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du 9 mars 2006
ÉDITO

Le ministre, le moustique et le poulet

Si le sujet n'était aussi grave, Rohmer aurait sans doute fait un film dont il a le secret avec ces trois éléments qui semblent aujourd'hui incontournables dans l'actualité : le difficile exercice de communication ministérielle face à deux fléaux qui semble se soucier des sondages d'opinion comme d'une guigne, le 'chikungunya' et la grippe aviaire. Il fallait s'y attendre : aux ravages bien réels de ces malédictions contemporaines s'ajoutent les erreurs de communication qui, elles, auraient probablement pu être évitées.

Commençons par la grippe aviaire qui succède à d'autres alertes alimentaires qui naguère ont également frappé l'opinion, la vache folle ou la tremblante du mouton, par exemple. Mêmes causes, mêmes effets : une chute accélérée de la consommation de produits pourtant réputés sains puisque proposés sous le contrôle de services de vigilance sanitaire particulièrement attentifs. Or, rien n'y fait, la désaffection des consommateurs pour les poulets, canards, pintades et autres, y compris le foie gras, repose essentiellement sur l'irrationalité de la communication. Et pour cause : voici un virus, le H5N1 que tout le monde connaît maintenant, qui n'a jamais tué quiconque en Occident depuis son apparition, et qui a provoqué, en 5 ans, moins d'une centaine de décès sur la planète dans des zones où malheureusement les conditions de vie ne sont guère comparables aux nôtres. À titre de comparaison, la grippe hivernale provoque chaque année près de 6 000 décès en France, sans faire l'ouverture du JT de 20 heures tous les soirs !

Pire encore, qu'avons-nous fait pour communiquer rationnellement face à ce sale moustique qui prolifère dans les Mascareignes ? On a pu lire, et c'était bien vu, une circulaire qui précise : "Nos chambres sont climatisées, ce qui minimise la présence de moustiques. Nous tenons à la disposition de nos clients des plaquettes antimoustiques, et durant les repas, des spirales antimoustiques et des torches diffusant de la citronnelle sont installées. Nos établissements utilisent dans les jardins des machines d'enfumage et de pulvérisation."

Mais c'est un texte de l'AHRIM, ce qui signifie Association des hôteliers et restaurateurs de… l'île Maurice.

Chez nous, on nous explique que le Premier ministre s'est fait piquer - la mauvaise bête qui ne respecte personne - avant de reprendre l'avion pour Paris. En plus, il a attrapé un lumbago au retour, ce qui incitera peut-être Air France à améliorer le confort de ses appareils.

Mais pour la communication sur le sujet, c'est pas gagné. Pauvres hôteliers réunionnais ! D'autant que l'argument lancé par l'agence de communication chargée du dossier, c'est de… déplorer que les Mauriciens fassent mieux le travail que nous. Enfin, que le contribuable se rassure : 76 ME vont être débloqués pour La Réunion. Pas sûr que le 'chikungunya' soit sensible à cet argument.
L. H.
zzz80

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L'Hôtellerie Restauration n° 2967 Hebdo 9 mars 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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