Corinne Hacquemand : "Les élèves doivent dépasser le maître"

Toute jeune, Corinne Hacquemand visait "le luxe et l'excellence". C'est en feuilletant une brochure Onisep, alors qu'elle a 15 ans, qu'elle tombe sur une fiche sur la restauration de luxe. "J'ai tout de suite saisi cette idée au vol" et intégré le lycée hôtelier Hyacinthe Friant à Poligny. Par la suite, elle effectue de nombreux stages au sein de grands établissements jusqu'à "l'erreur d'aiguillage" : un poste d'adjointe de direction dans une cafétéria libre-service. Déception. "Très loin du luxe. En total décalage par rapport à mes rêves, j'avais dévié de mon objectif." C'est dans autre contexte professionnel que Corinne va le retrouver : l'enseignement. Un remplacement de trois mois dans un lycée professionnel lui parvient en 1989. Corinne Hacquemand découvre alors que, "finalement, l'enseignement [lui] plaît". À la rentrée suivante, c'est un poste de professeur de restaurant à Auxerre qui lui est présenté "et de là, une réorientation." S'enchaînent une licence en hôtellerie-restauration en 1991, le Capet en services et commercialisation en 1992 et la titularisation à Poligny.

Enseigner l'excellence

Dès son arrivée, elle cofonde l'association des anciens élèves du lycée hôtelier de Poligny (900 membres), rédige un ouvrage tiré des exercices d'entraînement fournis à ses élèves de BTS, et s'investit pédagogiquement : fête de la gastronomie en direction des collégiens, concours avec Denis Courtiade à destination des élèves, interventions de maîtres d'hôtel renommés au sein de l'établissement en association avec Ô service- des talents de demain... Pour offrir ce qui lui a un jour manqué ? "Oui c'est vrai, je regrette de ne pas avoir eu un mentor pendant mes années d'études. C'est important de transmettre ses valeurs, ses expériences."

De son histoire personnelle découle donc sa façon d'enseigner. Une pédagogie qu'elle veut différente. "Il m'arrive d'adapter des interrogations en fonction du profil de l'élève, pour ne pas le décourager. Aujourd'hui, les jeunes n'aiment plus être contraints et ne sont plus aussi battants que nous pouvions l'être." Mais elle ajoute immédiatement : "Ils peuvent aussi être impeccables et se comporter parfaitement." Le but avoué de Corinne Hacquemand ? "Que les élèves dépassent le maître, qu'ils aient de l'ambition dans cette branche. Il y a de beaux établissements, il faut qu'ils en soient conscients et visent haut." Le message est passé.