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Irresponsabilité

Aurions-nous naïvement, trop longtemps eu aveuglement confiance dans notre constitution qui nous semblait être à même de protéger nos institutions des dérives politiques : à en croire certaines déclarations, certaines prises de positions ministérielles, on est quelque peu portés à l'imaginer. Confiants de savoir que quand un gouvernement trépassait, l'Etat demeurait, garantissant ainsi le maintien de nos institutions et les engagements du gouvernement précédent, les citoyens voyaient les changements politiques avec une relative sérénité. C'est dans cet état d'esprit que syndicats patronaux et syndicats salariés ont signé, alors que la dissolution de l'Assemblée Nationale était effective, une Convention Collective, fruit de 15 années de négociation. Tous étaient persuadés alors, quelque puisse avoir été le résultat des élections, que l'Etat respecterait la parole donnée. Naïveté ? Inconséquence ? Manque de sens politique ? Certainement un subtil cocktail des trois mais en mai, qui aurait pu imaginer qu'un texte amenant un progrès social aux salariés des CHR puisse être remis en question par un gouvernement de gauche ? C'est pourtant aujourd'hui ce qui risque d'arriver à en croire les dernières déclarations de Michèle Demessine qui considère que l'effort fait par le budget de l'Etat pour permettre la suppression des charges sur les avantages en nature nourriture est disproportionné face à l'amélioration des conditions de travail des salariés des CHR. Elle pourrait renvoyer la copie aux deux parties, syndicats patronaux et salariés avec la mention «insuffisant»... En remettant en cause cet accord signé, en dehors de la C.G.T.et de la Confédération, par toutes les autres centrales syndicales, le ministre du Tourisme bloque la situation et pénalise avant tout les salariés qui attendaient avec impatience l'extension de l'application de cette Convention Collective. Quel dommage pour eux ! Pendant ce temps, une Convention Collective pour les cafétérias a été signée qui, une fois étendue, permettra à quelques 20.000 salariés de bénéficier, entre autre, de 2 jours de congés par semaine, 6 jour fériés par an, sur une base mensuelle de 169 heures. Que l'on ne s'étonne plus si demain, les jeunes sortant des écoles hôtelières ne choisissent plus que le secteur de la restauration organisée faisant subir un réel préjudice à la qualité de service du reste de la restauration. Tolérer au sein d'un même secteur de telles différences de traitement est aujourd'hui d'autant plus irresponsable que les difficultés pour recruter du personnel compétent et motivé sont de plus en plus nombreuses. Il eut été si facile d'accepter d'étendre au plus vite la Convention Collective et d'ouvrir, dès le lendemain de nouvelles négociations pour le faire évoluer !

PAF



L'HÔTELLERIE n° 2527 Hebdo 18 septembre 1997

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