiée et 2 autres étaient en possession de papiers qui ne correspondaient pas à leur identité.
A la suite de ce contrôle, Jean-Claude Chen était poursuivi pour emploi d'étrangers sans titre de séjour et d'aide au séjour irrégulier sur le territoire français, variante de l'infraction plus connue sous le nom générique de travail dissimulé.
Jeffrey Schinazi, avocat du restaurateur, avait plaidé le vice de procédure et demandé l'annulation des poursuites. Le tribunal n'a pas retenu la position de la défense, mais semble avoir été sensible à la bonne foi du chef étoilé en ne le condamnant qu'à 40 000 F d'amende, soit 10 000 F de moins que ce qu'avait requis le ministère public.
Jeffrey Schinazi s'est déclaré satisfait du jugement peu sévère compte tenu du nombre de salariés en infraction, et précise que son client ne fera pas appel du jugement.
Chen est toutefois inquiet. Il a conscience que cette condamnation pourrait avoir des conséquences à retardement, tout à fait préjudiciables et disproportionnées par rapport à sa faute. Il rappelle que l'infraction commise n'était pas intentionnelle, et précise que, s'il venait à perdre son étoile Michelin, il perdrait également 50 % de sa clientèle. Dans cette hypothèse, qui n'est bien sûr qu'éventuelle, son erreur serait alors bien cher payée ! Alors qu'il subit déjà une baisse de fréquentation de 40 % depuis les attentats meurtriers des Etats-Unis.
Aussi, même si l'on peut penser que les juges ont tenu compte de la bonne foi du restaurateur, il n'en demeure pas moins que cette sanction lui fait encourir un risque économique certain et, selon lui, non mérité.
Il insiste en outre sur les difficultés à recruter, à former et à fidéliser son personnel. Dans son cas, il précise qu'il est confronté à une pénurie de personnel particulièrement accrue compte tenu de sa volonté de conserver au lieu sa dimension chinoise. Lorsqu'il trouve un salarié, celui-ci, une fois formé, quitte l'entreprise pour monter son propre restaurant. A titre d'exemple, il raconte : "Cela fait 3 semaines aujourd'hui que j'ai fait paraître une annonce pour 3 postes : plongeur, commis de cuisine et serveuse. J'ai reçu des centaines d'appels téléphoniques. Je leur annonce que, pour venir à l'entretien, ils doivent me produire tous les papiers (carte d'identité et permis de travail). Résultat : aucun candidat ne s'est présenté, et cela fait 3 semaines !"
Chen déplore donc une machine réglementaire inadaptée aux réalités quotidiennes de la vie de l'entreprise, mais tire la leçon de cette mésaventure et se veut être encore plus rigoureux.
T. Beausseron zzz60

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Chen déçu par une décision pourtant clémente selon son avocat.

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L'Hôtellerie n° 2739 Hebdo 11 Octobre 2001

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