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Tourisme de croisières

Le pari de Marseille

Le Club Croisières de Marseille est de retour du Sea Trade de Miami où il promouvait la destination de Marseille auprès des grands organisateurs de croisières. Le développement de ce type de tourisme est en effet désormais l'une des cibles privilégiées des responsables politiques et socio-économiques de la ville. Objectif : faire de Marseille une véritable ville de tête de ligne pour les croisières en Méditerranée, car cela génère d'importantes retombées économiques, notamment pour les professionnels du tourisme.

Créé il y a un an par la Chambre de commerce et d'industrie, la ville et le port autonome, le Club Croisières est à la fois une structure de concertation et un outil commun. Il remplit deux missions : valoriser à l'extérieur l'image du port et de la ville ; accueillir les opérateurs et leurs passagers.

Le projet de la CCI de relancer les activités de croisières à Marseille remonte en fait à 1992 et s'est peu à peu concrétisé, sans que de grands moyens y soient cependant consacrés jusqu'à présent. Le port, réclamant une participation plus active des collectivités territoriales, s'est fait longtemps tirer l'oreille pour investir dans une activité marginale pour lui. Et les rares compagnies qui, il y a quelques années, avaient déjà choisi Marseille comme port d'embarquement se plaignaient régulièrement des conditions d'accueil faites aux croisiéristes. Aujourd'hui, l'état d'esprit a changé et des investissements sont prévus (lire encadré).

Des Américains plus nombreux en 1998

De son côté, la ville de Marseille n'a pas mené de grandes opérations en la matière, même si elle a "fait beaucoup de petites choses qui, mises bout à bout, ont leur importance", selon les termes de Dominique Vlasto, l'actuelle adjointe au tourisme (présence des hôtesses de l'office du tourisme sur les quais, mise en place d'un marché provençal, navettes de bus, accroissement du nombre de taxis touristiques...).

Cependant, toutes les "petites choses" réalisées ont permis à l'activité croisières de faire un bond en 1996 : treize bateaux de 12 compagnies maritimes ont fait 52 escales à Marseille, amenant plus de 60.000 passagers (mini-croisières SNCM exclues), soit deux fois et demie plus qu'en 1995. A elle seule, la compagnie italienne Costa Paquet (dans laquelle le groupe hôtelier Accor a des parts), nouveau client pour l'année 1996, représente les deux tiers des passagers. L'année 1997 devrait être encore plus belle : 112 escales sont déjà programmées, soit un apport de 78.000 passagers, près de 90.000 si l'on y rajoute les mini-croisières de week-ends organisées par la SNCM. Marseille espère continuer sur sa lancée en 1998.

«Notre présence au Sea Trade de Miami a été très positive, estime Jacques Truau, président du Club Croisières, également président de la Commission transports de la CCI. Nous devrions accueillir deux ou trois armateurs de plus en 1998, mais surtout voir progresser l'activité des compagnies fidélisées. L'Américain RCCL, par exemple, qui nous amène déjà près de 13.000 passagers, va doubler le nombre de ses escales en 1998...»

Un quart des passagers tête de ligne logent et mangent en ville

Or, la croisière peut générer une activité importante pour les professionnels du tourisme, dont les hôteliers et restaurateurs. D'autant plus qu'en 1996, 20% de cette activité était une activité "tête de ligne", la croisière commençant ou finissant à Marseille. En 1997, cette proportion passera à 38%, avec notamment l'arrivée de l'armement grec Festival Cruise.

«Or, souligne Dominique Vlasto, un quart des croisiéristes embarquant ou débarquant dans la ville tête de ligne y séjournent la veille au soir, y logeant et s'y restaurant notamment.»

Les escales de transit ont elles aussi un impact, moins fort certes, mais tout de même intéressant : deux passagers sur dix visitent la ville et y font du shopping, les autres restant à quai ou partant en excursion dans les alentours.

