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Contradictions

Les problèmes d'emploi et de temps de travail sont des questions trop graves pour être traitées à la légère. Encore moins pour devenir le thème favori des bateleurs cathodiques qui s'en donnent à coeur joie ces jours-ci. Pas une de nos excellences qui ait son (bon) mot à dire sur le sujet, l'occasion étant trop belle d'aborder un thème aussi porteur. Malheureusement, la réflexion laisse place le plus souvent à une démagogie d'estrade qui ne risque pas de faire avancer le débat. On aurait pu s'attendre à mieux de la part d'un ministre du Travail qui, parait-il, fit de savantes études bureaucratiques, que des invectives réductrices à l'égard du patronat s'il ose émettre une opinion différente de la sienne. Inquiétante encore, l'affirmation de Madame Demessine, en tournée sur ses terres lors du dernier week-end en compagnie de l'inévitable Mme Aubry, qui affirme sans sourciller : «35 heures payées 39, le plus vite possible et dans le cadre d'une loi».

Vous voilà prévenus, chers professionnels, de ce qui vous attend, dans l'exercice d'un métier où l'aménagement des horaires constitue un véritable casse-tête face aux exigences de la clientèle. Notre secrétaire d'Etat au Tourisme s'est félicitée, au cours de ce périple, d'avoir en charge un secteur qui offre «un important gisement d'emploi», pour reprendre cet exécrable vocabulaire technocratique, comme si l'emploi pouvait se comparer à un filon de charbon ou à un forage pétrolier...

Comment assurer de telles contradictions, entre les exigences bien réelles des entreprises où la qualité du service est difficilement compatible avec des horaires de fonctionnaires, et les objectifs plus idéologiques qu'économiques de ces fameuses «35 heures payées 39». Les thuriféraires de la réduction du temps de travail mesurent-ils véritablement les ravages que de telles inepties pourraient provoquer dans les professions des services ? Ou bien sont-ils aveuglés par le succés de leur démagogie, car bien évidemment, tout le monde est d'accord pour travailler moins en conservant sa rémunération, sans mesurer les dangers de telles promesses que le bon sens assimile au trop fameux «Demain, on rase gratis» dont le succés ne dément malheureusement pas. Vouloir améliorer les conditions de travail est un objectif noble et ambitieux. Le dévoyer par des propositions irréalistes ne peut conduire qu'à de redoutables déceptions : licenciements, fermetures pour cause de coûts d'exploitation trop élevés, frustrations, pertes de compétitivité. Il n'est pas contradictoire d'essayer de faire converger l'intérêt de l'entreprise et le bien être des salariés. A condition d'analyser sérieusement les composantes du problème et de réfléchir conjointement dans le calme et la clairvoyance. Mais qu'on nous évite les formules à l'emporte-pièce : le Grand Soir n'a jamais apporté que les ténèbres...

L. H.



L'HÔTELLERIE n° 2529 Hebdo 2 octobre 1997

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