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Matraquage

Comme tous les étés, hélas, l'été 97 fut meurtrier. Les vacanciers ont chèrement payé leur tribut au dieu des loisirs, par noyade, par accident de la route, par imprudence montagnarde ou inconscience généralisée, sans oublier la nouveauté de l'année : la criminalité importée des rues dites "difficiles" par les voyous qui, eux aussi, prennent des vacances. Certaines de nos excellences nous ont d'ailleurs doctement expliqué qu'il serait tout à fait déplacé de condamner les agissements des désoeuvrés de banlieue qui s'adonnent à leurs activités favorites sur les plages : le vol, le viol, et pourquoi pas le meurtre.

En revanche, nul n'a constaté le moindre malaise dû à un quelconque empoisonnement, aucune alerte à la sortie d'un restaurant. Et pourtant! les médias, TV en tête, s'en sont donnés à coeur joie tout au long de l'été. Pas une séquence d'actualité, régionale ou nationale, sans un complaisant reportage sur les vaillants chevaliers du thermomètre et de la pastille anti-bactérie, fondant sans pitié sur le malheureux restaurateur présumé coupable puisque soumis à un contrôle. A une heure d'affluence, bien sûr, et sous l'oeil complaisant des porteurs de caméras qu'il est difficile de considérer comme des journalistes. Ah! ces reporters intrépides convoqués par les bureaucrates de la DGCCRF (mais si, ça existe...) pour vilipender l'ignoble tavernier qui aurait pu mettre en péril, par inadvertance voire par malveillance, la précieuse santé du consommateur qui n'en demande pas tant. Les gazettes sont néanmoins formelles : pas le moindre embarras alimentaire sur le front des vacances, hélas beaucoup plus tragique par ailleurs. A-t-on dénoncé les routes mal entretenues, les défaillances des Ponts et Chaussées, les absences de signalisation, l'anarchie des campings sauvages ou la prolifération malodorante des baraques à frites? Certes non.

Il est vrai que la profession porte sa part de responsabilité dans ce matraquage quasi quotidien : qui s'est exprimé pour défendre les restaurateurs? Qui a invité un journaliste de la télé régionale ou de la feuille locale pour dénoncer l'acharnement des services de l'hygiène? Qui a argumenté pour la promotion de la restauration? Doit-on laisser, cela s'est vu cet été sur FR3 Languedoc, un gérant de cafétéria d'autoroute s'exprimer sur l'hygiène dans les restaurants et parler quasiment au nom de tous ses collègues, en expliquant, bien sûr, que les problèmes étaient ailleurs que dans les établissements comme le sien?

Face aux excés d'une administration sclérosée par des certitudes, seule la riposte par une communication dynamique permettra de rétablir certaines vérités. Et notamment de faire savoir qu'hélas, on risque de mourir en vacances, mais certainement pas au restaurant.

L.H



L'HÔTELLERIE n° 2525 Hebdo 4 septembre 1997

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