La CCI a d'ailleurs effectué une étude chiffrant de manière plus précise les retombées économiques de la croisière pour la ville. Elle les évalue à 46 MF pour l'année 1996, soit une dépense moyenne par croisiériste de 650 F dont 15% pour les séjours pré et post-croisières (près de 7 MF au total en 1996), 15% pour les excursions, 22% en shopping et menues dépenses. A cela s'ajoutent des retombées pour la réparation navale et un plus pour l'aéroport de Marseille-Provence (liaison avec l'Amérique du Nord plus régulière).

La CCI a également réalisé une analyse des retombées plus précises pour les voyagistes. A titre d'exemple, Feron Cruise and Travel, l'agence de voyages qui a conclu un contrat de tour-operating avec les trois principales compagnies faisant escale à Marseille, a emmené, en 1996, 26.000 passagers en transit en excursion en Provence.

«Nous sommes en train de procéder à une enquête pour appréhender également avec précision le nombre de nuitées générées à Marseille, ajoute Jacques Truau. Par ailleurs, la Maison du tourisme met en place une action pour proposer aux croisiéristes des "produits Provence" de quelques jours à coupler avec leur voyage en bateau. Nous ciblons avant tout les croisiéristes américains qui peuvent interrompre leur équipée maritime lors de leur escale à Marseille et reprendre le navire suivant.»

Une Charte d'accueil
des croisiéristes

Autre donnée à prendre en compte : les croisiéristes séjournent peu de temps dans la ville, mais peuvent être d'excellents ambassadeurs pour l'avenir.

D'où l'intérêt de les soigner et d'accroître encore leur degré de satisfaction. Dans ce but, le Club Croisières élabore une Charte des croisiéristes avec les commerçants et professionnels du centre-ville. Ces derniers s'engageront à faire un effort supplémentaire, tant dans le domaine de la qualité de l'accueil que des services offerts (change, détaxe, etc.), moyennant quoi ils apposeront dans leur vitrine un macaron spécifique. La liste des commerces adhérents sera publiée dans la documentation distribuée aux passagers des paquebots. A l'étude également avec les services de la préfecture : la possibilité d'autoriser un plus grand nombre de magasins à ouvrir le dimanche.

Marseille se prépare ainsi pour l'an 2000 : elle espère franchir alors le cap des 250.000 passagers.

L. Casagrande

Les «croisiéristes», une clientèle que Marseille compte «soigner».

UNE NOUVELLE GARE MARITIME POUR
LES PAQUEBOTS DE CROISIERES

L'an dernier, le port a consacré 4,5 millions à des travaux de rénovation et de signalétique du site portuaire. Cette année, un budget complémentaire permettra d'améliorer l'esthétique des bâtiments de la gare maritime accueillant actuellement les paquebots de croisières. Mais le vrai changement se manifestera à l'été 1998 avec la mise en service d'une nouvelle gare maritime, créée pour accueillir par tous temps les gros navires ; la gare actuelle continuant d'accueillir les petits paquebots. Le Conseil d'administration du port doit entériner d'ici peu la décision d'investir 20 millions pour cette fin. Le montage financier n'est pas achevé, mais les collectivités territoriales se sont d'ores et déjà engagées à participer au financement.

LE SERVICE TOURISME DE LA CCI PRIVÉ
DE CROISIERES ?

Parmi les éléments moteurs du Club Croisières figure la Chambre de commerce et d'industrie, au sein de laquelle sont représentés les professionnels. C'est même l'un de ses élus qui préside le Club. Mais pourquoi diable est-ce la Commission transports de la CCI qui suit le dossier et non la Commission tourisme ? Cela en interroge plus d'un. Réponse de la Chambre : parce que la Commission transports s'occupe également du transport maritime, ce qui inclut la navigation de croisières. Par ailleurs, le président de cette Commission est un représentant des professions maritimes (Jacques Truau est pilote du port), professions particulièrement impliquées dans l'activité croisières.



L'HÔTELLERIE n° 2506 Hebdo 17 avril 1997

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