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du 28 février 2008
ÉDITO

On n'y comprend rien

Kafkaïen, ubuesque, surréaliste : comme nous sommes un peuple cultivé, intelligent, maniant l'art littéraire avec dextérité, nous restons polis face aux aberrations administratives. Car il y a largement de quoi sortir de ses gonds avec beaucoup plus de virulence qu'un président de la République face à un malotru dans les allées d'un salon.
De quoi s'agit-il ? De l'imbroglio juridico-administratif comme seuls nos bureaucrates ont le talent d'en créer à propos des salariés étrangers en situation irrégulière.
Reprenons les deux derniers cas connus de la profession : à la fin 2007, Buffalo Grill a bénéficié d'une relaxe à la suite d'une plainte de la CGT - toujours bien inspirée - pour emploi de travailleurs sans titre de séjour. Bien sûr, cameramen et photographes étaient en grand reportage pour dénoncer ces sales patrons exploiteurs d'une main-d'oeuvre corvéable en raison de sa situation irrégulière. Bref, de véritables 'Thénardiers' du XXIe siècle, cupides et sans pitié. Résultat : la relaxe pure et simple.
Même scénario, à peu de choses près, dans une grande brasserie parisienne, il y a quinze jours.
Et là, c'est la préfecture qui réglera la question après concertation avec l'employeur, en l'occurrence le groupe des Frères Costes.
Là encore, on a eu droit à un déchaînement médiatique savamment orchestré par les porte-voix d'agitateurs assez malins pour utiliser la naïveté des journalistes (Lénine disait "des idiots utiles").
Et comme le soulignait notre ancien Premier ministre, Dominique de Villepin, lors d'une récente interview : "Une mise en examen, c'est le gros titre en une, une relaxe, c'est au mieux une brève en dernière page."
Mais pour en revenir au fond de la question, il est temps de faire cesser cette incertitude juridique qui ne profite à personne : définir précisément les obligations de l'employeur en matière d'embauche des travailleurs étrangers
, statuer clairement sur la situation de salariés qui travaillent depuis plusieurs années, pour certains, sans autorisation de séjour, et arrêter l'hypocrisie qui consiste à percevoir impôts et cotisations sociales sur des salaires qui, par ailleurs, sont considérés comme clandestins.

En tout cas, il n'appartient certainement pas aux professionnels confrontés à la pénurie de main-d'oeuvre de se transformer en fonctionnaires de l'immigration (quel moyen autre que celui de l'interrogatoire de 'sale gueule' ?), ni en juge chargé de l'application d'une loi votée en juillet 2007, et dont les modalités d'application sont en attente…

L. H. zzz80

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L'Hôtellerie Restauration n° 3070 Hebdo 28 février 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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